GAP-Orientation : Une histoire où les professionnels de l’orientation sont les héros
Connaissez-vous ces fameux « livres dont vous êtes le héros », où le lecteur devient un personnage dont les choix influencent le déroulement de l’histoire? Dans l’aventure GAP-Orientation, les professionnelles et professionnels de l’orientation deviennent tour à tour des héros pour leurs collègues. Ils les aident à changer le cours d’une histoire d’impasse professionnelle débutant par une difficulté de transition du secondaire au collégial, où le choix scolaire et de carrière est en cause.
Les jeunes connaissent plein de rebondissements dans leur processus d’orientation, souvent marqué par le renoncement, l’indécision, les difficultés d’apprentissage, l’échec scolaire, la désapprobation d’un proche, l’anxiété, le manque d’estime de soi, etc. Les professionnelles et professionnels de l’orientation se retrouvent quotidiennement au cœur de ces tourments qui deviennent parfois les leurs. Coup de théâtre! Ces défis professionnels sont source d’apprentissage et de transformation des pratiques, lorsqu’une occasion de codéveloppement se présente…
GAP-Orientation : combler le fossé entre l’impasse professionnelle et la difficulté de transition
Par Nathalie Perreault, conseillère d’orientation et France Picard, Ph. D., professeure agrégée à la Faculté des sciences de l’éducation, Université Laval.
GAP-Orientation (pour Groupe d’Accompagnement des Professionnels-les de l’Orientation) est un projet de formation continue et de recherche. Il rassemble des intervenantes et des intervenants, soucieux d’améliorer leur pratique professionnelle, en s’engageant dans une communauté d’apprentissage qui s’enracine dans leur milieu. Des conseillères et conseillers d’orientation (c.o.), des aides pédagogiques individuels (api) et des conseillères et conseillers en information scolaire et professionnelle (cisep) se rassemblent pour tenter de résoudre des impasses dans leurs interventions auprès de jeunes ou d’adultes en transition. De plus, inviter des professionnelles et professionnels du secondaire et du collégial à s’asseoir autour d’une même table permet de combler le fossé créé par la structure scolaire, en facilitant la sensibilisation aux enjeux d’orientation scolaire et professionnelle de l’Autre.
L’origine du projet
France Picard, professeure au département des Fondements et pratiques en éducation à l’Université Laval, a eu l’idée de ce projet alors qu’elle effectuait une recherche collaborative avec des professionnelles et des professionnels de l’orientation au collégial. Au moment de la collecte de données, elle a été sensible à leur besoin d’échanger sur leurs pratiques et à l’intérêt manifesté au regard des façons de faire de leurs collègues. Quelques lectures sur le codéveloppement suivies de discussions avec des collègues l’ont vite convaincue qu’il y avait là un filon intéressant. C’est ainsi qu’est né GAP-Orientation.
Ce projet a reçu l’appui de huit commissions scolaires, du Carrefour de la réussite, de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec, de la Fédération des commissions scolaires et du CTREQ. Le Ministère de l’Éducation du Loisir et du Sport en assume le financement dans le cadre du Chantier 7. L’équipe GAP-Orientation est composée de quatre professeurs-chercheurs (Bruno Bourassa, Jonas Masdonati, Annie Pilote et France Picard), de deux conseillers d’orientation (Jean-François Perron et Nathalie Perreault) et de deux étudiantes (Suzy Patton et Isabelle Skakni). On mise sur la complémentarité des expériences des chercheurs et des praticiens.
Qui sont nos héros?
L’équipe a mis sur pied quatre groupes de codéveloppement, composés de huit à douze professionnelles et professionnels de l’orientation issus de six régions du Québec. Des c.o., des api ou des cisep venant d’écoles secondaires, de centres d’éducation des adultes ou de collèges y participent. Un groupe a déjà complété ses séances de codéveloppement, deux autres en ont fait plus de la moitié et un dernier groupe débute au printemps 2013. Mais au fait, qu’est-ce que le codéveloppement?
« Entre le café-croissant et le groupe de croissance personnelle »
Le codéveloppement échappe à la légèreté d’une discussion du type « café-croissant » dans la salle du personnel, mais n’est pas non plus une analyse du type « groupe de croissance personnelle ». Selon Adrien Payette et Claude Champagne (1997), « le groupe de codéveloppement professionnel est une approche de formation qui mise sur le groupe et sur les interactions des participants pour favoriser l’atteinte de l’objectif fondamental : améliorer la pratique professionnelle. » Cette approche a été mise au point avec des gestionnaires. Ces derniers soumettent un problème au groupe afin que leurs pairs contribuent à mieux cerner la situation et à chercher de nouvelles pistes de solution. Cette méthode aide à structurer les données du problème, à s’attarder plus qu’à l’habitude sur ce qui pose problème, à prendre du recul et à explorer d’autres manières d’agir. Le codéveloppement est une démarche collective, mais la réflexion personnelle continue son œuvre entre les séances. L’équipe a adapté ce modèle aux besoins des professionnelles et professionnels de l’orientation. Un modèle en sept étapes est mis en application.
