Marcher favorise la mémorisation
Texte traduit et adapté de Memory performance boosted while walking, publié sur le Research Digest Blog le 23 juin 2010.
Une recherche allemande dirigée par Sabine Schaefer a révélé que la marche accroit les performances mémorielle des adultes et des enfants. En fait, cette étude montre que les personnes qui marchent pendant qu’elles exécutent une tâche mémorielle X ont de meilleures performances que lorsqu’elles effectuent cette même tâche en position assise.
Les psychologues envisagent généralement l’attention comme une ressource limitée : plus on mobilise l’attention sur une tâche, moins il en reste pour les autres tâches. Basées sur cette idée, d’innombrables études ont montré que le rendement se détériore lorsqu’on demande aux sujets d’accomplir deux tâches à la fois comparativement à une seule. Mais s’il n’existait pas qu’une seule source d’où nous puisons notre attention? Si nous disposions de plusieurs sources d’attention qui nous permettraient de réaliser différents types d’activité?
Selon cette hypothèse, si les deux tâches sont suffisamment différentes l’une de l’autre, on ne devrait noter aucune baisse de la performance lorsqu’on exécute deux tâches simultanément. Tel était le postulat de Sabine Schaefer qui a dirigé l’étude.
L’équipe de recherche a fait passer le test du N-back (un test couramment utilisé pour stimuler et mesurer l’activité cérébrale des sujets) à 32 enfants de 9 ans et 32 adultes (dont l’âge moyen est de 25 ans). Les participants ont dû le faire dans trois contextes : en marchant sur un tapis roulant à la vitesse qu’ils désiraient, en marchant sur un tapis roulant à une vitesse déterminée par les chercheurs ou en étant assis.
Les chercheurs ont constaté que les performances de la mémoire de travail des deux groupes d’âge étaient meilleures quand les sujets marchaient en faisant le test comparativement à leurs performances sur tapis à vitesse prédéterminée et fixe ou en position assise.
Ce résultat était particulièrement marqué lorsqu’on soumettait les participants à une version plus difficile du test et était encore plus prononcé chez les enfants. Ce résultat vient appuyer la thèse voulant que la performance mémorielle peut effectivement être supérieure quand le sujet effectue deux tâches simultanément.
Des sources d’attention possiblement distinctes
Pourquoi cette deuxième tâche qu’est la marche accroit-elle la performance mémorielle au lieu de lui nuire? Sans connaitre encore les mécanismes en cause, les chercheurs pensent que la source d’attention exploitée par une tâche sensori-motrice comme la marche est probablement distincte de la source d’attention exploitée par la mémoire de travail. De plus, selon les chercheurs, l’activité physique augmenterait la vigilance et l’excitation qui pourraient ensuite être investies dans la tâche cognitive.
Cela étant dit, pourquoi les performances mémorielles ne se sont-elles pas meilleures lorsque les participants marchent sur le tapis roulant à une vitesse déterminée par les chercheurs? La vitesse de marche prédéterminée était beaucoup plus lente que la vitesse moyenne à laquelle les participants préféraient marcher. Il est donc possible que l’exercice n’ait pas été assez vigoureux pour assurer une vigilance accrue qui pourrait être bénéfique pour la mémoire. Encore, il est possible que le défi que constitue la marche à une vitesse déterminée soit cognitivement exigeant, en puisant dans la même source d’attention que la tâche mémorielle.
Schaefer et son équipe pensent que leur découverte pourrait éventuellement mener à la conception d’outils utiles aux enfants qui ont un trouble de l’attention avec hyperactivité (TDAH). « Les enfants hyperactifs pourraient également être en mesure de tirer profit d’un certain type de mouvement cohérent qui ne nécessite pas beaucoup d’attention, même si on dit souvent que ces enfants ont plus de problèmes que les autres quand vient le moment de partager leur attention entre deux tâches simultanées. »
Sabine Schaefera, Martin Loumlvdeacutena, Birgit Wieckhorsta, Ulman Lindenbergera (2010). Cognitive performance is improved while walking: Differences in cognitive-sensorimotor couplings between children and young adults. European Journal of Developmental Psychology, vol. 7, no 3 (mai 2010), p.371 – 389 (télécharger l’article [PDF]).
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Contribuez à l’appréciation collective
lisez la réflexion de Lénine sur la marche et la mémorisation .
vous serez agréablement surpris!
Je vous invite à lire l’article du journal l’Actuel. http://www.lactuel.com/Societe/Education/2010-01-12/article-1184690/Des-jeunes-resolus-a-marcher-1-km-chaque-jour/1
Le journaliste y fait état du projet que nous avons réalisé à l’école primaire de la Source (Loretteville/Québec). Tous les matins, avant le début des classes, les élèves de la classe de 3′ année du primaire marchaient 1 Km. Ils ont ainsi fait plus de 120 Km lors de l’année scolaire 2009-2010.
Le projet a été très positif et a attiré l’attention des écoles voisines. Les bénéfices semblent avoir été nombreux: meilleure dynamique de groupe, meilleure attention en classe, développement de liens plus fort avec les résidents voisins de l’école, développement de saines habitudes de vie, …
Je communique avec la professeure et l’invite à vous témoigner directement de cette expérience.
Alain Lévesque
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Merci de votre commentaire et d’avoir porté à notre connaissance cette expérience menée en sol québécois!
Véronique D’Amours