Ouvrir la boîte noire : comment aborder la compréhension des élèves ?
Appréhender ce qui se passe dans la tête d’un ou d’une élève n’est pas toujours aisé. Pourtant, pour gérer les apprentissages, chaque enseignant ou enseignante a besoin de connaître un ensemble d’informations internes à chacun et à chacune de ses élèves pour soutenir celui-ci dans son apprentissage. Dans cet article, nous présentons des gestes professionnels permettant à la personne enseignante de rendre observables (objectiver) la compréhension / les connaissances / les démarches mentales / les opinions ou les représentations des élèves. Les objectivations sont donc un ensemble de gestes professionnels qui permettent d’avoir accès, dans un dialogue pédagogique, à ce qui est interne à l’élève et « invisible » tant que ce n’est pas manifesté.
Source de l’image : Katerina Holmes
Valider la compréhension des élèves
Il y a certainement plusieurs manières de faire pour savoir si un ou une élève connaît quelque chose ou si cette personne a compris ce qui est évoqué lors d’une séquence d’enseignement ou d’apprentissage. L’enseignant ou l’enseignante peut demander à la classe entière ou à un ou une élève : « D’accord ? Ça va ? Ok ? », mais ce type d’intervention est peu utile, car cela ne renseigne pas précisément sur ce qu’a compris (ou non) l’élève. En effet, les élèves peuvent hocher la tête, sans même avoir compris. Il s’agit d’objectivations dites stéréotypées de la compréhension.
L’objectivation spécifique de la compréhension
La personne enseignante peut plutôt être spécifique et demander : « Qu’as-tu compris ? Peux-tu me reformuler avec tes mots ? ». L’élève peut alors exprimer sa compréhension. L’enseignant ou enseignante obtient une idée précise de la compréhension d’un ou d’une élève. Il peut savoir ce qu’a compris effectivement l’élève, mais aussi ce qu’il n’a pas compris et comment il a compris les choses. Avec ces informations, l’enseignant ou enseignante peut alors soutenir la compréhension de l’élève à l’aide de différents types de rétroactions ou d’aides. Par ailleurs, l’objectivation spécifique de la compréhension constitue l’épine dorsale de l’enseignement explicite qui vise à rendre visible le raisonnement des enseignants et des enseignantes et des élèves.
L’objectivation de la métacognition
L’objectivation peut aussi porter sur le contenu (la matière) du cours. L’enseignant ou enseignante peut, après avoir enseigné, mettre en œuvre des interventions telles que « Quelle est la capitale du Canada ? ». L’élève manifeste (ou non) sa connaissance du sujet. Il est possible d’aller plus loin et de connaître le raisonnement (les démarches mentales) d’un ou d’une élève. Pour cela, l’enseignant ou enseignante formule des objectivations de la métacognition. Par exemple, il dit : « Comment as-tu procédé pour arriver à ce résultat ? Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées ? ». Ce type d’objectivation est très important afin de permettre, dans un dialogue pédagogique, de valider la démarche d’un ou d’une élève (et non uniquement le résultat) ou, au besoin, de l’aiguiller.
Rendre visible
Enfin, en complément des gestes évoqués, la personne enseignante peut aussi formuler d’autres objectivations, invitant l’élève à rendre visible, expliciter un certain nombre de choses. Elle peut, par exemple, inviter l’élève à donner son opinion, à partager son expérience personnelle, mais aussi ses représentations.
Comme enseignants ou enseignantes, nous avons à cœur de faire progresser tous nos élèves. Aussi, le choix des élèves qui répondront à ces sollicitations est important. S’agit-il de l’élève qui lève la main (et qui a souvent la bonne réponse) ? Choisit-on un ou une autre élève (et si oui, pourquoi) ? La classe entière (et si oui, comment) ? Cela est abordé dans l’ouvrage ci-dessous.
Référence
Bocquillon, M., Baco, C., Derobertmasure, A., Demeuse, M. (2024). Enseignement explicite : pratiques et stratégies (1re édition). De Boeck Supérieur.
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