Microagressions en éducation : les comprendre pour mieux intervenir

Qu’entend-on par microagression ? 

Les microagressions sont des affronts brefs, courants et quotidiens, intentionnels ou non, qui : (a) peuvent être verbaux, comportementaux ou environnementaux et qui : (b) ont des effets physiques, émotionnels et mentaux sur les personnes qu’elles ciblent (Sue et al., 2011). 

Les microagressions surviennent dans un contexte où l’on dévalorise une personne en lien avec son appartenance à un groupe donné ou à l’inverse, dans un contexte où l’on bafoue son appartenance à un groupe.  

Par exemple, le fait de présumer qu’une personne originaire de la Chine est douée en mathématiques, c’est l’associer à un stéréotype de groupe et ignorer son individualité. À l’opposé, parler des lieux de cultes comme étant uniquement des églises génèrera un sentiment d’exclusion pour les gens qui pratiquent d’autres religions que le christianisme, puisque leur identité de groupe n’est ainsi pas reconnue (Cazzaniga, 2022). 

Ce qui rend particulièrement difficile ce type d’agressions, c’est non seulement leur caractère répété, mais aussi la dissonance entre ce que les personnes qui les reçoivent ressentent et ce que l’autre a voulu faire ou dire. En effet, les personnes qui perpétuent des microagressions sont généralement inconscientes de leurs propres biais et ne reconnaissent pas l’effet psychoémotionnel négatif de leurs gestes. Dans les faits, ce qu’elles ont de micro, ces agressions, ce n’est pas leur pouvoir de nuire, mais plutôt le fait que les personnes qui les perpétuent les considèrent comme anodines (Ha et McEwen, 2011).  

Les microagressions ont de grands impacts sur les personnes qui les reçoivent  

Les microagressions ont des implications graves sur la réussite, la santé mentale et l’estime personnelle. Elles nuisent aux performances et sapent la santé en créant des inégalités (Franklin, 2004 ; D. W. Sue, 2004). Certaines personnes abandonnent l’école ou le travail, s’isolent et, dans une large mesure, sont marquées psychologiquement par leurs expériences (Harrison et Tanner, 2018). 

De plus, prendre ou se faire donner la responsabilité d’éduquer les gens est une énorme charge pour les personnes qui vivent de la discrimination. L’énergie et le temps nécessaires pour expliquer peuvent être perçus comme trop importants. 

Enfin, la recherche nous informe que l’expérience particulière des microagressions raciales aurait plus d’influence et d’impacts que les autres formes ouvertes de racisme traditionnel (Solórzano, Ceja et Yosso, 2000).  

Quelques pistes d’action pour changer les choses 

1. Se questionner sur sa propre identité. Par exemple : sur ce que signifie être une femme blanche francophone ou sur le sentiment qu’on éprouve à l’égard des autres groupes.

Cela s’appelle développer sa conscience sociale et sa conscience raciale. Il existe même des tests en ligne pour nous aider à y réfléchir.

2. S’intéresser à la réalité des personnes différentes de soi.  

Il est possible d’améliorer son empathie et sa compréhension des réalités que vivent les personnes marginalisées en lisant des romans, en écoutant des séries télévisées ou même en suivant des personnes actives sur les médias sociaux qui parlent de leur vécu.   

3. Réagir devant les microagressions, mais pas n’importe comment.  

L’important est de prioriser la personne visée par la microagression plutôt que ses propres sentiments. 

Références

Cazzaniga, C. (2022). Microagressions au travail : comment les reconnaitre? URBANIA.  

Franklin, A. J. (2004). From brotherhood to manhood: How Black men rescue their relationships and dreams from the invisibility syndrome. Hoboken, NJ: Wiley. 

Ha, N. et McEwen, B. (2011). Microaggressions in everyday life: Race, gender, and sexual orientation. Women & Language, 34(1), 93-94. 

Harrison, C. et Tanner, K. D. (2018). Language matters: Considering microaggressions in science. CBE-Life Sciences Education, 17(1), 1-8. 

Sue, D. W. (2004). Whiteness and ethnocentric monoculturalism: Making the “invisible” visible. American Psychologist, 59, 759–769. 

Solórzano, D., Ceja, M., et Yosso, T. (2000, Winter). Critical race theory, racial microaggressions, and campus racial climate: The Experiences of African American college students. Journal of Negro Education, 69, 60–73. 

Sue, D. W., Rivera, D. P., Watkins, N. L., Kim, R. H., Kim, S. et Williams, C. D. (2011). Racial dialogues: Challenges faculty of colour face in the classroom. Cultural Diversity and Ethnic Minority Psychologie, 17(3), 331-340