L’illusion d’incompétence et la réussite éducative
Une forme d’illusion d’incompétence s’observe chez les élèves qui ont un potentiel élevé, mais qui ne croient pas en eux. Une étude effectuée au début des années 2000 auprès d’un groupe d’enfants a démontré que cette illusion d’incompétence peut les amener à « sous-performer ». Une dégradation de leur sentiment de compétence au fil des ans a notamment été observée chez ce groupe d’enfants.
S’intéressant au biais de l’auto-évaluation chez les enfants d’âge scolaire, Thérèse Bouffard, professeure au Département de psychologie de l’UQAM, a évalué le sentiment de compétence et le potentiel intellectuel de 1 000 enfants. Les résultats de son étude lui ont permis de distinguer trois groupes d’élèves : les réalistes, les pessimistes et les élèves en « illusion de compétence ».
[L’influence de la supervision parentale sur les adolescents]
Les « réalistes » représentent des enfants qui se conforment au modèle attendu et dont la perception de compétence concorde avec leur potentiel intellectuel. Quant aux « pessimistes », ils vivent une illusion d’incompétence et ils sous-performent. Les enfants en « illusion de compétence », eux, se surévaluent et réussissent mieux que les autres.
À partir de la première année du secondaire, la mesure de perception de compétence prédit trois fois mieux le rendement scolaire que celle des habiletés mentales, et c’est ainsi pour tout le secondaire.
Afin de mieux comprendre comment se construit le sentiment de compétence, Bouffard a réalisé une nouvelle étude longitudinale en se penchant cette fois-ci sur l’influence parentale.
Sept cents élèves de la Rive-Nord de Montréal ont été suivis sur une période de neuf ans, soit de la quatrième année du primaire jusqu’à la fin du secondaire. La chercheure et une de ses étudiantes, Arielle Bonneville-Roussy, se sont intéressées au style d’éducation parentale et « au sentiment d’efficacité personnel des parents dans leur rôle de co-éducateur accompagnant l’enfant dans sa scolarité et sa motivation à apprendre. »
[Se croire meilleur ou moins bon qu’on ne l’est a-t-il un impact sur la réussite de l’élève?]
Les résultats
Voici en résumé ce que Bouffard a constaté :
- Les parents ayant un sentiment d’efficacité personnel élevé ont plus de chances de voir leurs enfants développer un optimisme par rapport à leurs capacités d’apprentissage ;
- Un sentiment d’efficacité personnel faible des parents augmente les chances que leurs enfants évaluent leurs capacités d’apprentissage avec pessimisme.
La chercheure précise cependant que les parents ne sont pas les seules personnes qui influencent le sentiment de compétence de leurs enfants.
« Le caractère de chaque enfant joue un rôle, ainsi que toutes les autres interactions significatives dans sa vie, notamment avec ses enseignants. »
– Thérèse Bouffard
[Pour consulter l’article, https://www.actualites.uqam.ca/2018/le-role-majeur-du-sentiment-de-competence-dans-la-reussite-scolaire]
Référence :
Caza, P.-E. (2018). J’y crois, donc je réussis, Actualités UQAM. Repéré sur le site de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), à https://www.actualites.uqam.ca/2018/le-role-majeur-du-sentiment-de-competence-dans-la-reussite-scolaire
Source de l’image : Shutterstock
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