La concertation pour soutenir la persévérance des personnes étudiantes autochtones en transition au collégial

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Mise en contexte 

Les établissements postsecondaires québécois sont sensibles à la réalité des Autochtones et, en 2023, 46 % d’entre eux disposaient de services dédiés à leur accompagnement (CRTÉSÉA, 2023). Ces services sont documentés dans la littérature scientifique, mais celle-ci occulte souvent le soutien offert par les familles, les communautés ou les organismes autochtones en milieu urbain (Blanchet-Cohen et al., 2021). C’est dans ce contexte que cette maîtrise a été réalisée (voir la section « Pour en savoir plus »).  

Survol de la méthodologie 

Le projet de maîtrise s’insère dans une étude collaborative menée au Saguenay–Lac-Saint-Jean auprès de trois groupes :  

• Personnes étudiantes autochtones au postsecondaire ; 
• Membres de leurs familles ; 
• Personnes intervenantes qui les accompagnent au quotidien dans les établissements d’enseignement.  

La collecte de données a été réalisée en deux phases à l’aide d’entretiens semi-dirigés et de calendriers de vie ayant permis de récolter le récit du parcours scolaire de 14 personnes étudiantes autochtones. Dans le cadre de ce projet de maîtrise, une analyse secondaire a été réalisée à partir du récit de six étudiantes innues et attikameks au collégial.   

Un soutien essentiel à la persévérance scolaire 

L’analyse des résultats (Tableau 1) a montré que les effets des défis qui surviennent pendant la scolarité peuvent être atténués par les types de soutien offerts.  

Tableau 1 : Le soutien offert lors des études collégiales  

Les résultats soulignent le fait que la famille, la communauté et les organismes en milieu urbain sont davantage susceptibles d’offrir du soutien instrumental afin d’aider les personnes étudiantes qui disposent parfois de moins de ressources pour se nourrir ou se loger. Celui-ci est essentiel, car, si les besoins de base ne sont pas comblés, les personnes étudiantes risquent d’être moins concentrées sur leur scolarité, ce qui peut mener au décrochage (De Sande et al., 2018). 

Une fois les besoins fondamentaux satisfaits, les résultats révèlent l’importance du soutien émotionnel. Les étudiantes rencontrées ont rapporté vivre des difficultés à développer un sentiment d’appartenance à leur ville ou à leur établissement d’études, ce qui est engendré par un sentiment d’isolement et l’éloignement de leur réseau habituel. Les familles, les membres de la communauté et les organismes autochtones, par le soutien apporté, sont considérés comme des facteurs de protection susceptibles d’améliorer le bien-être et de favoriser la persévérance (Herkimer, 2021). 

Enfin, bien que le soutien informationnel soit essentiel à la réussite scolaire, les résultats montrent qu’il est peu dispensé par ces trois groupes. Cela peut s’expliquer par le fait que les personnes étudiantes autochtones sont fréquemment de la première génération à accéder aux études postsecondaires (RCAAQ, 2020). Il peut alors être difficile pour leur entourage de les aider avec les défis relatifs aux fonctionnements des études. À ce niveau, les personnes œuvrant dans les établissements d’enseignement peuvent jouer un rôle essentiel. En plus de pouvoir prodiguer certaines formes de soutien instrumental et émotionnel, il s’agit d’un groupe ayant les ressources pour offrir de l’information sur le fonctionnement des études ou des services d’aide disponibles (CRTÉSÉA, 2023). 

Conclusion 

Finalement, les résultats appellent les établissements d’enseignement à penser l’accompagnement de façon plus holistique. Les défis vécus par les personnes étudiantes autochtones ne sont pas seulement scolaires et chaque type de soutien a son importance. Ainsi, une meilleure concertation avec la famille, les communautés et les organismes autochtones en milieu urbain permettrait aux personnes œuvrant dans les établissements d’enseignement d’orienter plus efficacement les personnes étudiantes vers les bonnes ressources afin de garantir une réponse optimale aux besoins diversifiés. Ultimement, cela pourrait contribuer à adoucir les transitions et favoriser la réussite éducative.  

