Apprendre à s’entreprendre dès l’école primaire

Lecture : 3 min.
Mis à jour le 26 Oct 2015

En 2001, l’entrepreneuriat a été introduit dans le Programme de formation de l’école québécoise, à titre de domaine général de formation, soit comme un enjeu de société auquel porter une attention continue durant toute la scolarité des élèves. Depuis, ce qu’on appelle l’entrepreneuriat éducatif s’est développé de manière exponentielle dans les écoles du Québec. 

Source de l’image : Shutterstock Rawpixel.com

À propos de l’auteur: Matthias Pepin est docteur en psychopédagogie, chargé de cours en intervention pédagogique à l’Université Laval et professionnel de recherche au sein de la Chaire de recherche sur la carrière entrepreneuriale à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il collabore également sur divers projets avec le Centre de recherche et d’intervention sur la réussite scolaire (CRIRES), de même qu’avec le Centre de transfert pour la réussite éducative du Québec (CTREQ).

Dans le cadre de ma recherche de doctorat, je suis parti du constat que les pratiques pédagogiques associées à l’entrepreneuriat éducatif mettent systématiquement les élèves en action, à travers des projets concrets, mais que la dimension éducative du « faire » n’est pas toujours exploitée. C’est cet aspect de l’entrepreneuriat éducatif que j’ai choisi d’éclairer.

Exploiter la dimension éducative de l’entrepreneuriat

Inspiré par le « learning by doing » de John Dewey, j’ai construit mon approche de recherche autour de l’idée que l’expérience, pour être éducative, doit nécessairement être réflexive : il ne s’agit pas uniquement de « faire pour faire ». Sur cette base, j’ai suivi un groupe d’élèves de deuxième année du primaire et leur enseignante, pendant une année scolaire complète, dans leur projet de création d’un magasin de fournitures scolaires dans leur école. Pour favoriser la réflexion des élèves sur l’action à vivre dans le magasin, j’y ai accolé un conseil d’élèves.

Le magasin : un ensemble de problèmes à résoudre

Les résultats de recherche montrent que le magasin s’est déployé selon une succession de problèmes à résoudre, par exemple, comment obtenir l’autorisation d’ouvrir un magasin dans l’école, comment le construire ou encore comment le faire connaître. La plupart de ces problèmes ont émergé en conseil d’élèves, alors que le groupe réfléchissait à l’idée de créer le magasin et anticipait dès lors ce qu’il faudrait mettre en œuvre pour y parvenir. Chaque problème, constituant un obstacle dans la création du magasin, a dès lors appelé un processus menant à sa résolution.

Apprendre à s’entreprendre

Ce que je veux [comme enseignante], ce n’est pas leur apporter toutes les solutions, tout cru, dans la bouche. Je veux qu’ils réfléchissent eux aussi, aux problèmes.

Pour apprendre à s’entreprendre, c’est-à-dire apprendre à planifier et mener à terme des projets, les résultats de recherche laissent voir que les élèves doivent s’emparer des problèmes qui émergent dans la mise en œuvre progressive du magasin, les analyser et leur trouver des solutions concrètes à implanter. Le défi pédagogique de l’enseignante consiste à guider les élèves, en complexifiant leurs analyses, en leur faisant voir une problématique non perçue ou encore une solution non envisagée, sans cependant réfléchir à leur place.

Apprendre en s’entreprenant

Moi, je suis enseignante, j’ai besoin de passer de la matière au travers d’un projet.

Chaque processus de résolution de problèmes a en outre été l’occasion, pour l’enseignante, d’intégrer des savoirs scolaires prévus au programme. Par exemple, construire le magasin a conduit à l’apprentissage des mesures conventionnelles. L’enseignante a ainsi mis les élèves au défi de trouver la mesure idéale du chariot qui leur servirait de lieu de vente, dont ils ont tracé un plan. La vente dans le magasin lui-même a également permis de rendre les élèves compétents en calcul, en plus de développer leur confiance en eux.

Apprendre autrement

En définitive, cette recherche montre que l’entrepreneuriat permet d’apprendre autrement, en plaçant l’expérience concrète et la réflexion au centre des processus d’apprentissage. Ainsi, les élèves ont réalisé des apprentissages qui leur étaient nécessaires pour continuer à avancer dans leur projet, en les réinvestissant concrètement dans l’action, contribuant de la sorte à les rendre signifiants.

Référence de la thèse

  • Pepin, M. (2015). Apprendre à s’entreprendre en milieu scolaire : une étude de cas collaborative à l’école primaire. Thèse de doctorat inédite. Québec, Canada : Université Laval, 470 pages. URL.

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  • J’ai trouvé l’article de M. Pepin très intéressant. Je suis un adepte des pédagogies Freinet qui relie l’école à la société. dans la pédagogie « courante » il y a trop de théorie et pas assez de pratique
    Dans mon école primaire de 7 classes, nous avons essayer de mettre en place une coopérative.
    Acheter des petits pains et des croissants pour les vendre aux élèves à la récréation. Donc manipuler de l’argent.
    L’inspecteur a refusé catégoriquement en disant que ce n’était pas le but de l’école, que cela pouvait provoquer des problèmes de vol…
    Quel dommage!
    Créer un magasin de fournitures scolaires dans une école, ça , c’est un projet formateur.
    Bravo les québécois.
    Bon courage et bonne chance pour votre projet.

    daval