Quand l’ennui s’invite en classe

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L’ennui sous la loupe 

L’ennui, lorsqu’il survient en classe, est un état temporaire qui comprend cinq dimensions (Pekrun et al., 2018 ; Vogel-Walcutt et al., 2012) : 

• Cognitive : un jugement que la situation est inadéquate ; 
• Affective : un ressenti d’émotion désagréable ; 
• Physiologique : une certaine somnolence ; 
• Comportementale : une diminution des réactions physiques ; 
• Motivationnelle : une volonté d’éviter cet état. 

En d’autres termes, cet état émotionnel pousse l’élève à trouver un moyen de s’extraire de la situation afin de cesser de ressentir l’ennui. Les stratégies mises en œuvre par l’élève pourront alors être productives… ou non ! 

L’affrontement ou la fuite ? 

Un élève qui s’ennuie en classe peut adopter deux types de stratégies pour y faire face : les stratégies d’approche, qui le recentrent sur la tâche et favorisent son engagement, ou les stratégies d’évitement, qui lui permettent de fuir la situation jugée ennuyante (Nett et al., 2010 ; 2011). En voici quelques exemples :  

Les stratégies d’évitement étant davantage associées aux conséquences négatives de l’ennui, il est préférable que les élèves adoptent plus souvent des stratégies d’approche pour y faire face. 

Équilibrer « freiner » et « accueillir » l’ennui : des pistes d’action 

Grâce à une approche centrée sur la prévention, il est possible de limiter les conséquences de l’ennui en classe. D’un côté, certains leviers pédagogiques peuvent être activés pour freiner l’apparition de cet ennui et, d’un autre côté, il est possible d’équiper les élèves pour que leur réaction face à l’ennui vise à rétablir leur engagement dans la tâche (Goetz et Hall, 2014). Voici quelques pistes d’action pour y parvenir :  

1. La relation et la passion comme antidotes : développer la relation avec ses élèves pour établir une confiance mutuelle, mieux les connaître et repérer leurs besoins ; mettre en valeur ses propres passions en tant que personne enseignante : la passion est contagieuse ! 
2. À chaque tâche sa valeur : intervenir sur la valeur des tâches réalisées en classe, leur signifiance et leur pertinence dans leur cheminement scolaire ou pour un métier futur : les élèves qui valorisent ce qu’ils font en classe vivent moins d’ennui !  
3. Redonner du contrôle à l’élève : offrir des choix et de la diversité, ainsi que des activités représentant un défi adéquat pour améliorer le sentiment de contrôle sur ce qui est fait en classe. 
4. Préparer à l’affrontement : enseigner explicitement les stratégies d’adaptation face à l’ennui : expliquer que certaines stratégies sont plus positives que d’autres et modéliser l’utilisation de ces stratégies. 

Références bibliographiques 

Camacho-Morles, J., Slemp, G. R., Pekrun, R., Loderer, K., Hou, H. et Oades, L. G. (2021). Activity achievement emotions and academic performance: A meta-analysis. Educational Psychology Review, 33(3), 10511095. https://doi.org/10.1007/s10648-020-09585-3 

Goetz, T. et Hall, N. C. (2014). Academic boredom. Dans R. Pekrun et L. Linnenbrink-Garcia (dir.), International handbook of emotions in education (p. 311-330). Routledge. https://doi.org/10.4324/9780203148211.ch16 

Pekrun, R., Muis, K. R., Frenzel, A. C. et Goetz, T. (2018). Emotions at school. Routledge. http://doi.org/10.4324/9781315187822 

Tze, V. M. C., Daniels, L. M. et Klassen, R. M. (2016). Evaluating the relationship between boredom and academic outcomes: A meta-analysis. Educational Psychology Review, 28(1), 119144. https://doi.org/10.1007/s10648-015-9301-y 

Vogel-Walcutt, J. J., Fiorella, L., Carper, T. et Schatz, S. (2012). The definition, assessment, and mitigation of state boredom within educational settings: A comprehensive review. Educational Psychology Review, 24, 89-111. https://doi.org/10.1007/s10648-011-9182-7