Références 

Arnold, C. K. et Harris, S. P. (2024). Instrumental support : Accounts from adults with intellectual and developmental disabilities. Journal of developmental and physical disabilities. https://doi.org/10.1007/s10882-024-09981-5   

Arriagada, P. (2021). Regards sur la société canadienne : Les réalisations, les expériences et les résultats sur le marché du travail des femmes des Premières Nations, métisses et inuites titulaires d’un baccalauréat ou d’un diplôme de niveau supérieur. (Publication no 75-006-X au catalogue ISSN 2291-0840). Statistique Canada. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/75-006-x/2021001/article/00009-fra.htm 

Blanchet-Cohen, N., Robert-Careau, F. et Pinsonneault, A. (2021). Repenser le soutien des transitions scolaires pour les jeunes autochtones en milieu urbain. Éducation et Francophonie 49(1), 112-132. https://doi.org/10.7202/1077004ar 

Capponi, I., Bacro, F. et Boudoukha, A. H. (2013). Effets différentiels des types de soutien social sur l’anxiété maternelle périnatale. Bulletin de psychologie, 3(52), 209-224. https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-psychologie-2013-3-page209.htm?ref=doi   

Comité de recherche sur les transitions aux études supérieures des étudiants.es autochtones [CRTÉSÉA]. (2023). Favoriser les transitions afin de soutenir la persévérance scolaire des étudiants.es des Premières Nations au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Université du Québec à Chicoutimi, Écobes – Recherche et transfert et Cégep de Jonquière. https://constellation.uqac.ca/id/eprint/9262/ 

De Sande, A. V., Beauvolsk, M.-A. et Larose-Hébert, K. (2018). Le travail social théories et pratiques. Chenelière Éducation.  

Dubuc, M. (2022). L’expérience de la transition vers les études postsecondaires au Québec : Points de vue des étudiants ayant un trouble de déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH). [Mémoire de maîtrise, Université du Québec à Trois-Rivières]. Cognitio. https://depot-e.uqtr.ca/id/eprint/10435 

Fleury, C. et Rheault, S. (2014). Le soutien familial obtenu au cours de la vie. Données sociodémographiques en bref, 18(2), 13-18. https://statistique.quebec.ca/fr/document/le-soutien-familial-au-cours-de-la-vie 

Herkimer, J. (2021). Campons sur nos positions : Persévérance et décrochage des étudiants autochtones de niveau postsecondaire. https://indspire.ca/wp-content/uploads/2021/12/Holding-Our-Ground-Report-FR-Final-WEB1.pdf 

Lacombe, C., Vioulac, C., Dorard, G. et Untas, A. (2024). Les caractéristiques du soutien émotionnel apporté par les jeunes adultes aidants : une étude exploratoire qualitative. Pratiques psychologiques, 30(3), 187-203. https://doi.org/10.1016/j.prps.2024.03.004  

Pauzé, R. (2017). Recension des écrits sur la transition vers l’âge adulte. Centre RBC d’expertise universitaire en santé mentale et Université de Sherbrooke. https://sante-mentale-jeunesse.usherbrooke.ca/wpcontent/uploads/2020/10/Recension-finale-06-mars-2017.pdf 

Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec [RCAAQ]. (2020). Favoriser la persévérance et la réussite éducative des étudiants autochtones au postsecondaire. https://www.rcaaq.info/wp-content/uploads/2020/02/RCAAQ_2020_Favoriser-la-perse%CC%81ve%CC%81rance-et-la-re%CC%81ussite-e%CC%81ducative-des-e%CC%81tudiants-autochtones-au-postsecondaire-FR.pdf 

Robert-Careau, F. (2019). Pour favoriser l’inclusion des jeunes autochtones dans les collèges. Une ethnographie de l’expérience collégiale des étudiants autochtones. Pédagogie collégiale, 33(1). https://mobile.eduq.info/xmlui/bitstream/handle/11515/38040/robertcareau-33-1-19.pdf?sequence=2&isAllowed=y