Développer ses compétences socioémotionnelles pour une meilleure gestion de classe au primaire

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Base théorique

Un projet de recherche collaboratif, réalisé en partenariat avec le Centre de services scolaire des Trois-Lacs, visait à promouvoir le développement des compétences socioémotionnelles des personnes enseignantes à l’école primaire par la coconstruction d’outils de mobilisation des connaissances axés sur la gestion de classe.

Pour ce faire, deux modèles théoriques ont été mobilisés : 1) les cinq composantes du modèle de la gestion de classe de Gaudreau (2017) et 2) les cinq compétences socioémotionnelles du modèle CASEL (2022). Ce croisement théorique a permis de faire ressortir des liens, des points de contact entre les compétences socioémotionnelles et la gestion de classe pour chacun des enjeux ayant émergé de l’analyse thématique des discussions lors des groupes de codéveloppement réalisés dans le projet de recherche.

Actualisation des compétences socioémotionnelles en gestion de classe

Parmi les principaux enjeux identifiés par les participants et participantes au projet de recherche, la connaissance et la compréhension de leurs besoins personnels ainsi que la connaissance et la compréhension des besoins diversifiés de l’ensemble de leurs élèves semblent ressortir davantage du lot. Ces enjeux sont directement associés à deux compétences socioémotionnelles particulièrement importantes en gestion de classe :

1. La conscience de soi (se connaître et se comprendre)
2. La conscience sociale (connaître et comprendre l’autre)

Conscience de soi

La conscience de soi renvoie à « la capacité à identifier et reconnaître ses émotions et leur influence sur son comportement pour évaluer ses forces et ses limites [1] ». Pour le personnel enseignant, elle réfère à la capacité à se connaître, à se comprendre et à prendre conscience de l’influence de ses émotions et de ses pensées dans sa gestion de classe. Cela implique de reconnaître ses forces et d’accepter ses limites personnelles afin d’éviter l’apparition de ressentis négatifs au travail tels qu’une inauthenticité, un épuisement professionnel ou une envie d’abandonner. Être conscient de soi apparaît essentiel pour prévenir l’accumulation ou la surcharge émotionnelle.

La conscience de soi implique donc de porter attention à ses émotions et de chercher à les comprendre. En gestion de classe, il s’agit donc d’apprendre à reconnaître les sources de ses états émotionnels et les situations susceptibles d’affecter ces états. La méthode RULER illustre une stratégie de gestion des émotions en cinq étapes [2].

Conscience sociale

La conscience sociale renvoie pour sa part à « la capacité de comprendre le point de vue des autres et de faire preuve d’empathie envers eux, y compris ceux provenant d’horizons et de cultures divers [3] ». Il s’agit de mieux connaître et comprendre l’autre.

Pour mieux comprendre ce qui définit la conscience sociale, il convient d’abord de s’attarder sur le concept de l’empathie. L’empathie se différencie d’autres sentiments semblables tels que la pitié, la sympathie ou la compassion. Elle comporte trois aspects spécifiques [4] :

• L’empathie émotionnelle: manifeste un état émotionnel aligné sur celui d’une autre personne après avoir pris conscience de sa situation. Les émotions éprouvées sont semblables à celles de l’autre, bien que généralement moins intenses ou légèrement différentes.
• L’empathie cognitive: C’est la capacité à identifier et à comprendre les émotions des autres. Elle implique l’attribution d’états mentaux à des états émotionnels.
• L’aspect motivationnel ou comportemental de l’empathie : C’est la capacité de transmettre notre réponse empathique à une autre personne pour améliorer son bien-être. Cela implique de prendre des mesures et d’intervenir pour changer la situation qui cause ses émotions.

Par ailleurs, huit stratégies peuvent être utilisées afin de développer son empathie et, par le fait même, sa conscience sociale [5].

Pour faire preuve d’empathie dans leur pratique de gestion de classe, les personnes enseignantes peuvent également amorcer une réflexion à partir de six questions à se poser par rapport à leurs élèves :

1. Que voient-ils?
2. Qu’entendent-ils?
3. Que pensent-ils et que ressentent-ils?
4. Que disent-ils et que font-ils?
5. Que craignent-ils?
6. Qu’espèrent-ils?

 

Ces pistes de réflexion représentent un moyen de développer leur conscience sociale, puisqu’elles invitent à se mettre à la place de l’autre en considérant ses émotions et ses pensées.

En bref, la gestion de classe implique une dimension hautement émotive. Ainsi, il peut être bénéfique pour les personnes enseignantes de miser sur la collaboration entre les membres du personnel scolaire pour faire face aux défis que posent la gestion de classe et la gestion des émotions. Gardons en tête que pour pouvoir prendre soin de sa classe et de ses élèves, il faut d’abord avoir la capacité de prendre soin de soi, comme enseignant et enseignante.

Références

Bernier, V. et Hadchiti, R. (2024, 28 mars). Développer ses compétences socioémotionnelles pour mieux gérer sa classe : enjeux et expériences de personnes enseignantes au primaire. Conférence, Scientifiquement scolaire, CEAP UQAM. En ligne.

Bernier, V., Gaudreau, N., Laferrière, M. (2023). Miser sur les compétences émotionnelles du personnel scolaire : une avenue prometteuse pour une gestion de classe positive et inclusive. Vivre le primaire. 37(1), p. 61-64.

Autres références citées dans la conférence

[1] CASEL, 2020

[2] Yale Center for Emotional Intelligence, 2021, https://ycei.org.ruler

[3] CASEL, 2022

[4] Krämer, U. M., Mohammadi, B., Doñamayor, N., Samii, A., & Münte, T. F. (2010). Emotional and cognitive aspects of empathy and their relation to social cognition—an fMRI-study. Brain research, 1311, 110-120.

[5] Bastien Wagener, 2022, Se réaliser, https://se-realiser.com/developper-son-empathie/