L’autochtonisation des universités, oui, mais comment?

Les pratiques à privilégier

Afin de dégager des approches pédagogiques favorisant la réussite universitaire des étudiants autochtones, les chercheurs ont mené des entretiens avec six professeurs et quatre chargés de cours à l’UQAT, dont les classes comportent des étudiants autochtones.

Il est possible de repérer plusieurs similitudes dans la vision de l’éducation de plusieurs communautés autochtones. Ces similitudes se déclineraient en cinq composantes (Gingras-Lacroix et Labra, 2021) :

1) accorder une importance particulière aux territoires;

2) impliquer la communauté et la famille dans le processus d’apprentissage;

3) promouvoir les langues autochtones;

4) utiliser des approches pédagogiques holistiques;

5) favoriser un processus de décolonisation.

Les approches favorisant la réussite des étudiants autochtones

Les résultats de cette recherche démontrent que la majorité des professeurs adapteraient très peu leur modèle d’enseignement malgré la présence d’étudiants autochtones dans leur classe. Toutefois, plusieurs enseignants mettent en œuvre des pratiques qui favoriseraient la réussite scolaire de ces étudiants. En ce sens, voici quelques approches qui faciliteraient la rétention et la réussite des étudiants autochtones en contexte universitaire.

L’approche pédocentrée : Les professeurs oscilleraient entre le modèle magistrocentré, où l’enseignant est perçu comme un expert et partage ses connaissances théoriques, et le modèle pédocentré, qui place l’enseignant comme accompagnateur et laisse « les étudiants devenir maitres de leurs apprentissages ». Les objectifs et le contenu du cours seraient plus déterminants dans le choix de modèle que la présence d’étudiants autochtones. Toutefois, pour les étudiants autochtones, l’approche pédocentrée serait plus favorable puisqu’elle est axée sur leur expérience, leur vécu et les situations concrète.

L’approche holistique : « L’utilisation d’une approche favorisant des apprentissages à caractère holistique est grandement recommandée en contexte de classe autochtone. » (Gingras-Lacroix et Labra, 2021) Cette approche comprend l’éducation comme un développement intellectuel, émotionnel, physique et spirituel en parts égales. « Toutefois, dans le discours des participants, aucune méthode pédagogique visant explicitement des apprentissages holistiques n’a pu être identifiée. » (Gingras-Lacroix et Labra, 2021)

L’écoute, la flexibilité, l’ouverture et le respect : Lors des entretiens, la présence de ces quatre attitudes adoptées par le corps professoral a ressorti comme étant très importante pour la réussite éducative des étudiants autochtones « notamment envers la notion de silence, les savoirs autochtones et le rythme d’apprentissage des étudiants » (Gingras-Lacroix et Labra, 2021).

La contextualisation des apprentissages : Il serait important de placer les expériences des étudiants autochtones au cœur des apprentissages et de créer des liens avec la théorie à partir de celles-ci. La valeur temporelle s’avère aussi essentielle pour ces étudiants et les apprentissages doivent tenir compte de leurs expériences passées, présentes et futures.

Conclusion

Afin de favoriser la réussite scolaire des étudiants autochtones, il est nécessaire de préconiser les approches et les comportements qui facilitent leurs apprentissages. Cette étude démontre qu’il est nécessaire de mieux outiller le corps professoral en matière de pédagogie adaptée aux étudiants autochtones afin de favoriser une meilleure rétention et une réussite accrue de ceux-ci.

Références

Gingras-Lacroix, G. et Labra, O. (2021). Les pratiques enseignantes mises en œuvre en contexte de classe autochtone universitaire : analyse du discours du corps enseignant d’une université québécoise. Canadian Journal of Education/Revue canadienne de l’éducation, 44(4), 1051-1083. https://doi.org/10.53967/cje-rce.v44i4.5043