Modifier les apprentissages au 21e siècle

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Mis à jour le 25 Juin 2018

Source de l’image : Shutterstock jamesteohart

En 2015, l’UNESCO a effectué trois études sur l’apprentissage au 21siècle. Basée sur une revue exhaustive de la littérature scientifique, la première de ces études porte sur les raisons pour lesquelles une réforme de l’enseignement et du contenu enseigné serait souhaitable. Voici ce qu’on peut en retenir.

par Anne-Marie Grondin

Dans l’étude qu’elle a rédigée, Cynthia Luna Scott insiste sur le fait qu’on doit redéfinir la finalité de l’école afin de mieux adapter les compétences à évaluer et les méthodes à utiliser. Les trois questions suivantes servent de base à sa réflexion :

  1. Quelle est l’ampleur réelle des acquisitions des élèves à l’école?
  2. De quelles informations et compétences auront-ils besoin pour réussir dans la vie?
  3. Comment peut-on accroître leurs acquis?

[Intégrer les compétences du 21e siècle dans l’enseignement des sciences et de la technologie]

Les étudiants à risque d’abandonner l’école sont souvent ceux qui ne s’engagent pas activement en classe, qui ont une mauvaise image du système scolaire et qui s’absentent souvent. En laissant tomber leurs études, ils augmentent leurs risques de rester sans emploi et sans logement, et de dépendre de l’aide publique. Un des principaux facteurs qui mènent au décrochage scolaire est la difficulté des élèves à comprendre l’utilité de l’école et à se servir de leurs acquis dans la vie quotidienne. Cette problématique est particulièrement présente sur le marché du travail, où beaucoup de nouveaux employés souffrent d’un manque de compétences pertinentes.

[(A)motivé à apprendre!]

Les études qui portent sur l’éducation et les modes d’apprentissage ont beaucoup évolué au cours des 20 dernières années. Pourtant, les écoles ont gardé leur caractère traditionnel et ne sont pas adaptées à la réalité d’aujourd’hui. Or, elles doivent s’y adapter, principalement pour trois raisons.

Premièrement, le monde est de plus en plus interconnecté et complexe. Le milieu de l’éducation doit en tenir compte, et les élèves doivent apprendre dès maintenant à user de leur créativité afin de trouver des solutions aux problèmes mondiaux, notamment en osant sortir des normes établies. Ceci, pour les préparer au monde du travail. Quand ils travailleront, ils devront en effet s’adapter continuellement aux nouveaux défis qui se présenteront à eux. Or, selon certains chercheurs, la meilleure préparation au monde du travail serait un apprentissage scolaire autodirigé et personnalisé. Ainsi, l’accent devrait être mis sur l’apprentissage en soi et non sur l’enseignement. Autrement dit, les enseignants ne devraient plus être des spécialistes d’un sujet ou d’une matière en particulier, mais des guides pour leurs élèves.

[Comment composer avec la résistance au changement en éducation?]

Deuxièmement, le profil des apprenants a changé. De nos jours, les jeunes ont l’habitude d’accéder instantanément à l’information recherchée. Pour ce faire, ils utilisent les outils technologiques qui répondent le mieux à leurs besoins et trouvent rapidement eux-mêmes des réponses à leurs questions. Malgré cela, et malgré l’accroissement de l’investissement dans les nouvelles technologies de la part des gouvernements, peu d’enseignants utilisent les technologies de l’information et de la communication (TIC) dans leurs cours. Or, ils devraient avoir davantage recours au numérique, qui, sans constituer un facteur d’apprentissage, permet d’« enseigner » la collaboration, la communication et la créativité. Les différents médias sociaux facilitent, par exemple, la continuité du travail à l’extérieur de la classe, et même un meilleur accès à l’éducation pour les jeunes qui proviennent d’écoles moins favorisées.

De plus, la technologie permet aux enseignants de « rationaliser » les évaluations formatives en montrant les progrès de chaque élève de façon immédiate. À la place de bannir certains outils, comme les téléphones cellulaires ou les tablettes électroniques, les enseignants auraient donc avantage à montrer aux élèves comment en faire une utilisation responsable. L’usage de la technologie en classe permettrait entre autres aux jeunes qui ne se sentent pas concernés par l’école de faire un lien direct de cause à effet entre la réalité, où ils utilisent des outils technologiques, et l’école.

[Favoriser l’utilisation des TIC : outil à l’intention des professionnels de l’éducation]

Troisièmement, la réalité virtuelle (ex. : les blogues et les vidéos en ligne) contribue d’une certaine manière à « transformer » les élèves en citoyens du monde. En effet, les élèves du 21e siècle ne sont plus des apprenants passifs, mais des innovateurs créatifs, qui travaillent en collaboration avec leurs pairs dans des contextes variés. Le système scolaire doit aussi prendre en compte cette nouvelle réalité et engager une réforme de grande ampleur sur ce plan.

[Consulter l’article]

Référence :

Luna Scott, C. (2015). Les apprentissages de demain 1 : Pourquoi changer les contenus et les méthodes d’apprentissage au XXIe siècle?. UNESCO. Repéré en ligne à http://unesdoc.unesco.org/images/0023/002348/234807F.pdf

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  • Si, avec les sommes accordées à l’installation des tableaux interactifs et des multiples programmes sur le Net, on avait formé les enseignants à les comprendre et à les utiliser, bon nombre d’enseignants ne se sentiraient pas dépassés par cette vague dont plusieurs ne peuvent suivre le rythme. Avec les suivis de dossiers plus nombreux et les courriels qui prennent un temps fou à gérer, le temps manque cruellement. Il est permis de comprendre que pour un enseignant qui a besoin d’accompagnement les priorités seront mises ailleurs.

    Josee lehoux