Utiliser le mentorat par les pairs comme outil de développement professionnel
Dans les dernières années, le concept du tutorat a pris une place prépondérante dans la sphère éducative québécoise. Bien qu’il soit porteur d’un objet commun d’accompagnement, le mentorat aurait également avantage à se joindre aux propositions de solutions de soutien au cœur des réalités des contextes éducatifs. Reconnus pour l’amplitude de sa réciprocité relationnelle, les nombreux bénéfices du mentorat par les pairs ont avantage à être soulignés. Dans la Revue Pédagogie collégiale, André Burton, professeur d’anglais, Hugo Hamel-Perron, professeur d’histoire et des humanités et Alison Crump, directrice adjointe des études, racontent leur expérience au sein du Programme de mentorat par les pairs mis en place au Collège Marianopolis. Voici un aperçu de certains fondements liés à cette approche.
Les qualités du mentor
Tout d’abord, être mentor demeure un engagement. En effet, pour être un bon mentor, il est essentiel de s’investir dans son rôle, d’être accessible pour les personnes que l’on encadre, d’être réceptif aux besoins des mentorés en étant capable d’y répondre avec soin. Il s’agit également d’être prédisposé à entrer dans une relation de confiance avec l’autre, d’avoir la capacité de proposer une qualité de soutien en ciblant les bons conseils et en optant pour des stratégies collaboratrices efficientes.
De manière générale, il est préférable de favoriser les aptitudes pédagogiques et les habiletés interpersonnelles comme critères de sélection bien avant l’expertise fine de la discipline. En effet, un programme de mentorat efficace doit faire valoir la nécessité du dialogue, de l’écoute et de l’humilité dans les fondements de ses approches d’accompagnement, notamment celles dites de proximité.
Les thèmes plus souvent abordés en contexte de relation de mentorat
Basé sur le volontariat des participants, le mentorat demande à ces derniers d’être en mesure d’aborder aisément, notamment, les thèmes suivants :
- L’engagement et la participation des étudiants;
- La conception des cours, des plans de cours, des activités d’apprentissage et des évaluations;
- Les stratégies de gestion de classe;
- L’utilisation de la technologie au service des apprentissages;
- La gestion du stress, de l’anxiété, de la charge de travail, de l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée ainsi que les attentes au sein du service;
- Le processus d’évaluation des enseignements.
« Certaines relations mentor/mentoré seront plus riches que d’autres, ce qui s’explique en partie par les attentes, les philosophies de l’enseignement et les besoins très différents de chaque mentoré. » (Burton et al., 2022, p. 11)
Savoir s’adapter à la diversité des relations mentor/mentoré
Le mentorat est tout sauf une approche unique. L’hermétisme et la rigidité sont donc des avenues à éviter d’emblée. Pour être ne serait-ce que fonctionnelle, une approche par mentorat doit être soutenue systématiquement par une démarche flexible, souple, adaptable axée sur les besoins et les intérêts de la personne guidée. Il s’agit alors d’une prémisse à la collaboration spontanée.
« Une disposition à travailler en collaboration tout en reconnaissant les différences individuelles est un élément clé de la réussite du programme. » (Burton et al., 2022, p. 11)
Conclusion
La volonté d’apporter du soutien à autrui, cette sensibilité à cet autre au cœur d’une démarche de développement professionnel, voilà l’ancrage d’un programme de mentorat par les pairs. Bien que l’on puisse mettre l’accent sur les avantages considérables pour le mentoré, la réciprocité de l’influence n’est également pas à négliger. Indéniablement, des bénéfices importants se dégagent des expériences vécues par les mentors. Le partage d’apprentissages complémentaires, de stratégies pédagogiques, de vulnérabilités professionnelles révèle l’approche de mentorat par les pairs comme étant un espace riche, privilégié et mobilisateur d’échanges entre collègues.
Référence
Burton, A., Hamel-Perron, H. et Crump, A., (2022). « Le mentorat par les pairs pour se développer professionnellement », Revue Pédagogie collégiale, vol. 35, no 4.
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