L’anxiété de performance chez les élèves doués

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Mis à jour le 17 Avr 2024

Les élèves doués peuvent vivre de l’anxiété de performance. Cette anxiété pourrait expliquer en partie qu’ils obtiennent parfois des résultats académiques qui ne reflètent pas leur potentiel cognitif. Cet article examine l’anxiété de performance chez les élèves doués, son lien avec les résultats scolaires et l’importance de la relation enseignant-élève.

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L’anxiété de performance réfère au stress spécifique vécu lors de situations d’examen et se manifeste, par exemple, par des difficultés de sommeil avant un examen, des difficultés de concentration pendant les évaluations ou encore le fait de se sentir en situation d’échec avant même d’avoir commencé l’examen (Cassady et Johnson, 2002). Chez les élèves doués, l’anxiété de performance pourrait expliquer en partie l’écart parfois observé entre un potentiel intellectuel supérieur à la moyenne et des résultats académiques dans ou sous la moyenne.

Cet article résume les résultats obtenus dans une étude menée auprès de 43 élèves doués âgés de 6 à 12 ans.

Est-ce que les élèves doués vivent plus d’anxiété de performance ?

Dans la population générale, entre 15 % et 22 % des élèves du primaire vivraient de l’anxiété de performance (Von der Embse et al., 2018). Dans la présente étude, 15,5 % des élèves doués présentent un niveau moyen à élevé d’anxiété de performance, ce qui correspondrait au pourcentage observé dans la population générale.

De plus, l’anxiété de performance est associée aux résultats scolaires. Ainsi, les élèves doués présentant un niveau plus élevé d’anxiété de performance obtiennent de plus faibles résultats en mathématiques.

L’importance de la relation enseignant-élève

Dans le cadre de l’étude, les caractéristiques individuelles des élèves doués ne sont pas associées à leur anxiété de performance : cette dernière n’est donc pas plus ou moins élevée en fonction de l’âge des enfants, de leur genre ou encore de leur quotient intellectuel.

Par contre, la qualité de la relation entre l’enseignant ou l’enseignante et l’élève apparaît particulièrement importante. Les élèves qui perçoivent davantage de chaleur chez leur enseignant ou leur enseignante (ex. l’enseignant ou l’enseignante sourit souvent, se souvient des journées spéciales pour l’élève, offre son aide et semble aimer la famille de l’élève) rapportent moins d’anxiété de performance. C’est également le cas pour les élèves qui perçoivent que leur enseignant ou leur enseignante soutient davantage leur autonomie (ex. l’enseignant ou l’enseignante laisse choisir certaines activités en fonction des intérêts et propose aux élèves de s’aider entre eux).

Conclusion et pistes d’action

Les élèves doués semblent vivre de l’anxiété de performance de façon comparable à la population générale. Il est important de garder en tête que cette anxiété pourrait expliquer en partie des résultats plus faibles en mathématiques, qui ne correspondent pas à leur potentiel cognitif. Une attention particulière devrait donc être portée à l’anxiété vécue par les élèves doués en situation d’évaluation afin de favoriser leur réussite scolaire.

De plus, une relation positive entre l’enseignant·e et l’élève est un facteur de protection important quant à l’anxiété de performance chez les élèves doués. Voici quelques pistes d’action qui pourraient favoriser cette relation :

  • S’intéresser à l’élève et prendre de ses nouvelles (ex. s’informer de sa fin de semaine, de ses activités parascolaires, etc.);
  • Souligner ses bons coups et ses réussites;
  • Offrir des choix (ex. plan de travail avec tâches à faire de façon autonome, choix de la place en classe);
  • Faire des activités avec l’élève (ex. dîner avec lui, regarder un livre avec lui, discuter avec lui de ses intérêts).

Ces actions pourraient non seulement diminuer l’anxiété de performance des élèves doués, mais éventuellement favoriser leur réussite scolaire. Dans le cas où l’élève doué présente un niveau élevé d’anxiété de performance, il devient pertinent de le recommander à un professionnel ou à une professionnelle qui pourra l’accompagner de façon plus spécifique.

Références

Cassady, J.C., Johnson, R.E. (2002). Cognitive test Anxiety and Academic Performance. Contemporary Educational Psychology, 7, 270-295.

Von der Embse, N., Jester, D., Roy, D. et Post, J. (2018). Test anxiety effects, predictors, and correlates: A 30-year meta-analytic review. Journal of Affective Disorders227, 483-493.

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