Soutenir les élèves par l’évaluation avec le numérique

Lecture : 4 min.
Mis à jour le 07 Mar 2021

Temps approximatif de lecture : 3 à 4 minutes

Par :

Sophie Nadeau-Tremblay, École en réseau

Manon Lebel, Centre de services scolaire de Montréal et École en réseau

La question de l’évaluation s’impose comme un défi particulier dans le contexte de la classe hybride ou à distance, tant au primaire qu’au secondaire. Les approches habituelles d’évaluation des apprentissages ne conviennent pas forcément avec des élèves localisés ailleurs qu’en classe.

Source de l’image : ShutterStock

Laferrière et ses collaborateurs (2021) proposent les pistes suivantes :

  • Évaluer sur la base d’une production personnelle de l’élève (ex. : synthèse, analyse, carte mentale, questions ouvertes et à plus long développement, vidéo faisant état d’un compte rendu de ses savoirs);
  • Évaluer à l’oral, avec ou sans support visuel;
  • Évaluer avec des attributions aléatoires de questions posées à chaque élève et issues d’une banque d’items;
  • Instaurer des auto-évaluations ou des évaluations, automatisées ou non, avec rétroactions réflexives sur les erreurs.

Par le présent texte, nous voulons contribuer à la réflexion qui vise, au moyen du numérique, à mettre en place :

  • des pratiques d’évaluation authentiques qui tirent profit des traces numériques;
  • des modalités d’évaluation qui fournissent à l’élève davantage de rétroactions sur ses travaux, qu’ils soient individuels ou de groupe.

Des exemples de pratiques évaluatives

En histoire, l’utilisation de cartes conceptuelles ou de napperons synthèses (préstructurés ou non selon l’âge des apprenants) facilite un bilan des connaissances. Le fait d’élaborer ou de compléter ces documents lors d’une démarche de recherche en univers social menant à une production finale, par exemple, facilite une évaluation efficace, pertinente (au regard des critères du cadre d’évaluation) et porteuse pour les élèves.

À l’oral, les évaluations constituent de riches occasions de validation de la compréhension des élèves. Pourquoi ne pas leur demander d’expliciter la carte conceptuelle développée en histoire? En lecture, des questions posées en sous-groupes assurent de laisser des traces au regard des quatre dimensions (comprendre, interpréter, réagir et apprécier). L’évaluation à l’oral peut s’effectuer en mode non seulement synchrone, mais aussi asynchrone par l’entremise d’un enregistrement que l’élève transmet à son enseignant. Cette démarche est intéressante en résolution de problèmes mathématiques, notamment pour la fonction d’aide à l’apprentissage. En classe à distance, les élèves, regroupés en ateliers, résolvent des énigmes mathématiques. L’enseignant peut noter les démarches des élèves en visitant les sous-groupes ou encore en écoutant les enregistrements.

Le contexte de l’évaluation à distance a incité des enseignants à mettre en place des entretiens individualisés. La variété des outils numériques disponibles leur permet de donner des rétroactions individualisées et ciblées. Par exemple, dans une tâche d’écriture, la lecture commentée du premier jet du texte d’un élève lui offre des pistes spécifiques à ses besoins pour l’encourager à réviser. Des rencontres individuelles peuvent compléter la démarche, par exemple en discutant avec l’élève de ses réussites et de ses défis autour des critères du cadre d’évaluation.

Des enseignants perçoivent le fort potentiel de ces rencontres pour leurs élèves, même si elles peuvent exiger de repenser l’organisation de l’horaire et des tâches. À distance, le temps de disponibilité de l’enseignant facilite d’ailleurs leur mise en place, que ce soit en individuel ou en sous-groupes. L’utilisation d’outils numériques, tels que les commentaires écrits, les rétroactions audio ou les rencontres individuelles, fait gagner du temps et de l’efficacité aux enseignants en ce qui concerne les rétroactions à fournir aux élèves.

Réfléchir au choix des outils numériques

L’évaluation à distance est facilitée par l’utilisation d’outils numériques. Or, ces outils, tout comme le papier-crayon, sont autant de canaux possibles pour laisser des traces que pour donner des rétroactions aux élèves. Il ne s’agit pas de trouver une utilité aux outils numériques, mais plutôt de tirer profit de leurs fonctionnalités. En ce sens, une pluralité d’outils en réponse aux besoins pédagogiques doit être envisagée. Il faut également se méfier de l’utilisation accrue de certains outils. Par exemple, les formulaires d’évaluation en ligne, bien que rapides, présentent des limites d’authenticité et de validité. La manière d’utiliser la correction automatisée pose problème également, tout comme les questions de type choix multiples. Les outils numériques ne sont ainsi jamais une finalité. C’est plutôt la manière de les utiliser par l’enseignant qui doit être optimisée afin d’en retirer les pleins bénéfices.

Conclusion

Ainsi, au-delà du contexte pandémique, les pratiques renouvelées en matière d’évaluation avec le numérique pourraient gagner à perdurer, qu’on soit en apprentissage à distance ou en classe avec ses élèves. S’avéreront-elles équitables? Renforceront-elles l’alignement pédagogique, à savoir l’adéquation entre les objectifs d’apprentissage visés, les activités pédagogiques et les stratégies d’évaluation? Cette dernière question en appelle une autre, plus fondamentale, de la pertinence des formes dominantes d’évaluation privilégiant les connaissances plutôt que les compétences et la progression individuelle. Ne sommes-nous pas renvoyés aux orientations clés permettant de recentrer l’évaluation des apprentissages sur les conditions d’un rapport positif à l’évaluation (CSE, 2018)?

Le récent dossier thématique Évaluer à l’ère du numérique du RIRE rassemble de nombreux textes et ressources pour poursuivre la réflexion sur ce sujet.

Références

Laferrière, T., Marion, C., Allaire, S., Nadeau-Tremblay, S. et Beaudoin, J. (s. d. 2021). Évaluation des apprentissages et bien-être des jeunes : défrichage en mode design au temps de la Covid-19 [document soumis pour publication]. Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage, Université Laval.

Conseil supérieur de l’éducation. (2018). Évaluer pour que ça compte vraiment. Rapport sur l’état et les besoins de l’éducation 2016-2018. https://www.cse.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/2020/01/50-0508-RF-evaluer-compte-vraiment-REBE-16-18.pdf

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