Le sentiment d’efficacité personnelle concernant la gestion des comportements difficiles en classe : portrait des enseignants québécois
Voici le neuvième article lié au projet de publication financé par le Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC). Ce projet vise à publier une série d’articles sur les résultats de la recherche Portrait des pratiques éducatives utilisées pour les élèves présentant des troubles du comportement et conditions de mise en place.
Lien vers le rapport scientifique remis au FRQSC
par Nancy Gaudreau, Université Laval;
Line Massé, UQTR;
Marie-France‑Nadeau, Université de Sherbrooke;
Claudia Verret, UQAM.
Reconnue comme l’un des facteurs qui influencent le plus l’apprentissage et la motivation des élèves, la gestion de la classe représente un défi pour plusieurs enseignants (Prior, 2014). Plus particulièrement, la gestion des comportements difficiles en classe constitue une grande source de stress (Fernet et al., 2012 ; McCormick et Barnett, 2011) qui peut mener à l’épuisement professionnel des enseignants (Alvarez, 2007), voire à l’abandon de la profession (Tsouloupas et al., 2010). Considérant l’influence du sentiment d’efficacité personnelle (SEP) des enseignants sur la réussite des élèves de tous les niveaux scolaires (Zee et Koomen, 2016) et sur la qualité de l’éducation inclusive (Sharma et al., 2012; Subban et al., 2018), il s’avère pertinent de s’interroger sur le SEP des enseignants québécois en matière de gestion des comportements difficiles en classe.
Dans le cadre de cette recherche, le SEP réfère à la perception qu’ont les enseignants de leur capacité à gérer efficacement la classe en présence d’élèves présentant des comportements difficiles et au sentiment d’être en mesure d’obtenir les résultats escomptés. L’étude dont il est question dans cet article visait deux objectifs :
- Dresser un portrait du SEP d’enseignants québécois concernant la gestion des comportements difficiles des élèves;
- Vérifier la présence non seulement de différences selon certaines variables sociodémographiques, mais aussi de liens entre le SEP et les besoins de formation du personnel enseignant.
Pour ce faire, on a demandé à 2 086 enseignants (8,7 % du préscolaire, 48,7 % du primaire et 42,6 % du secondaire) de remplir l’Échelle d’auto-efficacité en gestion de classe (Gaudreau et al., 2015)[1].
Les résultats obtenus montrent la présence de différences significatives entre les enseignants selon leur âge, leur genre, leurs années d’expérience en enseignement, le niveau scolaire et leur champ d’enseignement. En voici les grandes lignes :
- Les enseignants âgés de moins de 30 ans affichent un SEP plus faible que celui de leurs pairs plus âgés. En cohérence avec ce résultat, plus ils avancent dans leur carrière, plus leur SEP a tendance à être élevé, les enseignants cumulant plus de 19 années d’expérience ayant le SEP le plus élevé.
- Contrairement aux autres points relatifs à la gestion de classe, les hommes présentent un SEP à gérer les comportements difficiles des élèves plus fort que celui des femmes.
- Parmi l’ensemble des enseignants, ceux du 3e cycle du primaire présentent le SEP le plus élevé, tandis que ceux du 1er cycle du secondaire affichent celui le plus bas.
- Les enseignants en l’adaptation scolaire sont ceux qui présentent le SEP le plus élevé, tandis que ceux en arts présentent le SEP le plus bas.
Ces résultats confirment la présence de liens entre le SEP des enseignants et leurs besoins en formation et en accompagnement pour favoriser l’inclusion des élèves qui présentent des comportements difficiles en classe. Ils soulignent donc l’importance de satisfaire ces besoins et de leur offrir les services d’accompagnement qui leur permettraient de faciliter l’éducation inclusive de ces élèves. De fait, on a remarqué que plus les enseignants cumulent d’heures de formation pour enseigner aux élèves en difficulté de comportement, plus leur SEP est élevé et moins ils ressentent le besoin de recevoir de la formation supplémentaire, ou du soutien additionnel dans leur classe. La formation continue semble donc être une piste d’action à privilégier pour aider les enseignants à mieux vivre avec la gestion des comportements difficiles en classe.
Références
Gaudreau, N., Nadeau, M.-F., Verret, C. et Massé, L. (2017, 19 mai). Le sentiment d’efficacité personnelle à gérer la classe : portrait des enseignants québécois. Communication présentée au 4e colloque international en éducation du CRIFPE : enjeux actuels et futurs de la formation et de la profession enseignante, Montréal, Canada. Repéré à www.frqsc.gouv.qc.ca/documents/11326/2801941/PRS_rapport_L.Masse_troubles-comportement.pdf/c3885d6c-c342-4cb0-af23-14c3de0d803f
Massé, L., Verret, C., Gaudreau, N. et Nadeau, M.-F. (2018). Portrait des pratiques éducatives utilisées pour les élèves présentant des troubles du comportement et conditions de mise en place. (Rapport de recherche – Programme Actions concertées). Repéré à www.frqsc.gouv.qc.ca/partenariat/nos-resultats-de-recherche/histoire?id=j4pt0svj1535051108707
[1] Ce résumé porte toutefois sur une seule des cinq dimensions de la gestion de classe étudiées dans le cadre de cette recherche.
Liens vers les autres articles de la recherche
Article 4 : Quelles sont les pratiques enseignantes pour gérer les comportements difficiles au secondaire?
Article 5 : Quelles pratiques de gestion des comportements les futurs enseignants utilisent‑ils pendant leur formation?
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