Effet de la taille des classes sur le développement des élèves de maternelle
Le débat sur l’efficacité d’une mesure comme la réduction de la taille des classes a fait couler beaucoup d’encre dans la communauté scientifique car son effet exact est difficile à estimer et les coûts associés à cette politique sont importants. De plus, la diminution de la taille des classes est populaire auprès des enseignants et des parents, ce qui la rend attirante pour les politiciens.
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Réduire ou non la taille des classes en maternelle?
Le débat sur l’efficacité d’une mesure comme la réduction de la taille des classes a fait couler beaucoup d’encre dans la communauté scientifique car son effet exact est difficile à estimer et les coûts associés à cette politique sont importants. De plus, la diminution de la taille des classes est populaire auprès des enseignants et des parents, ce qui la rend attirante pour les politiciens.
Au Québec, deux politiques de réduction de la taille des classes ont été mises en place en maternelle dans les dernières décennies. La taille maximale des classes a diminué une première fois en 2000, passant de 22 à 20, puis à nouveau en 2016, passant de 20 à 19 élèves par classe[1]. Les effets de ces baisses ont été peu évalués alors que leurs coûts sont pourtant bien réels.
Une analyse statistique à partir des données de l’EQDEM
La présente étude fait l’objet d’un mémoire présenté comme exigence partielle de la Maîtrise en économique. Elle s’intéresse à l’effet de la taille des classes sur le développement cognitif et non cognitif des élèves de maternelle. Le traitement et le travail d’analyse statistique ont été réalisés à partir des données de l’Enquête québécoise sur le développement de l’enfant en maternelle (EQDEM), menée au Québec durant les années scolaires 2011-2012 et 2016-2017.
Des résultats mitigés
L’analyse conclut que l’effet de la taille des classes sur le développement cognitif et non cognitif est faible en général, voire négatif. Cependant, on souligne que cet effet est beaucoup plus fort pour les enfants défavorisés. L’effet estimé est souvent plus que deux fois supérieur lorsqu’on considère seulement les enfants défavorisés.
Selon le chercheur, il semble donc qu’une politique de réduction généralisée de la taille des classes, telle que mise en place par le gouvernement du Québec en 2016, ne soit pas une politique publique intéressante.
Opter pour une politique ciblée
De l’avis du chercheur, une politique ciblée dans certains milieux pourrait, quant à elle, avoir un effet important sur les enfants défavorisés, davantage à risque de présenter un retard de développement en bas âge.
Les différentes simulations qui ont été réalisées dans le cadre de son étude ont démontré la possibilité, à faible coût, d’améliorer à la fois la moyenne générale de développement cognitif et non cognitif des enfants et de réduire l’écart de développement entre les enfants de différents milieux socio-économiques. La réduction de cet écart entre les groupes d’enfants pourrait être de l’ordre de 30 % à 40 % dans le cas de la politique publique proposée par l’auteur.
[1] Ministère de l’éducation du loisir et des sports (2012). Règles budgétaires pour l‘année scolaire 2012-2013 – Commission scolaire – Document complémentaire – Méthode de calcul des paramètres d’allocation. Gouvernement du Québec, 98 pages; Ministère de l’éducation du loisir et des sports (2016). Règles budgétaires pour l‘année scolaire 2016-2017 – Commission scolaire – Document complémentaire – Méthode de calcul des paramètres d’allocation. Gouvernement du Québec, 84 pages.
Référence
Gaudreault, F.-A. (2022). Effet non linéaire de la taille des classes sur le développement cognitif et non cognitif de l’enfant – Estimation avec les données de l’Enquête québécoise sur le développement de l’enfant en maternelle de 2012 et 2017. Mémoire présenté comme exigence partielle de la Maîtrise en économique, UQAM, août. https://archipel.uqam.ca/15834/
Mots clés : politique publique, développement de l’enfant, maternelle, développement cognitif, développement non cognitif, taille des classes, variables instrumentales, analyse par composantes principales, non-linéarité, hétérogénéité, équité, inégalités, Enquête québécoise sur le développement de l’enfant en maternelle (EQDEM)
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