Les « unschoolers » : ne pas aller à l’école est-il synonyme de liberté?

Lecture : 3 min.
Mis à jour le 03 Oct 2016

Le phénomène pique notre curiosité : les « unschoolers », ces enfants « non scolarisés », qui ne vont pas à l’école et qui ne suivent pas de programme d’enseignement à la maison. Apprendre ce qu’on veut, quand on veut : que disent les spécialistes en éducation de cette approche entièrement axée sur les motivations et intérêts personnels des enfants?

Le sujet a notamment fait l’objet d’un reportage sur Ici Radio-Canada.

unschooling

Shutterstock / Sunny Studio

Qu’est-ce que le « unschooling »?

Les adeptes du « unschooling », dont l’enseignant et chercheur John Caldwell Holt, définissent cette approche comme « la façon naturelle d’apprendre ». C’est une forme « d’école à la maison » qui n’implique pas de suivre un programme. En d’autres mots, il s’agit d’offrir à l’enfant la liberté d’apprendre uniquement ce qu’il désire apprendre.

Que dit la loi au sujet du « unschooling »?

Selon les propos de Laurence Martin et Valérie Ouellet, auteures du reportage, le « unschooling » est légal au Canada. Les parents doivent informer les commissions scolaires de leur choix de ne pas envoyer leur enfant à l’école, mais, dans la plupart des provinces, ils ne sont pas tenus de les informer du programme d’études suivi (ou s’ils en suivent un).

Les méthodes d’évaluation des acquis diffèrent également d’une province à l’autre, et même d’une commission scolaire à l’autre dans le cas du Québec, ce qui complique l’acceptation de cette forme d’éducation. Au Québec, les enfants qui ne vont pas à l’école doivent « recevoir une éducation jugée ‘équivalente’ à celle qui est offerte à l’école ». Si ce n’est pas le cas, la DPJ peut être mêlée aux dossiers, sans pour autant avoir le mandat d’évaluer les programmes d’études de l’enseignement à la maison… Il demeure donc un « flou » autour de la légalité du « unschooling » dans la province.

L’accès à l’université

Certaines universités acceptent les candidats non scolarisés dans les établissements scolaires, à condition qu’ils passent un test standardisé. Toutefois, plusieurs universités, notamment des universités québécoises comme l’Université de Montréal, exigent quant à elles des relevés de notes, ce qui fait en sorte que les « unschoolers » doivent suivre une formation aux adultes avant de faire une demande d’admission au cégep, puis à l’université.

Faut-il se réjouir ou s’inquiéter de cette approche?

Cela dépend, bien entendu, des points de vue. Toutefois, le phénomène questionne plusieurs chercheurs, bien que les données de recherche à ce sujet soient pratiquement inexistantes.

Aux États-Unis, deux chercheurs (Peter Gray et Gina Riley) se sont penchés sur le sujet. Leurs études ont montré des résultats somme toute assez positifs quant à l’intégration socio-économique des « unschoolers », ces derniers se tournant souvent vers l’entrepreneuriat ou le domaine des arts une fois adultes. La débrouillardise et l’autonomie semblent caractériser les personnes n’ayant pas fréquenté l’école.

La force des jeunes non scolarisés est de savoir où aller chercher les outils dont ils ont besoin pour progresser.

– Gina Riley

La chercheuse québécoise Christine Brabant apporte toutefois certaines nuances, en précisant que ce ne sont pas tous les « unschoolers » qui développent ces traits de caractère. Selon elle, les enfants qui présentent à l’origine des traits de débrouillardise, de curiosité et d’autonomie pourraient toutefois trouver leur compte dans ce type d’éducation alternatif. Par ailleurs, elle précise que ce ne sont pas toutes les familles qui sont en mesure d’offrir ce type d’éducation à leur enfant, notamment si les parents ne sont pas suffisamment disponibles ou outillés pour offrir un soutien adéquat à l’enfant dans ce qu’il désire apprendre.

La chercheuse Sandra Matin-Chang va plus loin dans ses mises en garde. Avec un modeste échantillon, elle a analysé le développement d’enfants d’âge primaire n’allant pas à l’école avec celui d’enfants fréquentant un établissement scolaire. Elle a ainsi observé que les « unschoolers » obtenaient des résultats plus faibles à des tests standardisés, ce qui, à son avis, est inquiétant.

[N]e pas savoir lire jusqu’à l’âge de 10 ans […] peut priver les enfants d’une panoplie de connaissances et de compétences, ce qui peut vraiment hypothéquer leur développement.

Quoi qu’il en soit, les chercheurs s’entendent sur l’importance de pousser plus loin les études à ce sujet pour avoir un portrait plus fiable de l’effet de ce type d’éducation alternative sur le développement des futurs citoyens.

[Consultez le reportage]

Image : © Shutterstock / Sunny Studio

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  • Cet article confond l’approche «unschooling» avec faire l’école à la maison. On pourrait faire du «unschooling» dans une classe, dans une école, dans un pays! Eh oui! Le «unschooling» est une approche qui fut utilisée dans des établissements de l’état au Royaume-Uni dans les années ’60-’70. Les élèves allaient à l’école dans un lieu subventionné où on pratiquait le «unschooling». Ce qui signifie aussi que ceux qui font l’école à la maison ne font pas nécessairement du «unschooling». Voir la richesse «schooling» de l’AQPEQ: https://www.acpeq.org/ . Nous devrions parler plutôt de «homeschooling» ou l’école à la maison et éviter d’y associer cette approche qui a été délaissée rapidement en Angleterre. Mais effectivement, ceux qui la pratique vont nuire au développement intellectuel de leur enfant.

    Jacques Dumouchel
  • C’est réglé.
    Merci

    sandra beaulac
  • Bonjour

    Je suis incapable d’ouvrir le reportage.

    Merci

    Sandra Beaulac