Favoriser une intégration positive des étudiants internationaux en milieu universitaire
Au Québec, le nombre d’étudiants internationaux (ÉI) a presque doublé (45,2 %) depuis 2010 (Statistique Canada, 2019). Quels sont les programmes offerts ou les actions mises en place afin de faciliter leur intégration dans leur université et leur milieu d’accueil? Comment ces étudiants étrangers interagissent-ils avec les acteurs locaux? Ce rapport de recherche souligne les facteurs favorisant et défavorisant la resocialisation universitaire et citadine des étudiants internationaux.
Cette recherche exploratoire tente de décrire l’expérience d’étudiants internationaux dans le réseau universitaire francophone au Québec (réseau UQ). De ces entretiens, les chercheurs ont distillé les facteurs favorisant et défavorisant la resocialisation des étudiants internationaux selon six thématiques clés de leur parcours scolaire : la rentrée universitaire, les activités pédagogiques menées en classe, les interactions et la communication administrative, la vie à l’extérieur du campus, l’épuisement et le stress ainsi que le reste de l’année universitaire.
La rentrée universitaire
Les activités de la rentrée ayant pour objectif l’accueil des nouveaux étudiants sont très appréciées par les étudiants internationaux. Elles favorisent une intégration à la vie universitaire plus rapide et plus harmonieuse (limitant les embûches bureaucratiques).
Les activités pédagogiques
Généralement, les étudiants internationaux apprécient la pédagogie ouverte et participative utilisée par les professeurs québécois. Certains déplorent les travaux d’équipe puisqu’il y a des barrières de langue et des enjeux d’intégration entre les étudiants internationaux et les étudiants locaux. Par ailleurs, « les anxiétés de performance sont fortes chez les ÉI alors que les règles et les méthodes d’évaluation permettent peu de marge de manœuvre » (Bérubé et al., 2021, p. 163).
Les interactions et la communication
Plusieurs étudiants internationaux soulignent la difficulté de l’intégration sociale dans le contexte universitaire. En outre, « les ÉI déplorent que les ÉL n’entretiennent pas de relations avec eux·elles à l’extérieur des cours et du campus. Ils·elles qualifient ces relations de distantes, ponctuelles et relatives qu’aux études » (Ibid., p. 164). Plusieurs étudiants internationaux évoquent des expériences de racisme et de repli communautaire ainsi que d’isolation.
La vie à l’extérieur du campus
Généralement, les étudiants étrangers apprécient le tourisme en région québécoise. Ils soulignent toutefois la difficulté de la cohabitation, les « expériences de stigmatisation et de racisme » (Ibid., p. 164) et les embûches pour trouver un emploi ou un stage lors de leur séjour universitaire.
L’épuisement et le stress
La difficulté de se trouver un emploi mène à des problèmes financiers et ces étudiants déplorent le rythme de vie frénétique et individualiste au Canada. Plusieurs étudiants ressentent de la solitude, de l’ennui ou de la dépression.
Le reste de l’année universitaire
Les étudiants internationaux « ont une haute estime du personnel des différents services sur le campus alors qu’ils considèrent ces personnes dévouées » (Ibid., p. 165). Toutefois, ils soulignent le manque de suivi, outre la semaine d’intégration en début de parcours.
Conclusion
Dans cette étude exploratoire, les chercheurs dressent un portrait des expériences des étudiants internationaux du réseau universitaire francophone québécois. Ces retours d’expériences peuvent alimenter les services offerts à ceux-ci afin de favoriser une intégration positive au milieu universitaire et citadin.
Référence
Bérubé, F., Bourassa-Dansereau, C., Frozzini. J., Gélinas-Proulx, A. et Rugora, J.-M. (2021). Les étudiant·e·s internationaux·ales dans le réseau des universités du Québec : Pour une meilleure connaissance des interactions en contexte culturel. https://constellation.uqac.ca/7827/1/2_rapport-oi-final.pdf
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