Devenir expert de ses technologies d’aide : une voie d’action à prioriser

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Mis à jour le 31 Août 2020

Temps approximatif de lecture : 3 à 4 minutes

Nadia Rousseau, Ph. D., Université du Québec à Trois-Rivières

Une faiblesse marquée des élèves québécois en écriture est révélée par de nombreux travaux de recherche récents. Qui plus est, plusieurs milieux de pratique mettent en évidence une utilisation accrue des technologies d’aide (Td’A) à l’écriture en classe comme moyen d’adaptation. C’est pour mieux comprendre les apports et les limites des Td’A dans le développement des compétences rédactionnelles des jeunes au 1er cycle du secondaire ayant une dysorthographie ou une dyslexie qu’une étude longitudinale a été menée par les professeures Nadia Rousseau, Priscilla Boyer, Michelle Dumont et Brigitte Stanké.

L’étude a été rendue possible grâce au soutien financier du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES) et du Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC).

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La valeur ajoutée des Td’A au bien-être subjectif en situation d’écriture

Les résultats de l’étude démontrent que l’utilisation d’une Td’A est associée à des bénéfices sur le plan personnel, dont une perception de soi en écriture plus favorable et un sentiment d’efficacité personnelle supérieur, et ce, contrai­rement à la condition où l’élève n’a pas accès à ce type de soutien. De plus, le niveau général d’anxiété aux évaluations en écriture est statistiquement plus faible lorsque les élèves ont accès à leurs Td’A.

L’apport mitigé des TD’A sur les compétences rédactionnelles

D’un point de vue didactique, les résultats mettent en évidence que, règle générale, l’utilisation des Td’A ne permet pas l’amélioration des compétences rédactionnelles. Bien que les participants connaissent une améliora­tion continue dans les critères de contenu, de cohérence tex­tuelle et de choix de vocabulaire adaptés à la situation de communication, cette évolution est observable avec ou sans le recours aux Td’A. Il est donc probable que l’ensei­gnement systématique de savoirs sur le mode de discours narratif et sur les ressources de la langue durant le 1er cycle du secondaire cons­titue un facteur explicatif de cette amélioration.

L’apport des Td’A dans la réduction du nombre d’erreurs orthographiques

Du point de vue orthophonique, les analyses statistiques révèlent que l’utili­sa­tion des Td’A permet aux élèves de réduire leur nombre d’erreurs ortho­gra­phiques et grammaticales. Elles ne semblent toutefois pas avoir un impact significatif sur les autres composantes de la production de textes écrits, notamment la productivité, le vocabulaire, la maturité narrative et la cohé­rence textuelle. Ces résultats s’expliquent par le fait que les élèves uti­li­sent principalement les fonctions de révision orthographique de leurs Td’A plutôt que les fonctions de révision rédactionnelle.

Un enjeu important : la qualité d’utilisation des Td’A par les élèves

L’analyse de captations vidéo du processus rédactionnel avec l’utilisation des Td’A met en évidence une exploitation minimale des fonctions d’aide disponibles par les élèves. Par exemple, en ce qui concerne le logiciel de révision ortho­graphique d’Anti­dote, outre la fonction « Cor­recteur», les autres fonctions semblent être méconnues et très peu ou pas utilisées par les élèves. Quant à l’utilisation des prédicteurs de mots (WordQ et Lexibar), leur degré d’effica­cité repose généralement sur deux critères : l’orthographe de départ du mot à prédire et la lecture par les élèves de toutes les options de prédiction propo­sées.

Des pistes d’action qui découlent des résultats de la recherche

Ces résultats renvoient à la nécessité d’offrir des occasions d’entraî­nement à l’utilisation des fonctions d’aide inhérentes aux Td’A mobilisées par les élèves. Ces derniers doivent devenir des experts de leurs outils! De plus, les milieux scolaires gagnent à offrir un enseignement explicite des grilles de correction utilisées en classe afin qu’elles soient trans­férables en situation d’écriture avec soutien technologique. Enfin, développés de concert avec des orthopédagogues engagés dans ce projet de recherche, ces travaux ont mené à l’élaboration d’une série de Recommandations visant l’utilisation optimale des technologies d’aide à l’école. Nous vous invitons à les consulter.

Référence

Rousseau, N., Boyer, P., Dumont, M. et Stanké, B. (2019, septembre). Les technologies d’aide comme mesure d’adaptation soutenant le développement des compétences rédactionnelles dans une perspective globale de l’apprentissage : étude longitudinale (projet de recherche no 2017-LC-197434). http://www.frqsc.gouv.qc.ca/documents/11326/3344858/Rapport_N.Rousseau_technologies-aide_2016-2017.pdf/c514faf3-f287-41c9-a4ba-e14548c451e7

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