Quelles sont les pratiques de différenciation pédagogique les plus souvent employées auprès des élèves doués par les personnes enseignantes du primaire ?

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Mis à jour le 10 Déc 2024

Toute personne enseignante peut être concernée par l’éducation des élèves doués au cours de sa carrière. Afin de répondre adéquatement aux besoins de ces élèves et de favoriser l’expression de leur plein potentiel, les enseignants et enseignantes doivent ajuster leurs pratiques pédagogiques au quotidien. Cette différenciation est particulièrement importante, puisqu’elle agit positivement sur l’engagement scolaire de ces élèves (Blaas, 2014). Toutefois, plusieurs recherches menées ailleurs rapportent que les personnes enseignantes différencient peu leur pédagogie selon les pratiques reconnues comme étant efficaces (Kanevsky, 2011; VanTassel-Baska et Stambaugh, 2005). Ce manque d’ajustement peut avoir des effets négatifs sur les élèves doués, notamment en générant de l’ennui, des problèmes d’attention ou de comportement, qui peuvent mener à un désengagement scolaire. Cependant, au Québec, les études sont plutôt limitées sur le sujet. Ainsi, qu’en est-il des pratiques éducatives utilisées dans les écoles primaires québécoises auprès des élèves doués? Cet article résume les résultats d’une étude menée par Massé et al. (2017, 2020) auprès de 1023personnes enseignantes (93,1% de femmes) œuvrant au sein d’écoles publiques et privées. L’étude indique que les enseignantes font preuve de différenciation dans leurs pratiques éducatives, mais que celles-ci ne répondent pas réellement aux besoins des élèves doués. 

Source de l’image : Pixabay 

Les cinq pratiques les plus fréquentes 

Les résultats de l’étude font ressortir cinq principales pratiques qui sont utilisées sur une base hebdomadaire ou quotidienne dans les écoles primaires du Québec : 

  1. Donner des feuilles d’activités d’approfondissement: Ces feuilles d’approfondissement présentent des concepts plus avancés en lien avec la matière enseignée en classe. 
  2. Permettre de faire une lecture personnelle : lorsqu’un élève termine son travail en avance, la personne enseignante lui offre la possibilité de lire un livre de son choix reflétant ses intérêts personnels. 
  3. Donner des exercices supplémentaires plus difficiles : en ajout au travail demandé par la personne enseignante, l’élève doué fait d’autres exercices présentant un niveau de complexité supérieur en lien avec la matière enseignée. 
  4. Ajuster les exigences de la tâche selon les capacités : la personne enseignante adapte le travail à réaliser de sorte à s’arrimer avec les capacités de l’élève doué au sujet de la matière enseignée. 
  5. Demander à l’élève d’aller aider un autre élève : pratiquant son habileté à communiquer ses savoirs, l’élève doué se voit offrir la possibilité d’aller soutenir un autre élève dans ses apprentissages, au sein de sa classe ou dans une autre classe. 

Conclusion 

À la lumière des résultats obtenus, il est possible de constater que dans les écoles primaires du Québec, les enseignantes optent davantage pour des pratiques ajoutant du travail supplémentaire à l’élève que pour des pratiques visant à différencier les processus d’apprentissage ou les contenus présentés. Bien qu’appréciés par les élèves doués, la lecture personnelle et le fait d’aller aider ses collègues d’école peuvent engendrer de l’ennui au fil du temps, notamment puisque cela ne répond pas à leurs besoins éducatifs. Lorsque questionnés sur les pratiques éducatives qu’ils préfèrent, les élèves doués mentionnent que les projets d’enrichissement, les projets de recherche autonome et l’apprentissage par problème sont des avenues stimulantes. Ces pratiques font notamment partie de celles reconnues comme étant favorables pour soutenir l’engagement scolaire des élèves doués. Afin de favoriser le plein potentiel de ces élèves dans le cadre scolaire, de la formation dispensée aux personnes enseignantes serait bénéfique afin d’intégrer au quotidien les pratiques les plus recommandées pour différencier leur enseignement. 

Cet article est un résumé des rapports du projet de recherche :  

Massé, L., Baudry, C., Couture, C., Nadeau, M.-F., Verret, C. et Bégin, J.-Y. (2017). Portrait des attitudes et des pratiques des enseignants quant à l’inclusion scolaire des élèves doués : rapport provincial préscolaire et primaire. https://oraprdnt.uqtr.uquebec.ca/portail/docs/GSC1041/O0000286320_Rapport_provincial_Primaire.pdf  

Massé, L., Baudry, C., Verret, C., Couture, C., Nadeau, M.-F., Bégin, J.-Y., Gagné, F., Courtinat-Camps, A., Brasseur, S., Geoffroy, N., Grenier, J., Levert, A.-L. et Touzin, C. (2020). Attitudes et pratiques des enseignants quant à l’inclusion scolaire des élèves doués, conditions de réussite et validation d’une démarche d’accompagnement des enseignants pour favoriser leur inclusion scolaire. Rapport de recherche. Fonds de recherche du Québec Société et Culture. https://frq.gouv.qc.ca/histoire-et-rapport/attitudes-et-pratiques-des-enseignants-quant-a-linclusion-scolaire-des-eleves-doues-conditions-de-reussite-et-validation-dune-demarche-daccompagnement-des-enseignants-pour-favoriser-leur-inclus/  

Références 

Blaas, S. (2014). The relationship between social-emotional difficulties and underachievement of gifted students. Australian Journal of Guidance and Counselling, 24(2), 243-255. http://doi.org/10.1017/jgc.2014.1  

Kanevsky, L. S. (2011). Deferential differentiation: What types of differentiation do students want? Gifted Child Quarterly, 55(4), 279-299. http://doi.org/10.1177/0016986211422098  

VanTassel-Baska, J. et Stambaugh, T. (2005). Challenges and possibilities for serving gifted learners in the regular classroom. Theory Into Practice, 44, 211-217. https://doi.org/10.1207/s15430421tip4403_5  

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