Prévenir la violence à l’école et le décrochage

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Mis à jour le 04 Mar 2022

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Rosalie Poulin, doctorante en psychopédagogie et Claire Beaumont, chercheuse spécialiste de la violence en milieu scolaire, cosignent l’article de notre dossier vedette de la rentrée. Elles nous livrent une synthèse des plus récentes recherches menées sur la violence et le décrochage en ciblant des interventions à privilégier pour faire de la classe et de l’école des milieux propices à l’épanouissement et à la réussite des élèves.

Prévenir la violence à l’école et le décrochage du même coup!

par Rosalie Poulin, doctorante en psychopédagogie et Claire Beaumont, Ph.D Professeure-chercheure Université Laval, Québec

La violence a pris une place importante dans les débats collectifs alors que les événements de violence qui surviennent en milieu scolaire sont largement médiatisés. La société québécoise, de plus en plus consciente des conséquences, cherche des moyens concrets pour agir dans l’intérêt des élèves et de tous ceux qui évoluent en milieu scolaire.

C’est ainsi que le Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) a mis en place en 2008 un plan d’action visant à prévenir le phénomène dans les écoles. Tout récemment, un projet de loi a aussi été voté, obligeant les adultes évoluant en milieu scolaire à agir concrètement contre cette violence. Cette nouvelle loi demande notamment aux établissements scolaires de déposer un plan de lutte contre l’intimidation et la violence dans leur milieu intégrant les mesures de prévention, de suivi et d’encadrement pour faire face au phénomène. Par ailleurs, l’Université Laval, en partenariat avec le MELS, a inauguré en juin 2012 une toute nouvelle Chaire de recherche sur la sécurité et la violence en milieu éducatif qui visera notamment à mieux suivre le phénomène au fil des ans et à accroître les connaissances pour orienter les interventions.

À ce jour, certaines recherches ont cependant permis de faire ressortir des éléments de réflexion pouvant orienter des interventions efficaces pour prévenir la violence et favoriser la réussite scolaire des élèves.

Être victime de violence à l’école : un obstacle à la réussite et à la persévérance scolaires

Les adolescents victimes de violence par leurs pairs en milieu scolaire éprouvent différents problèmes au niveau social et psychologique (baisse d’estime de soi, solitude, dépression) pouvant mener aux idées suicidaires et au passage à l’acte. Il est possible que les victimes de violence éprouvent une baisse de motivation scolaire, des problèmes de mémoire et de distraction pouvant causer des difficultés d’apprentissage et même des échecs scolaires. Par ailleurs, la peur extrême de fréquenter l’école peut être la source d’un désengagement face au milieu scolaire allant jusqu’à l’absentéisme chronique. Ces élèves victimes de violence doivent alors continuer leur scolarisation en faisant face à de sérieux obstacles qui risquent d’affecter leur réussite et leur persévérance scolaires, influençant leurs chances d’accéder à un diplôme. Certains d’entre eux sont en effet susceptibles de décrocher du système scolaire puisque l’expérience scolaire devient alors trop pénible. C’est pourquoi il est nécessaire d’agir en amont afin de prévenir les échecs répétés et le décrochage scolaire non seulement pour ces élèves qui sont victimes à répétition de la violence de leurs pairs, mais aussi pour favoriser l’adaptation scolaire et sociale de tous les jeunes qui fréquentent les établissements d’enseignement.

Agir sur le climat scolaire pour prévenir la violence et le décrochage scolaires

Puisque les victimes de violence à l’école sont plus à risque d’abandonner leurs études avant l’obtention d’un diplôme, des efforts constants doivent être faits pour agir en prévention et créer des environnements d’apprentissage sécuritaires et stimulants. De plus, comprendre les facteurs pouvant influencer le niveau de violence dans les milieux éducatifs peut permettre de mieux planifier les interventions.

Parmi ces facteurs, la qualité du climat scolaire d’un établissement a été reconnue par plusieurs chercheurs comme ayant une influence importante sur le niveau de violence et la réussite scolaire des élèves. Par définition, le climat scolaire fait référence à la qualité des relations interpersonnelles dans le milieu (entre adultes, entre élèves et entre élèves et adultes) de même qu’à la qualité de l’environnement physique et organisationnel. La participation et la collaboration de tous dans la vie de l’école, ainsi que le partage de buts, croyances et valeurs favorisent aussi grandement le développement du sentiment de sécurité et de justice qui règne au sein de l’établissement.

Certains éléments du climat scolaire contribuent à prévenir la violence alors que d’autres préviennent le décrochage scolaire. Toutefois, il existe des facteurs de prévention communs à ces deux problématiques tels que l’établissement d’une relation enseignant-élève positive, des interventions justes et équitables envers tous, des activités qui invitent la participation à la vie scolaire et la collaboration entre élèves, un encadrement sécurisant qui fournit un milieu sécuritaire et l’importance accordée à la propreté et au respect des lieux physiques.

S’inspirer de ces éléments du climat scolaire pour orienter les interventions constitue une force d’action plus efficace et un moindre effort d’intervention si on vise à créer un environnement non violent et à diminuer du même coup les risques de décrochage scolaire dans un établissement. En contexte scolaire actuel où les ressources sont limitées, il faut donc miser sur des interventions qui ont le potentiel d’atteindre plus d’un objectif à la fois. Par ailleurs, certains principes d’action peuvent être mis de l’avant en s’inspirant des résultats de la recherche qui soutiennent l’importance de miser sur la qualité du climat scolaire afin de diminuer les obstacles à la sécurité des élèves et d’optimiser leurs chances de réussite scolaire et de diplomation.

