Pour une culture de la lecture
La valorisation de la lecture nécessite une prise de position claire et assumée. Au même titre que le sport et la santé, la lecture, essentielle à la compréhension du monde, doit être valorisée, non seulement dans les salles de classe et les familles, mais dans la culture d’un peuple aspirant à s’épanouir socialement.
Cet article propose un aperçu d’un entretien entre Julie Roberge, membre du comité de rédaction de la revue Pédagogie collégiale, et Charles Prémont, journaliste et auteur qui s’implique activement auprès de la fondation Lire pour réussir[i].
« Ma formation en anthropologie puis en ethnologie m’a amené à me poser des questions sur l’apport de la lecture dans la société; elle permet de développer sa capacité à apprendre, à mieux comprendre les enjeux sociaux et de la citoyenneté, tout comme elle permet de mieux comprendre toutes les sortes d’informations. »
- Charles Prémont, ethnologue, journaliste et auteur
Par où commencer?
Il faut d’abord valoriser l’acte de lire, non pas au moyen de l’écran, mais par l’objet du livre, les pages, le papier. « Le livre en papier permet cette reconnaissance facile […] » (Roberge, 2022, p. 43). Il faut aussi s’entourer de livres, voir les livres, à la télévision, dans l’espace public, s’inspirer des gens qui lisent au grand jour. Le livre ne doit pas devenir cet objet sacré que l’on se refuse de toucher. Il importe de le rendre accessible à la curiosité de l’enfant, de l’adolescent, de l’adulte qui, en attendant l’hôte, regarde intéressé la bibliothèque généreuse au salon ou la table servant de repos aux livres déjà entamés, un peu comme des appâts de culture laissés là au hasard.
Il ne faut surtout pas associer la lecture et la littérature à l’élitisme, mais plutôt entretenir le goût de lire, de discuter, partout et avec tout le monde (Roberge, 2022). Qu’il s’agisse de bandes dessinées, de romans d’aventure ou de science-fiction, l’amour de la lecture s’initie avec ce qui demeure accessible, en intérêt et en capacité, au lecteur novice qui apprend à aimer. Une vaste littérature suivra, comme le bon vin qui nécessite du temps pour apprécier la diversité de ses subtilités.
À l’école
La lecture ne doit pas être essentiellement associée à une tâche. C’est alors aux professeurs de littérature de sortir de leurs classiques et de faire un bout de chemin vers l’étudiant ou l’élève désintéressé. Proposer une littérature adéquate au non-lecteur demeure un début… Et donner du temps pour lire, pour apprécier sa lecture.
« J’aime beaucoup l’imposition des 15 minutes de lecture pour tous à l’école : profs, élèves, directeurs… Peu importe la discipline, toute l’école lit pendant 15 minutes, de telle heure à telle heure. Ça représente une expérience positive de lecture, ce que l’école offre trop peu. Les élèves choisissent leurs livres; ils ont droit à presque tout. »
- Charles Prémont, ethnologue, journaliste et auteur
Dans les écoles (primaires, secondaires) et au collégial, les budgets dédiés, la qualité des livres et des photocopies disponibles ainsi que l’âge des volumes proposés sont des facteurs associés au goût (ou non) de lire. En fait, il s’agit d’une question de ressources et de projet éducatif.
Parler de littératie au collégial
Selon la Fondation pour l’alphabétisation[1], 53,3 % des Québécois vivent des enjeux sévères de littératie [2] :
- 19 % oscillent entre le niveau -1 (méconnaissance du vocabulaire de base) et le niveau 1 (comprendre des textes courts présentant une seule information);
- 34,3 % se situent au niveau 2 (Faire le lien entre le texte et l’information, dans un texte avec deux informations ou plus).
Si le jeune adulte cesse de lire pendant ses études au collégial, le niveau qu’il a atteint à la fin de son secondaire s’effritera. Il est essentiel d’être attentif au développement de la littératie au collégial puisque l’alphabétisation demeure un vecteur de la pensée critique et politique. Multiplier, soupeser les sources, faire ses propres recherches et les appuyer, voilà des compétences nécessaires à la vie citoyenne.
Finalement…
« Savoir lire, permet de mieux dire. »
- Charles Prémont, ethnologue, journaliste et auteur
Il est important de considérer le fait que la lecture permet l’engagement social. Conséquemment, il faut voir au-delà de l’école et de la famille, puisque c’est avant tout un projet de société, soit l’émergence d’une culture de la lecture.
Pour lire l’entretient complet: Entretien avec Charles Prémont. Revue Pédagogie collégiale
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[1] https://fondationalphabetisation.org
[2] Ces statistiques proviennent du site Internet de la fondation pour l’alphabétisation et sont rapportés par Charles Prémont lors son entretien. Les derniers rapports statistiques publiés démontrent une légère amélioration du taux d’alphabétisation. En effet, le pourcentage d’individus de 16 à 65 ans ayant des enjeux de littératie serait passé de 53,2 % en 2012 à 46,7 % en 2020 (Projet AlphaRéussite 2 (FTQ) / Langlois, 2020).
[i] La fondation Lire pour réussir a pour objectif de favoriser la culture de la lecture auprès des adolescents et des adultes du Québec. Elle participe à la lutte au décrochage scolaire, encourage la prise de parole, l’expression, l’échange, le dialogue, en cherchant à développer l’esprit critique, l’ouverture au monde dans le respect et à promouvoir la richesse de la littérature québécoise.
Référence
Roberge, J. (2022). Entretien avec Charles Prémont. Revue Pédagogie collégiale, 35(2) 42-46.
Cet article est issu d’un partenariat avec la revue Pédagogie collégiale, produite et diffusée par l’Association québécoise de pédagogie collégiale (AQPC).
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