La colère de l’enfant et de l’adolescent
La colère est une émotion puissante qui peut être difficile à gérer, surtout chez les enfants et les adolescents. Savoir comprendre cette colère, écouter les besoins sous-jacents et trouver des moyens de la désamorcer est essentiel pour favoriser une communication saine et une relation harmonieuse. Dans cet article, nous explorerons le rôle des émotions pour mieux appréhender la colère chez les jeunes et trouver des solutions adaptées.
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Cet article présente différents contenus abordés dans la conférence de Benoît Hammarenger (Ph.D., neuropsychologue, auteur et directeur du CERC), ayant pour titre La colère de l’enfant et de l’adolescent : Savoir la comprendre, l’entendre, lui laisser une place et la désamorcer, présentée au 9e congrès biennal du Comité québécois pour les jeunes en difficulté de comportement (CQJDC).
Un cycle d’opposition
Le cycle de l’opposition, développé par Barkley, est un schéma courant dans les interactions parent-enfant. Il commence par une consigne du parent, suivie d’une argumentation de l’enfant, entraînant une escalade d’arguments qui aboutit souvent à des menaces. L’enfant s’oppose alors à la menace plutôt qu’à la demande initiale, ce qui conduit à l’application de la menace et à une explosion de colère. Une solution populaire consiste à mettre l’enfant en retrait, en lui accordant un temps de calme et de solitude, généralement une minute par année d’âge. En coupant les interactions et en arrêtant de répondre à l’enfant pendant ce temps, on réduit l’argumentation et on permet à la colère de s’apaiser.
Comprendre la colère
Il est important de comprendre que la colère est une émotion qui peut avoir des conséquences sur la santé physique et mentale. Des niveaux élevés de colère sont associés à des maladies chroniques, à la dépression et au désespoir. Il est donc crucial de trouver des moyens de gérer cette émotion pour prévenir ces problèmes de santé.
La colère est généralement déclenchée par des conditions sociales impliquant une menace ou une frustration. D’un point de vue évolutif, la colère survient lorsqu’il est difficile d’atteindre un objectif en raison d’une obstruction externe. La colère est alors en quelque sorte souhaitable, puisqu’elle fournit une énergie qui permet de mobiliser le corps et l’esprit afin de surmonter les obstacles et d’atteindre nos objectifs. Après une revue de la littérature, Benoît Hammarrenger (2022) répertorie en fait sept déclencheurs de la colère :
- La privation d’un plaisir, l’impossibilité de combler une envie, d’atteindre un but;
- La perception d’une injustice;
- Le rejet, l’exclusion sociale;
- La menace, le sentiment d’être attaqué (physiquement ou par des reproches);
- L’échec, l’humiliation, l’atteinte à l’estime de soi;
- L’anxiété, le stress;
- L’impression de ne pas être écouté, entendu, compris.
Lorsque nous devons faire face à la colère d’un enfant, il est crucial de reconsidérer notre interprétation de cette émotion. Il ne s’agit pas d’une attaque personnelle, mais plutôt d’une réaction à un facteur déclencheur. En réorganisant notre pensée et en validant les émotions de l’enfant, nous pouvons désamorcer la situation et l’aider à exprimer ses besoins de manière plus constructive.
Le rôle des émotions
La synchronie émotionnelle joue un rôle clé dans la gestion de la colère. En adoptant une approche empathique, en reformulant les problèmes exprimés par l’enfant et en fournissant une réponse rapide, nous pouvons apaiser la colère et créer un environnement propice à la résolution de problèmes. Il est essentiel de valider les émotions de l’enfant, de reconnaître son expérience comme réelle et valide, sans jugement. Cette validation permet de diminuer les affects négatifs et favorise un retour vers l’apaisement.
La courbe des émotions nous offre un modèle pour comprendre le processus émotionnel. Une pensée ou un événement déclencheur peut conduire à une phase d’excitation, pendant laquelle l’émotion monte rapidement pour atteindre un sommet d’intensité. Pendant cette phase, l’émotion envahit la logique et l’enfant n’est pas disponible pour entendre les arguments rationnels. Il est difficile pour le corps et l’esprit de soutenir une émotion à son pic d’intensité, alors celle-ci redescend rapidement pour perdurer, mais de moindre intensité. Au cours de cette phase, la logique redevient accessible. Finalement, le passage du temps mène à une phase d’apaisement.
La synchronie émotionnelle, c’est se mettre en harmonie avec l’enfant pour le suivre à travers les étapes de son émotion.
Lorsque la colère monte en phase d’excitation, il est important de la valider et de montrer notre compréhension de ce que l’enfant vit, de son déclencheur de colère.
Exemple : « Oh, mon grand, c’est vrai que c’est fâchant de ne pas pouvoir voir tes amis aujourd’hui. »
Lorsque l’émotion redescendra un peu, le parent pourra amener ses arguments rationnels et ses explications, qui débutent souvent par un « mais ».
Exemple : « Mais tu te rappelles, aujourd’hui, on a promis à grand-papa et grand-maman qu’on allait les visiter. »
En tant que parents, nous avons constaté que les conflits surviennent souvent dans des situations marquées par une forte émotion. Il est essentiel d’adopter une approche basée sur l’équipe plutôt que sur l’affrontement. En étant en synchronie avec l’enfant, en validant ses émotions, en l’écoutant activement et en l’impliquant dans la résolution des problèmes, nous pouvons favoriser une relation harmonieuse et éviter l’escalade des conflits.
Conclusion
En conclusion, il est essentiel de comprendre et de gérer la colère de l’enfant et de l’adolescent de manière appropriée. En reconnaissant les déclencheurs de la colère, en adoptant une approche empathique et en favorisant la synchronie émotionnelle, nous pouvons établir une communication plus efficace et une relation harmonieuse. La colère n’est pas une émotion à ignorer ou à réprimer, mais plutôt un signal que quelque chose ne va pas et que les besoins de l’enfant doivent être entendus. En validant ses émotions et en l’impliquant dans la résolution des problèmes, nous pouvons éviter les conflits inutiles et favoriser son développement émotionnel. En travaillant ensemble en tant qu’équipe, en privilégiant l’écoute, le respect mutuel et l’empathie, nous pouvons créer un environnement propice à l’épanouissement de l’enfant et à des relations saines.
Références
Hammarenger, B. (2023). La colère de l’enfant et de l’adolescent : Savoir la comprendre, l’entendre, lui laisser une place et la désamorcer.9e congrès biennal. Comité québécois pour les jeunes en difficulté de comportement (CQJDC).
Références complètes des schémas
- Hammarrenger, B (2016). L’opposition, ces enfants qui vous en font voir de toutes les couleurs, 2e éd. Éditions Midi Trente. 232 p.
- Hammarrenger, B (2022). De l’opposition à la communication. Éditions Midi Trente. 200 p.
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