La pédagogie queer comme solution à l’intolérance

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Le chercheur britanno-colombien Hasheem Hakeem s’est penché sur la présence marquée d’homophobie et de transphobie dans les écoles secondaires de sa province, où plusieurs mesures inclusives ont aussi été mises en place. Force est de constater que la pédagogie inclusive ne suffit pas à contrer la discrimination. Hakeem propose ainsi d’adopter une pédagogie queer, basée sur huit grands principes découlant de sa recherche.

La pédagogie inclusive, ce n’est pas assez ? 

Depuis plusieurs années déjà, la pédagogie inclusive s’est installée dans nos écoles. Le corps enseignant, sensible aux réalités plurielles de ses élèves, intègre des pratiques favorisant l’inclusion de tous les élèves. Que l’on parle de sensibilisation à la différence par la littérature ou par l’éducation sexuelle, ou d’intervention en cas d’intimidation, l’accent est mis sur cette différence et l’acceptation de ceux qui sont perçus comme différents. Ces pratiques inclusives ne parviennent apparemment pas à transposer ces efforts en une réelle inclusion. Selon Hakeem, cela serait attribuable au fait que la pédagogie inclusive prône la tolérance sans toutefois s’attaquer aux rapports de pouvoir entre la majorité qui « tolère » et la minorité qui est « tolérée ». Il affirme même que la pédagogie inclusive ne serait inclusive qu’en apparence, et qu’elle ne contribuerait en fait qu’à reproduire les inégalités sociales en ne remettant pas en question les normes et les rapports de pouvoir. 

La pédagogie queer, qu’est-ce que c’est ? 

La pédagogie queer est une approche considérée comme anti-oppressive et nécessite de la personne enseignante d’approcher la diversité sous un angle différent. Plutôt que d’y voir la diversité sexuelle et de genre comme étant les gens faisant partie d’une minorité, on y considère le caractère unique de chaque individu. Ce n’est pas de nier le fait, par exemple, qu’une majorité cisgenre hétérosexuelle existe. C’est plutôt nier le fait que cette majorité est la norme et de questionner les rapports de pouvoirs engendrés par cette normalisation. Le rôle de l’enseignant ne s’y résume donc pas à enseigner l’ouverture et la tolérance face à la différence, mais plutôt à amener les élèves à questionner les normes. 

Huit grands principes de la pédagogie queer 

Afin d’adopter une pédagogie queer, Hakeem propose huit principes à appliquer :  

1. Il existe une diversité sexuelle, d’identités de genre et d’expressions de genre chez tous les êtres humains, et ces diversités sont intersectionnelles ; 
2. Il n’y a pas nécessairement de lien entre sexualité, identité et expression de genre ; 
3. L’hétérosexualité comme norme majoritaire est une illusion sociale ; 
4. La vision binaire du genre est le résultat du processus de normalisation social ; 
5. L’homophobie est une forme de discrimination systémique ; 
6. L’homophobie et la transphobie sont souvent une performance pour être perçus comme faisant partie de la norme ; 
7. Quelles que soient les normes, certaines personnes s’y conformeront ou s’y opposeront, à différents niveaux et à différents degrés ; 
8. Le conflit et l’inconfort sont nécessaires pour faire de la classe un endroit où l’on développe la pensée critique et la remise en question des normes dominantes. 

La pédagogie queer vous semble une approche inconfortable à adopter ? Hakeem nous rappelle qu’il est de notre devoir de développer chez nos élèves l’esprit critique et la remise en question des normes du moment. 

Référence 

Hakeem, H. (2021, 2021-12-04). Axiomes de la pédagogie queer. Voix Plurielles, 18(2), 261-273. https://doi.org/10.26522/vp.v18i2.3411