Il faut revendiquer le jeu libre
Les vertus du jeu libre sont connues et appuyées par une vaste communauté en éducation. À cet effet, le nouveau programme-cycle de l’éducation préscolaire (ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur [MEES], 2021) offre au jeu libre une place privilégiée. Pour Amandine Caudron (2021), enseignante, il s’agit de donner « enfin » la possibilité au jeu libre de prendre la place qu’il mérite.
Dans le cadre d’un article publié dans l’édition de décembre 2021 de la revue Préscolaire de l’Association d’éducation préscolaire du Québec [AEPQ], Amandine Caudron, enseignante, propose son point de vue professionnel sur l’importance du jeu libre. Pour lire l’article original et découvrir les trucs et astuces de l’enseignante, cliquez ici : https://aepqkiosk.milibris.com/reader/91c24a39-1dd6-492a-937f-0561038cc3c4?origin=%2Frevue-prescolaire%2Frevue-prescolaire%2Fn594-2021.
Qu’il soit individuel ou accompagné, le jeu libre demeure un espace d’apprentissage extraordinaire et une stratégie pédagogique dont on sous-estime trop souvent l’efficacité. De manière générale, le jeu libre se définit notamment par l’autonomie de choix qu’a l’enfant tant dans le contenu du jeu (le thème, les objets privilégiés, etc.) que dans la façon de jouer (la présence d’amis ou pas, l’espace de jeu, etc.). L’enfant a donc la liberté de choisir, d’inventer et d’organiser son jeu selon ses centres d’intérêt du moment.
Qu’entend-on par jeu libre individuel?
Le jeu libre est une initiative de jeu qui appartient à l’enfant qui, le temps durant, en contrôle le développement quant au fond et à la forme. Le jeu libre individuel est essentiellement lié à une initiative que l’enfant prend seul, à son rythme et selon ses propres préférences. Ce n’est donc pas un espace de jeu négocié ou partagé par l’enfant avec d’autres enfants.
Qu’entend-on par jeu accompagné?
Lorsque l’on parle de jeu libre « accompagné », il est question de l’étayage que l’enseignant ou l’éducatrice peut soutenir en proximité du jeu. Sans jamais intervenir de manière directe, il s’agit de manifester de l’intérêt à l’égard des représentations qui émergent des situations de jeu menées par l’enfant; par exemple, poser une question sur une découverte soudaine en laissant l’enfant s’exprimer sur celle-ci. C’est, en fait, d’être attentif, disponible et accessible aux possibilités qu’offre le jeu d’approfondir certains apprentissages en amenant l’enfant à faire des liens entre ses découvertes ou ses réalisations.
Il demeure toutefois essentiel que l’adulte maintienne sa position extérieure au jeu, en assurant davantage une écoute subtile et intéressée. L’idée est de démontrer un intérêt envers les découvertes ou les réalisations que l’enfant fait à l’intérieur de son jeu, de le relancer en le questionnant et non d’être directif.
L’extérieur et le plein air, une occasion de jeu libre sans limites
Selon madame Caudron, le jeu libre est une manière formidable de saisir le plein potentiel de l’environnement extérieur. D’ailleurs, il s’agit pour l’enseignante d’un espace stratégique d’une grande pertinence pour optimiser les apprentissages de l’enfant. Dans le contexte extérieur, l’enfant bénéficie en effet d’un territoire plus grand qui offre une diversité de possibilités de jeu pour lui. L’extérieur permet la course et une plus grande liberté dans ses actions, ce qui fait de la sortie plein air une case stratégique pour laisser les enfants en période de jeu libre « relativement » sans limites.
En somme, toutes les occasions sont bonnes pour laisser les enfants expérimenter, découvrir et apprendre. Il suffit de prendre le temps pour leur laisser le temps. En effet, c’est spécifiquement ce que propose le nouveau programme d’éducation préscolaire, soit :
« […] chaque enfant doit bénéficier de suffisamment d’espace et de temps pour s’engager dans son jeu. S’il sait qu’il aura assez de temps pour le déployer, il s’y investira. Au contraire, le jeu restera superficiel si le temps alloué est trop court. » (MEQ, 2021, p. 9 dans Caudron, 2021, p. 8)
En plus des fonctions motrices, la création d’espace de jeux libres consolide des habiletés fondamentales au sain développement de l’enfant. Ce sont les habiletés à agir et à se situer dans l’espace et dans le temps, à percevoir les éléments du réel, à apprendre à entrer en relation avec l’autre, à communiquer et à intégrer le monde social de manière autonome. Bref, le jeu libre est à la fois une stratégie pédagogique et une stratégie d’apprentissage aussi simple que complexe servant à développer chez l’enfant des capacités individuelles et collectives cruciales pour la suite de son parcours éducatif, entre autres.
Références
Caudron, A. (2021) Il faut revendiquer le jeu libre. Revue préscolaire, 59(6), 8-11.
Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES) (2021). Programme-cycle de l’Éducation préscolaire. http://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/education/jeunes/pfeq/Programme-cycle-prescolaire.pdf
Cet article s’inscrit dans un partenariat de diffusion interorde avec l’Association d’éducation préscolaire du Québec.
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