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À savoir sur la cyberintimidation, la violence et l’intimidation à l’école

La violence à l’école : ça vaut le coup d’agir ensemble! (MELS)
« Le Ministère désire que la population ainsi que le milieu scolaire soient mieux outillés pour comprendre le phénomène de la violence, en détecter les manifestations et intervenir efficacement. »

[Aller au site]

Cyberintimidation : ce qui cause le plus d’angoisse (RIRE)
« Des chercheurs de l’Université Bielefeld ont découvert que les jeunes victimes de cyberintimidation souffrent le plus lorsqu’ils sont l’objet de diffusion de matériel photographique. Cette étude a été réalisée auprès de 1 881 jeunes élèves d’Allemagne par l’intermédiaire d’un questionnaire en ligne. »

[Lire l’article]

Intimidation et cyberintimidation : deux problèmes différents (RIRE)
« Les écoles tentent par plusieurs moyens de combattre le fléau de l’intimidation entre leurs murs. Mais qu’en est-il de la cyberintimidation ? Une recherche de l’Université de la Colombie-Britannique s’est intéressée à la comparaison entre l’intimidation traditionnelle et celle ayant cours dans le cyberespace. Il semblerait que les deux problèmes représentent des dynamiques différentes et que chacun d’eux nécessite une intervention spécifique adaptée. »

[Lire l’article]

La cyberintimidation (RIRE)
Vous trouverez dans ce dossier des résultats de recherche sur cette forme d’agression, ainsi que des outils pédagogiques pour sensibiliser les jeunes à ses différents impacts.

[Consulter le dossier]

Breaking bullying behaviour (University of Alberta)
« An educational program designed to rid schools of bullying behaviour directed at students who stutter is proving effective at changing attitudes in the classroom, according to research from the University of Alberta. »

[Lire l’article]

Prévenir les violences à l’école: quelle place pour les pratiques d’enseignement (Observatoire canadien pour la prévention de la violence à l’école)
« L’objet de cette contribution est de s’interroger sur les relations éventuelles entre
pratiques d’enseignement et phénomènes de violence en milieu scolaire, dans l’optique de
dégager des pistes de prévention possibles. »

[Télécharger l’article (PDF)]

La prévention et la lutte contre la violence (Éducation nationale de France)
Dossier du ministère français de l’Éducation qui présente « des mesures pour faire reculer la violence en milieu scolaire ».

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  • Bonjour,

    Mes expériences personnelles et mes décrochages répétitifs m’ont amenés à réfléchir très sérieusement sur le système scolaire et ces diagnostiques. Après avoir subi tout les préjugés et aléas des collègues et administrations. Après tout cela et bien honnêtement parce que je ne vois pas la fin de mes études dans un tel contexte. Je tiens à vous faire part d’une de mes réflexions par rapport à l’organisation d’une discussion d’une classe d’une école et pourquoi pas d’une commission scolaire. Ce que je propose c’est une vision d’avenir universelle à tout les domaines mais surtout à tout enfant. J’ai pensé à S.E.É.? Santé Environnement, Éducation… Je crois qu’en valorisant les liens nécessaires et proportionnels entre ces trois piliers, nous réussirions à combattre cette acrasie qui est devenue la marque de commerce des « jeunes ». L’idée est d’iintroduire une contrainte nécessaire pour une réflexion durable. Les trois piliers sont pour moi, les conditions nécessaires minimales à faire pousser une fleur ou une idée ou un projet pour une croissance durable. Impliquer ainsi les trois piliers dans les interventions ou les plan de cours aurait, selon moi, l’effet de « faire bouger » l’esprit de tous vers des solutions complémentaires de réussites. Indépendamment des modes et des vagues technologiques car celles-ci sont souvent plus proche des lobbies que des intérêts réels à la réussite scolaire. Je ne voudrais dévaloriser ces domaines technologiques mais une meilleure utilisation de la technologie et des spécialités déjà présente me semble plus sage et économique dans notre contexte québécois. Ainsi donc, un enfant vivant une situation difficile ou périlleuse et, indépendamment de son sexe, pourrait trouver des ressources ou des solutions nouvelles. Je prends l’exemple du harcèlement trop souvent minimisé. La prémisse de l’intervention c’est d’impliquer les trois piliers dans la solution d’intervention proposée. Ainsi, la problématique porterais en elle une partie de la solution, ce qui a déjà cours en santé lorsque les médecins invitent les patients à se responsabiliser face à leur problématique. Deuxièmement, l’intervention préconiserait une utilisation proportionnelle dans les deux autres secteur. Ce qui éviterait les « cerveau dans des cuves » ou le protectionnisme. Penser que les actions peuvent se produirent à d’autres niveaux. Reprenons l’exemple du harcèlement… Ultimement, il devra changer de milieu (environnement) ou changer son environnement. Par le fait même, il apprendra et donc le dernier pilier est ainsi utilisé. Donc, une solution durable dans une problématique de harcèlement à l’école devrait impliquer la santé mentale de l’individu mais aussi celle des harceleurs, l’environnement (l’école pour l’exemple) donc la direction, les enseignants et les étudiant et parents… Finalement, tous apprenderaient en même temps pour tout le temps. Je sais que l’idée est difficile à décrire mais si vous avez des exemples plus précis je pourrais trouver des solutions plus précises. C’est adaptatif et doit donc partir de la réalité pour s’exercer. C’est une philosophie que j’ai poussé, bien inutilement jusqu’à présent, dans différents domaines. Mes plus grands obstacles jusqu’à présent ont été l’individualisme, la surspécialisation et la prolifération des experts et l’imparable déresponsabilisation syndicale.

    Gaëtan-Daniel Drolet