CAP : la collaboration au service de la réussite des élèves!
Les milieux scolaires sont de plus en plus motivés à mettre en place des communautés d’apprentissage professionnelles et avec raison. Ils doivent poursuivre l’objectif ultime de répondre à la diversité des besoins des élèves et de réduire l’échec scolaire.
par Jean Labelle, professeur, Université de Moncton et Martine Leclerc, professeure, Université du Québec en Outaouais.
Qu’est-ce qu’une « communauté d’apprentissage professionnelle »?
La communauté d’apprentissage professionnelle (CAP) est un groupe d’intervenants en éducation qui se rencontrent régulièrement dans le but de réfléchir et de mettre en œuvre des stratégies afin d’améliorer les apprentissages des élèves. Lors des rencontres collaboratives, les membres sont invités à travailler ensemble afin de partager leur expertise et de contribuer à la réussite des élèves. Ainsi, bien que les CAP favorisent le développement professionnel des enseignants, elles visent surtout à l’amélioration des apprentissages des élèves par l’ajustement de pratiques centrées sur les stratégies reconnues comme étant à haut rendement.
Pour parler véritablement de CAP, il faut être en mesure de développer une culture de collecte et d’analyse de données qui amène les intervenants à cibler précisément les besoins des élèves et à discuter du choix des interventions.
Ce mode de fonctionnement repose sur plusieurs conditions telles que la collaboration, la confiance mutuelle, la franchise, le respect ainsi que la volonté de partager. Lors des rencontres collaboratives, chacun des membres s’engage à jouer différents rôles, comme, par exemple, rédiger l’ordre du jour, être le gardien du temps, s’assurer que les discussions restent centrées sur les besoins identifiés, écrire le compte-rendu, faire le suivi concernant les préoccupations soulevées.
Quatre grands axes soutenant le travail en CAP
Quatre grands axes constituent les piliers du travail en CAP, soit :
1) l’apprentissage plutôt que l’enseignement;
2) la collaboration plutôt que la compétition;
3) les résultats plutôt que les intentions;
4) les preuves plutôt que les opinions (Eaker, DuFour et DuFour, 2004).
Les équipes collaboratives tentent constamment de répondre aux questions suivantes : Que voulons-nous que les élèves apprennent ? Comment saurons-nous que les élèves l’ont appris ? Quelles sont les interventions à haut rendement pour les élèves qui ne l’ont pas appris ? Quelles sont les stratégies à mettre en place avec les élèves qui le savent déjà?
La nécessité d’implanter une culture de collecte et d’analyse de données
Lors des rencontres collaboratives, les intervenants répondent à ces questions par l’entremise d’une collecte de données et suivent un cycle d’analyse (Prud’Homme et Leclerc, 2014). Ce dernier est itératif. Bref, par la collecte de données, on analyse les forces et les défis des élèves et on repère la zone proximale de développement de chacun. Un objectif SMART (spécifique; mesurable; atteignable; dont le résultat est clair et à l’intérieur d’une limite de temps) est ensuite déterminé et l’équipe s’interroge sur les meilleures stratégies à utiliser afin d’atteindre cet objectif. À la suite de l’application de ces stratégies, on revient aux données d’observation de l’apprentissage pour mesurer l’efficacité des interventions.
Trois stades et sept indicateurs
Les CAP n’évoluent pas toujours à la même vitesse. Trois phases et sept indicateurs permettent aux équipes-écoles de se situer (Leclerc, 2012). Certaines sont au stade d’initiation, d’autres à celui de l’implantation, d’autres à celui de l’intégration. Sept indicateurs permettent d’évaluer la progression d’une CAP. Il s’agit des indicateurs portant sur 1) la vision; 2) les conditions physiques et humaines; 3) la culture collaborative; 4) le leadership partagé; 5) la diffusion de l’expertise et l’apprentissage collectif; 6) les thèmes abordés et, 7) la prise de décision basée sur l’utilisation des données.
Plusieurs résultats de recherches montrent une amélioration du sentiment d’auto efficacité chez les enseignants et une progression des apprentissages des élèves.
Les CAP qui atteignent le niveau d’intégration présentent de nombreux avantages. Toutefois, pour implanter avec succès ce mode de fonctionnement, d’autres études montrent que les écoles ont besoin d’accompagnement et de certaines ressources, dont la principale est le temps de qualité pour les rencontres collaboratives.
Pour en savoir davantage sur la communauté d’apprentissage professionnelle
- Numéro thématique portant sur la communauté d’apprentissage professionnelle de la revue Éducation et francophonie, disponible gratuitement en ligne.
- Eaker, R., DuFour, R. et DuFour, R. (2004). Premiers pas : transformation culturelle de l’école en communauté d’apprentissage professionnelle. Bloomington (IN) : National Educational Service.
- Leclerc, M. (2012). Communauté d’apprentissage professionnelle : Guide à l’intention des leaders scolaires. Québec : Presses de l’Université du Québec.
- Prud’Homme, R. et Leclerc, M. (2014). Données d’observation et gestion de l’apprentissage : Guide à l’intention des communautés d’apprentissage professionnelles. Québec : Presses de l’Université du Québec.
Articles similaires
Wikipédia : le type de contribution comme gage de qualité
Le style de collaboration à la rédaction d’articles sur Wikipédia a un effet direct sur la qualité de ceux-ci.
Voir l’articleWikipédia dans la classe
L’encyclopédie libre Wikipédia fait partie des outils pouvant avoir une visée pédagogique.
Voir l’articleLa voie de la réussite, la voix des étudiants
Les attitudes et les comportements scolaires sur lesquels s’appuient ces deux grands concepts sont nommés par les étudiants eux-mêmes.
Voir l’articleCommentaires et évaluations
Contribuez à l’appréciation collective