Comment favoriser l’efficacité du tutorat ?

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Mis à jour le 09 Avr 2024

Le tutorat fait partie des mesures phares mises en œuvre par plusieurs gouvernements, dont celui du Québec, pour contrer les effets négatifs de la pandémie et, plus récemment, favoriser le rattrapage à la suite des grèves enseignantes de fin d’année (Papi, 2024). Cependant, alors que l’étiquette « tutorat » est collée sur des dispositifs variés, il convient d’être vigilant. En effet, tous les dispositifs de tutorat ne se valent pas.

Source de l’image : Shutterstock

Pourquoi le choix du tutorat ?

Bien qu’il existe divers dispositifs susceptibles de soutenir les élèves dans leurs apprentissages, c’est le tutorat qui a été mis de l’avant. La raison est simple, le tutorat est identifié comme le dispositif de soutien donnant les meilleurs résultats, que les élèves aient des difficultés aussi bien en lecture qu’en mathématiques (Slavin, 2021). Autrement dit, de nombreuses recherches de terrain et métanalyses font ressortir les bienfaits du tutorat sur l’apprentissage, mais aussi sur le soutien socioaffectif prodigué par cet accompagnement de telle sorte qu’il n’est plus nécessaire de démontrer ses vertus, mais plutôt de prendre en compte les paramètres permettant son optimisation.

Quels paramètres ou critères respecter ?

Les recherches dans le domaine font ressortir que c’est le tutorat intensif qui donne les meilleurs résultats (Robinson et al., 2021). Celui-ci se caractérise principalement par :

  • le choix du tuteur: les professionnels et professionnelles de l’éducation sont évidemment un premier choix, mais d’autres acteurs peuvent également réaliser un bon tutorat à condition d’être accompagnés. Par exemple, si des étudiants et des étudiantes sont embauchés pour faire du tutorat, il convient de les former et d’assurer leur contact avec les professionnels et professionnelles de l’éducation, voire la famille des élèves qu’ils tutorent pour qu’ils sachent ce qui a été vu en classe et quelles sont les notions à travailler ou difficultés rencontrées, sans quoi le tutorat tend à se transformer en aide aux devoirs.
  • le nombre des élèves: le tuteur ou la tutrice peut accompagner de 1 à 3, voire 4 élèves, pas davantage. Par ailleurs, dans le cas de petits groupes de tutorat, il convient de prêter attention au niveau des élèves, car il peut être difficile pour le tuteur ou la tutrice d’aider simultanément des élèves aux lacunes et aux difficultés très différentes.
  • la fréquence des séances: il est estimé qu’au moins trois séances de tutorat hebdomadaires sont à réaliser, pendant plusieurs semaines consécutives, pour que les effets soient optimaux.
  • la durée et le moment des séances: une séance de tutorat dure généralement environ 45 à 60 minutes, mais la durée peut varier selon l’âge des élèves, le temps de concentration des plus jeunes étant moindre relativement à celui des plus âgés. Les séances ont idéalement lieu pendant que l’élève est à l’école.
  • la relation et les outils : le tutorat est un soutien personnalisé. Le tuteur ou la tutrice doit se montrer à l’écoute du tutoré ou de la tutorée et s’adapter à ses difficultés et à son rythme. Il est amené à choisir ou à créer des ressources pédagogiques de qualité et à se doter d’outils permettant de suivre les progrès de l’apprenant ou de l’apprenante.

Des changements à apporter ?

Selon ces critères, nous avons défini le tutorat comme un accompagnement personnalisé et régulier, individuel ou en petit groupe, visant à faciliter l’apprentissage. Si la plupart des établissements scolaires ont mis en place ou élargi des dispositifs de soutien à la suite de l’instauration de la mesure tutorale en 2021, force est de constater que les conceptions du tutorat sont variées tout comme les dispositifs proposés. Le fait de ne pas répondre à l’ensemble de ces critères ne signifie évidemment pas que le soutien offert n’est pas de qualité, mais dans la mesure où certains élèves n’ont pas encore rattrapé les pertes d’apprentissage causées par la crise sanitaire et où certains ont vécu une nouvelle interruption de scolarité cet hiver, il semble pertinent de chercher à prendre en compte le plus possible les résultats des recherches dans ce domaine.

Pour en savoir plus

Papi, C. (2024). Favoriser l’apprentissage et le bien-être tout au long de l’année. Tutorat et autres dispositifs d’accompagnement. Québec : Presses universitaires du Québec. https://r-libre.teluq.ca/3231/

Références

Papi, C. (2024). Retour à l’école : le tutorat, une des solutions au rattrapage scolaire. The conversation. Repéré à https://theconversation.com/retour-a-lecole-le-tutorat-une-des-solutions-au-rattrapage-scolaire-220645

Slavin, Robert. (2021). Highlight tutoring among post-covid solutions. Blogue. Repéré à https://robertslavinsblog.wordpress.com/2021/01/28/highlight-tutoring-among-post-covid-solutions/

Robinson, C., Kraft, M., Loeb, S. & Schueler, B. (2021). Design principles for accelerating student learning with high-impact tutoring. EdResearch for Action. Repéré à https://annenberg.brown.edu/sites/default/files/EdResearch_for_Recovery_Design_Principles_1.pdf

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