L’orthopédagogie palliative : une approche à éviter ?

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Mis à jour le 24 Mar 2025

Au Québec, il a été observé qu’un passage s’effectue d’une orthopédagogie d’intervention vers une orthopédagogie palliative. Cet article permet de différencier ces deux types d’approches orthopédagogiques et de réfléchir à l’utilisation de l’approche palliative auprès des élèves en difficulté d’apprentissage en lecture et en écriture.  

Source de l’image : Shutterstock 

Quelques définitions 

  • Orthopédagogie d’intervention : L’orthopédagogie d’intervention vise à réduire l’écart de rendement entre un enfant en difficulté et ses pairs.  
  • Orthopédagogie palliative : L’orthopédagogie palliative chercher à alléger les difficultés d’apprentissage d’une personne apprenante, en utilisant un soutien technologique.  

5 raisons de se questionner sur l’utilisation de l’approche palliative 

1. Ce type d’orthopédagogie n’est pas appuyé sur des preuves scientifiques suffisantes pour démontrer son efficacité. Il existe d’ailleurs des incidences potentiellement négatives sur ce type d’intervention auprès des enfants en difficulté en lien avec leur potentiel d’apprentissage et leur développement général optimal (Boyer, 2025; Boyer et Bissonnette, 2025).  

Pour en savoir davantage: L’oralisation d’un texte par synthèse vocale : une efficacité non démontrée 

2. La grande présence des appareils numériques dans le quotidien des enfants est liée à des problèmes socioémotionnels importants, comme l’anxiété, la dépression, la dépendance ou les comportements impulsifs ainsi qu’à des troubles cognitifs qui peuvent être particulièrement handicapants, tels que la réduction des capacités d’attention et de la concentration.  

3. La lecture sur un écran apparaît comme étant moins efficace que la lecture sur papier. L’écriture manuscrite est également plus bénéfique pour le développement cérébral que l’utilisation d’un clavier.

4. L’orthopédagogie palliative repose sur une vision médicale de la difficulté d’apprentissage, où le soutien technologique est vu comme un remède, semblable à des lunettes pour un problème de la vue. Or, la capacité de voir n’est pas un apprentissage, contrairement au développement des habiletés en lecture et en écriture.  

5. Un usage régulier ou continu d’un soutien technologique compromet la pratique des habiletés en lecture et en écriture en réduisant les occasions de pratiquer l’apprentissage pour le développer et le maîtriser. Cela engendre des effets délétères sur le développement des habiletés scolaires, ainsi que sur le développement général des enfants. Pourtant, la grande majorité des enfants (entre 96 et 98 %) peuvent faire les mêmes apprentissages que ceux de leur groupe d’âge (Hansford, 2023).  

Ces informations invitent fortement à privilégier l’orthopédagogie d’intervention à celle de nature palliative. La prudence s’impose dans l’utilisation d’un soutien technologique, comme les tablettes ou les ordinateurs portables avec les enfants qui éprouvent des difficultés dapprentissage en lecture et en écriture. L’utilisation des interventions orthopédagogiques basées sur la recherche scientifique empirique est essentielle pour l’aide aux enfants en difficulté, sans quoi le recours à des interventions sans données probantes pourrait très bientôt être judiciarisé comme cela a débuté tant au Canada qu’aux États-Unis (Boyer, 2025). 

Références  

Boyer, C. (2025). L’intervention orthopédagogique de rattrape ou de soulagement? Éditions de l’apprentissage. https://www.editionsdelapprentissage.com/ewExternalFiles/Ortho.Rat.Soul.1.BB.CB.Y-1.pdf  

Boyer, C., Bissonnette, S. (2025). Comment peut-on justifier le passage de l’orthopédagogie de rattrapage à celle de soulagement? https://www.editionsdelapprentissage.com/ewExternalFiles/Ortho.Comment.Soul.2.CBO.YYYX.pdf  

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