Le père comme roue de secours?

Lecture : 3 min.
Mis à jour le 19 Avr 2022

Une roue de secours reste toujours à bord d’un véhicule, invisible, mais essentielle. Elle est très utile lors d’une crevaison. Les pères sont-ils considérés comme les roues de secours des services institutionnels à la petite enfance? Voilà la question que s’est posée l’auteure de la présente étude.

Source de l’image: Shutterstock

La petite enfance appartient aux femmes

Les politiques sociales et les interventions se veulent plus inclusives auprès de la population masculine dans le cadre des services sociaux destinés à la famille. Malgré cela, des difficultés continuent de se présenter en ce qui a trait à l’engagement des pères et des figures paternelles dans l’intervention psychosociale auprès de leurs enfants. Les mères sont parties prenantes des services à l’enfance. Elles demeurent le pilier central de ces interventions alors que les pères restent souvent en périphérie de la relation mère-institution construite lors de l’établissement des services.

Le but de la présente étude est de relever des facteurs liés aux politiques et à la prestation de services qui soutiennent ou, au contraire, qui nuisent à l’inclusion des pères dans les interventions familiales du point de vue des intervenants. Plus spécifiquement, l’auteure cherche à comprendre comment les discours et les politiques publiques, qui prônent la standardisation des pratiques, la performance des services et une plus grande efficience du réseau, influencent ces interventions selon qu’il s’agit du père ou de la mère.

La méthodologie

Dans le cadre d’une démarche qualitative de type exploratoire, des entretiens semi-dirigés ont été menés auprès de huit travailleurs sociaux et d’un infirmier. Ces informateurs clés travaillent au sein d’équipes vouées à l’enfance et à la famille dans des centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) et des centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux (CIUSSS) de différentes régions du Québec.

Les pères restent à l’écart

La démarche d’analyse et de discussion a permis de mieux comprendre l’influence du contexte institutionnel actuel, axé sur l’efficience et la performance. En effet, considérant une telle logique, l’inclusion des pères dans les services se révèle souvent fastidieuse. Cette constatation est d’autant plus étonnante qu’elle a lieu malgré la présence de politiques sociales favorables aux pères.

Ainsi, le temps et l’énergie investis pour atteindre un père et créer une relation de confiance peuvent être perçus comme inefficaces, car cela exige de faire un détour, de prendre un temps d’arrêt non prévu, la relation s’établissant d’abord avec le parent principal des services, la mère. De même, la pression à l’égard de la résolution rapide des problèmes à résoudre dans le respect des délais prescrits peut aussi s’avérer comme un obstacle à l’inclusion des pères.

L’inclusion des pères à certaines conditions

Il est indéniable qu’au Québec, les femmes sont encore au cœur des services sociaux à la petite enfance comme travailleuses et comme destinataires de l’intervention. Les mères sont des courroies de transmission vers les autres membres de la famille. Tout processus d’intervention doit d’abord transiter par elles. Pour se rendre aux pères, elles sont le passage obligé.

S’ils restent le plus souvent à l’écart, les pères peuvent parfois être inclus, mais à certaines conditions comme lorsqu’un problème se pose avec la mère. Le père reste présent dans les services, en arrière-plan, mais accessible en cas de besoin, comme une « roue de secours ». C’est la place qui semble leur être réservée.

Vers une conception réellement égalitaire

En conclusion, l’auteure note qu’il existe une réelle ouverture au sein des services sociaux au sujet de l’inclusion des pères. Toutefois, si cette ouverture annonce un engagement plus égalitaire entre les genres, des progrès restent à faire pour atteindre une telle équité.

Elle rappelle qu’il importe que les organisations s’ajustent et incluent davantage les pères et les hommes en général. Un soutien organisationnel favorable à l’inclusion des pères et une sensibilité accrue des intervenants du réseau aux réalités masculines peuvent bien sûr faire la différence.

Référence

Lacommande, V. (2022). Le père comme roue de secours : points de vue de travailleurs sociaux sur l’inclusion des pères dans l’intervention en petite enfance [Mémoire de maîtrise, Université du Québec à Montréal]. Archipel. https://archipel.uqam.ca/15330/1/M17512.pdf

 

Articles similaires

Wikipédia : le type de contribution comme gage de qualité

Le style de collaboration à la rédaction d’articles sur Wikipédia a un effet direct sur la qualité de ceux-ci.

Voir l’article

Wikipédia dans la classe

L’encyclopédie libre Wikipédia fait partie des outils pouvant avoir une visée pédagogique.

Voir l’article

Apprendre le sens des mots : un défi pour plusieurs enfants

Dans le cadre de l’expérimentation, les enfants avaient besoin de plusieurs séances d’enseignement pour apprendre le sens de la plupart des mots.

Voir l’article

Commentaires et évaluations

Contribuez à l’appréciation collective

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *