Perceptions de discrimination et aspirations scolaires de jeunes élèves québécois
Cet article brosse un portrait des différents profils d’élèves qui perçoivent ou anticipent de la discrimination. Il témoigne également de l’existence d’une relation entre les perceptions de discrimination et les aspirations scolaires de jeunes élèves québécois.
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Texte rédigé à partir des contenus de la conférence-midi Les perceptions de discrimination et aspirations relatives à la carrière des jeunes élèves Québécois issus de l’immigration offerte par la Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec – Volet Éducation, Citoyenneté et culture et présentée par Sabruna Dorceus, professeure au Département d’orientation professionnelle de l’Université de Sherbrooke, conseillère en orientation et directrice du Groupe de recherche sur le développement de carrière (GRDC).
Une enquête menée auprès d’élèves d’écoles secondaires francophones québécoises examine la relation entre les perceptions de discrimination et les aspirations scolaires et professionnelles. Elle vise à comparer la fréquence des perceptions de discrimination selon le statut de minorité visible et le statut d’immigration. Elle examine aussi des profils d’élèves selon leurs perceptions de discrimination. Enfin, l’étude cherche à illustrer si les discriminations perçues par les élèves peuvent atténuer leurs aspirations scolaires réalistes.
Échantillon d’élèves (n = 756)
- 72 % issus de minorités visibles
- 38 % nés hors Canada
- 16 % issus de la diversité sexuelle (p. ex. : queer, lesbienne)
- 4 % en situation de handicap
- 2 % issus de la diversité de genre (p. ex. : non-binaire)
- 2 % personnes autochtones
Perceptions de discrimination
Selon l’échelle utilisée dans l’étude, les perceptions de discrimination peuvent prendre différentes formes. On distingue la discrimination subtile (ou microagressions) de la discrimination manifeste, qui est plus flagrante.
Les différentes formes de discrimination
Perceptions de discrimination et différences sociodémographiques
Selon les résultats de l’enquête, les élèves issus de minorités visibles perçoivent de manière plus fréquente certaines formes de discriminations (invalidations environnementales, présomptions d’infériorité, présomptions de criminalité, exclusion et injustice).
L’ensemble des élèves ayant participé à l’enquête ont ensuite été regroupés en fonction de la fréquence de leurs perceptions de discrimination à l’aide de différentes échelles, dont une échelle de microagression générale et des sous-échelles de discrimination subtile (p. ex. : invalidations environnementales) ou manifeste (p. ex. : menace et agression). Trois profils distincts ont été identifiés. Ces profils ne se démarquent pas tant sur le plan de la fréquence des formes spécifiques de discrimination subtile. Ils se démarquent surtout en termes de fréquence des formes spécifiques de discrimination manifeste et de l’accumulation des microagressions (microagression générale) :
- Profil 1: La fréquence de perceptions de discrimination est relativement faible par rapport à la moyenne.
- Profil 2: La fréquence de perceptions de discrimination est relativement modérée par rapport à la moyenne.
- Profil 3 : La fréquence de perceptions de discrimination est relativement élevée par rapport à la moyenne.
En associant les caractéristiques des élèves de l’échantillon aux trois profils, les résultats de l’étude suggèrent que certains groupes sont plus susceptibles de percevoir de la discrimination.
Groupes plus susceptibles de percevoir de la discrimination
- Femmes
- Personnes autochtones
- Personnes issues de minorités visibles
Perceptions limitantes relatives à la carrière
L’étude a aussi démontré que beaucoup d’élèves issus de l’immigration (près de 40 % des élèves soit issus de minorités visibles, soit nés hors Canada) anticipent de la discrimination sur le marché du travail. Toutefois, il existerait des différences significatives quant aux perceptions limitantes relatives à la carrière. Par exemple, il semblerait que les jeunes issus de minorités visibles perçoivent pouvoir être confrontés à plus de limitations liées à la carrière que les jeunes non issus de cette catégorie.
Aspirations scolaires réalistes : le plus haut niveau de diplôme atteignable
Un lien peut également être établi entre les perceptions de discrimination et le plus haut niveau de diplôme perçu par les élèves comme étant atteignable. En effet, les aspirations scolaires réalistes des élèves semblent assez élevées, sans différence significative pour une catégorie d’élèves en particulier (p. ex. : issus de minorités visibles ou non, nés hors Canada ou non). Dans chaque groupe, près de 30 % des jeunes aspirent au doctorat.
De manière générale, plus les élèves perçoivent certaines formes de discrimination manifeste (menace, stigmatisation), plus ils sont susceptibles de viser des diplômes qui demandent moins d’années de scolarité. Toutefois, on observe un effet inverse pour certaines formes de discrimination pouvant s’expliquer par l’utilisation d’une stratégie compensatoire. Par exemple, plus les jeunes perçoivent de l’exclusion et de l’injustice, plus ils sont susceptibles de viser des diplômes demandant plus d’années de scolarité. D’autres analyses sont prévues pour tenir compte du niveau de scolarité des parents.
Implications pour la pratique
En nous intéressant aux perceptions de discrimination et aux aspirations scolaires des jeunes, notamment ceux issus de minorités visibles, il est possible de faire ressortir des pistes d’action à considérer afin de favoriser des pratiques et des milieux scolaires inclusifs.
Référence
Dorceus, S. (2024). Les perceptions de discrimination et aspirations relatives à la carrière des jeunes élèves Québécois issus de l’immigration. Conférence-midi. Chaire-Réseau de recherche sur la jeunesse du Québec – Volet Éducation, Citoyenneté et culture. Repéré à https://chairejeunesse.ca/activites/conference-midi-perceptions-discrimination-aspirations-carriere-immigration/
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