Comment ça se passe concrètement?
D’abord, on réunit les membres du groupe dans un lieu tranquille, loin des tracas du quotidien. Chaque séance est animée par une dyade composée d’un chercheur et d’un professionnel qui accompagnent les membres du groupe dans la traversée des étapes de codéveloppement. Rapidement, les professionnelles et professionnels en maîtrisent les étapes et aiguisent leurs commentaires lors de la clarification de la problématique. Le processus de codéveloppement comporte sept rencontres. Une séance permet d’aborder un ou deux sujets et le groupe décide de manière démocratique de ce qui sera traité. Les cas exposés s’inspirent d’expérience d’intervention récente ou en cours, dans laquelle une impasse, un malaise ou une incertitude est perçue. Les discussions se déroulent sous le sceau de la confidentialité. Jusqu’à maintenant, diverses thématiques d’orientation scolaire et professionnelle (OSP) ont été abordées, soit : l’indécision, l’intervention des parents dans le choix des jeunes, les défis posés aux communautés culturelles, les élèves ou les étudiants en situation de difficultés d’apprentissage ou d’adaptation (ex. : troubles de déficit d’attention avec ou sans hyperactivité, trouble envahissant du développement, dyslexie sévère, etc.). Bref, les problématiques soulevées rejoignent les enjeux et les défis de l’heure en matière de transition secondaire-collégial.
Une communauté de pratique en ligne
Entre les séances, les échanges se poursuivent en ligne. Les membres de chaque groupe peuvent compter sur un site Web sécurisé qui leur est propre. Ce site a été conçu par le Centre de services et de ressources en technopédagogie de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval. On y trouve les profils des membres, un blogue où se poursuivent les discussions sur les sujets abordés et où les chercheurs interviennent, une bibliothèque numérique où sont classées les références partagées ainsi que des journaux réflexifs individuels.
Une histoire qui finit bien
La première expérience de codéveloppement s’est traduite par plusieurs retombées positives. Les participantes et les participants ont mentionné le fait 1) de s’accorder un temps de réflexion sur sa pratique, hors du tourbillon qui les aspire au quotidien, 2) de sortir de l’isolement, 3) de mettre en application une méthode d’analyse de sa pratique, 4) de développer son pouvoir d’agir dans son milieu, 5) de varier ses interventions en s’inspirant des pratiques des collègues, 6) de développer un esprit de corps dans le groupe, incluant la naissance de collaborations en dehors des séances et 7) de consulter les lectures proposées par les chercheurs en lien avec le cas soulevé. Ces retombées n’ont d’égales que celles des chercheurs qui y ont trouvé un contexte privilégié pour le transfert de connaissances auprès des groupes de professionnels, mais aussi une occasion pour prendre le pouls de la pratique de l’orientation dans les commissions scolaires et les collèges. En outre, de la variété des problématiques soulevées et des solutions apportées (les recadrages), on peut en tirer des exemples types susceptibles d’inspirer et d’enrichir les pratiques de l’orientation en contexte de transition vers le postsecondaire. Cette « double vraisemblance » ou cette résonnance praticiens-chercheurs a créé un dialogue enthousiaste et productif. Espérons qu’il y aura un deuxième tome à cette histoire dont les professionnels sont les héros! À suivre…
À lire
Suggestion des auteures
Payette, Adrien et Champagne, Claude. (1997). Le groupe de codéveloppement professionnel, Ste-Foy, Presses de l’Université du Québec.
S’orienter au collégial (RIRE)
Lucie Demers, conseillère d’orientation, et France Picard, professeure à l’Université Laval, ont mené une étude pour observer si les cours d’OSP permettent de surmonter les obstacles vécus par les élèves lors de son entrée aux études supérieures. Cette recherche a permis de mettre en lumière certaines pratiques mises en œuvre dans ces cours plus susceptibles de favoriser la persévérance de l’élève pendant cette transition importante.
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Contribuez à l’appréciation collective
Ceci est très intéressant! Je souhaite que ma commission scolaire ( de la Capitale,pour ne pas la nommer…!), adhère au projet afin que mes collègues et moi puissions y participer dans l’avenir…!?
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Bonjour Monsieur Guay,
Merci pour votre commentaire.
Je vous encourage à communiquer directement avec Madame Nathalie Perreault (Nathalie.Perreault@fse.ulaval.ca) pour plus de détails au sujet d’une éventuelle collaboration.
Bonne continuation dans vos projets!
Salutations cordiales,Bruno Hubert, chargé de la veille et du RIRE
Centre de transfert pour la réussite éducative du Québec (CTREQ)
418 658-2332, poste 29 – bruno.hubert@ctreq.qc.ca