Déployer le Rapport ÉVA : des gestes en classe qui concrétisent équité et valeur ajoutée du numérique !
Issu de la démarche de la conférence de consensus menée en 2022 au Québec par le CTREQ, le Rapport ÉVA (pour Équité et Valeur Ajoutée) n’a pas fait la manchette. Pourtant, il émane d’un dialogue rigoureux et multiacteurs autour de l’usage du numérique en éducation. Alors qu’on assiste actuellement à une remise en question du numérique en classe, de la formation à distance post-pandémique, des spéculations sur les impacts de l’intelligence artificielle, le Rapport ÉVA marque un moment charnière dans les perceptions, les possibilités et les prérequis d’un déploiement acceptable et souhaité du numérique à l’école. Ce qui n’est pas rien considérant les débats des 40 dernières années en regard des technologies en classe. L’air du temps toutefois nous questionne, alors qu’on place le numérique à l’école en concurrence avec d’autres priorités. Et si des usages appropriés du numérique constituaient aussi une solution à ces autres priorités ?
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Pour l’École en réseau (ÉER), le Rapport ÉVA offre des réponses claires à l’enjeu suivant : comment mettre le numérique au service des apprentissages, pour que les coûts associés à son déploiement s’en trouvent largement justifiés (retour sur l’investissement) ?
Des gestes connus à poser
L’ÉER mobilise depuis 20 ans les enseignant·e·s et les élèves à faire du numérique un levier de renforcement des apprentissages, que ce soit par des activités interclasses, par des partenariats avec musées et organismes scientifiques, par des communautés de pratique d’enseignant·e·s qui planifient et développent des projets pédagogiques innovants, par des groupes d’élèves qui collaborent en réseau pour bonifier connaissances et compétences et créer du contenu. Née d’abord au sein des petites écoles, l’ÉER réunit aujourd’hui une diversité de classes qui voient là un levier pour développer les compétences numériques tout comme pour rehausser la valeur des apprentissages des élèves.
Les enseignant·e·s ayant intégré le numérique dans les routines de classe combinent des stratégies d’action diversifiées, fondées sur l’équilibre entre transmettre et laisser construire. Ils et elles facilitent l’engagement de l’élève, lequel on le sait constitue la condition prioritaire de la réussite. Comment cela se traduit-il ?
- En planifiant des situations d’apprentissage qui requièrent chez l’élève d’approfondir des questions complexes : rechercher de l’information, expliquer, comparer, synthétiser, appliquer les connaissances à d’autres domaines, etc. Différents outils numériques facilitent un tel processus, notamment dans le travail collaboratif.
- En privilégiant des modes d’évaluation qui couvrent les traces issues du travail de l’élève, et non seulement par l’évaluation a posteriori.
- En structurant l’horaire de manière à doser le temps passé dans les outils numériques, individuellement, et le temps consacré en groupe, tout en favorisant le rythme d’apprentissage de chaque élève.
- En ouvrant la classe à des activités signifiantes, à distance, avec des partenaires extrascolaires qui viennent enrichir les disciplines prévues au PFEQ, ou encore en se connectant en différé à des ressources numériques diverses (vidéos, webinaires, etc.).
- En s’habilitant à utiliser des ressources numériques, qu’elles soient ou non clés en main, pour aller au-delà de l’utilisation de manuels scolaires en papier ou en PDF.
- En faisant confiance à l’élève, lequel peut prendre des rôles dans la gestion du numérique en classe, en soutien à l’enseignant·e.
- En établissant des règles de classe, avec la collaboration des élèves, pour assurer que le vivre-ensemble soit efficace et fonctionnel quand les élèves ne font pas la même chose en même temps dans la classe.
Rappelons-nous la taxonomie de Bloom et ses différents niveaux. Pour atteindre les trois derniers niveaux que sont Analyser, Évaluer et Créer, le numérique est particulièrement requis, et c’est ici que sa valeur ajoutée prend tout son sens. Le Rapport ÉVA réunit l’ensemble des attributs de ce que suppose cette valeur ajoutée, tout en s’appuyant sur les fondements liés à l’équité nécessaire de notre système éducatif lorsqu’il s’agit du numérique.
Référence :
Beaudoin, J., Collin, S., Laferrière, T., Ruel, C., & Voyer, S. (2022). Rapport ÉVA : équité et valeur ajoutée dans les usages du numérique pour l’enseignement et l’apprentissage.
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