Améliorer ses pratiques pédagogiques pour avoir plus d’impact sur les élèves
Le champ de recherche en efficacité pédagogique s’est rapidement développé au cours des quatre dernières décennies dans de nombreux pays. Les progrès méthodologiques ont permis d’obtenir des estimations précises sur l’effet enseignant et sur l’effet école en tenant compte des contextes éducatifs dans lesquels les apprentissages prennent place (Creemers, Kyriakides et Sammons, 2010). De nombreuses recherches ont permis de démontrer que certaines pratiques pédagogiques peuvent réduire l’écart entre la réussite scolaire des élèves provenant de milieux socioéconomiques différents et favoriser le progrès sur les plans cognitif, affectif, métacognitif et psychomoteur.
Source de l’image : Shutterstock
Des pratiques pédagogiques efficaces
Nous résumons ces pratiques de façon non exhaustive :
- Intention : La personne enseignante annonce aux élèves les intentions d’apprentissage pour chaque leçon. Elle les interroge sur les raisons d’effectuer les activités proposées.
- Séquence : La personne enseignante présente le plan de la leçon. Elle active les connaissances des élèves, les incite à porter attention aux idées principales de la leçon et les guide dans les transitions.
- Questionnement : La personne enseignante interroge les élèves durant la leçon. Elle les questionne sur le processus et sur le produit, s’assure de leur laisser suffisamment de temps pour répondre et offre une rétroaction adaptée à la réponse donnée.
- Modelage : La personne enseignante démontre explicitement comment utiliser une stratégie ou une procédure pour permettre aux élèves de voir comment elle est appliquée en pratique.
- Application : La personne enseignante propose des activités variées permettant aux élèves de mettre en pratique les savoirs transmis.
- Évaluation : La personne enseignante collecte des informations de façon continue au regard du cheminement des élèves. Elle leur fournit de la rétroaction régulière et constructive. Elle communique les résultats aux élèves, à leurs parents et à la direction. Elle évalue également ses propres pratiques.
- Gestion du temps : La personne enseignante gère le temps pour maximiser l’apprentissage en prévoyant la disposition de la classe et le matériel nécessaire.
- Climat d’apprentissage : La personne enseignante crée une atmosphère positive, respectueuse et collaborative entre elle et les élèves et entre les élèves. Elle établit des règles claires et gère les comportements perturbateurs.
Ces pratiques s’inscrivent dans le modèle dynamique contemporain en efficacité pédagogique au niveau de la classe, niveau le plus significatif sur le progrès des élèves (Teddlie et Reynolds, 2000).
Le modèle dynamique contemporain en efficacité pédagogique
Ce modèle est de plus en plus utilisé comme cadre de référence pour améliorer les pratiques des personnes enseignantes (Antoniou, Kyriakides et Dimosthenous, sous presse ; Antoniou et Kyriakides, 2011). La logique derrière ce cadre est que l’amélioration des pratiques pédagogiques se fait progressivement et au regard de cinq dimensions : la fréquence de la pratique, la cible visée, le moment et la durée (le temps), l’impact sur les élèves et la différenciation mise en place. Les personnes enseignantes maîtrisent d’abord des pratiques simples, mais nécessaires qui sont liées à l’enseignement direct avant de passer à des stades de développement plus complexes impliquant l’utilisation de pratiques issues d’autres modèles d’enseignement.
Les stades de développement
Dans cette logique, il faudrait revoir la séquence des expériences de formation continue chez les personnes enseignantes (Antoniou, Kyriakides et Creemers, 2015). Comme le soutenaient Combs et ses collaborateurs en 1974, « il est erroné de penser que les méthodes des personnes enseignantes expérimentées peuvent ou doivent être enseignées directement aux novices » (traduction libre, p. 4). Les recherches sur le développement professionnel suggèrent que nous avons très peu reconnu empiriquement les limites de la personne enseignante novice ainsi que son potentiel de croissance et celui de la personne enseignante expérimentée dans le développement des programmes de formation continue. La formation continue pourrait commencer par une évaluation initiale des compétences pédagogiques afin de déterminer, d’une part, dans quelle mesure elles sont maîtrisées et, d’autre part, les besoins en formation.
Références
Antoniou, P. et Kyriakides, L. (2011). The impact of a dynamic approach to professional development on teacher instruction and student learning : results from an experimental study. School Effectiveness and School Improvement, 22(3), 291-311.
Antoniou, P., Kyriakides, L. et Creemers, B. P. (2015). The Dynamic Integrated Approach to teacher professional development: rationale and main characteristics. Teacher Development, 19(4), 535-552.
Antoniou, P., Kyriakides, L. et Dimosthenous, A. (sous presse). Understanding teacher professional development needs in Taiwan : Stages of teaching skills based on the Dynamic Model of Educational Effectiveness. Studies in Educational Evaluation.
Combs, A.W., Blume, R.A., Newman, A.J. et Wass, H.L (1974). The professional education of teachers: A humanistic approach to teacher preparation. Allyn et Bacon.
Creemers, B., Kyriakides, L. et Sammons, P. (2010). Methodological advances in educational effectiveness research. Routledge.
Kyriakides, L., Creemers, B. P. M., Panayiotou, A. et Charalambous, E. (2021). Quality and equity in education. Revisiting theory and research on educational effectiveness and improvement. Routledge.
Teddlie, C. et Reynolds, D. (2000). The international handbook of school effectiveness research. Falmer Press.
* Merci à Laura-Ève Bigelow, Marisol Dicaire, Krista Guezen et Lucy Martel, conseillères pédagogiques au CSSPO, pour leur collaboration.

Commentaires et évaluations
Contribuez à l’appréciation collective