Des séquences d’apprentissage au primaire pour s’attaquer à la cyberintimidation

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Qu’est-ce que la cyberintimidation ? 

La cyberintimidation constitue un comportement : 

• répétitif (incluant le fait de partager, d’aimer ou de relire une publication ou un courriel) ; 
• intentionnel ou non ; 
• qui implique un rapport de force (force du nombre, force physique, etc.) ; 
• qui engendre des conséquences négatives réelles ou potentielles.  

Les formes de ce phénomène sont variables (insultes, propagation de rumeurs, exclusion sociale, menaces) et ses conséquences peuvent être très dommageables pour les victimes, parfois davantage que l’intimidation en personne (p. ex., Yang et al., 2021). 

Des ressources pédagogiques pour aborder le sujet en classe 

Comme la cyberintimidation prend de l’ampleur et qu’elle peut engendrer de graves conséquences, il est de bon augure que les enjeux liés aux technologies numériques se retrouvent dans le nouveau programme Culture et citoyenneté québécoise (CCQ). Dès le primaire, des thématiques comme les effets du numérique et la représentation de soi en ligne sont traitées. C’est dans la foulée de ce programme qu’un projet de recherche, financé par une Action concertée des Fonds de recherche du Québec, a été mené.  

En collaboration avec le RÉCIT et quatre équipes d’enseignantes du primaire, trois séquences d’apprentissage sur la cyberintimidation ont été développées en mettant l’accent sur certaines habiletés (technologiques, sociales et émotionnelles). Pour favoriser la cohérence avec la réalité du terrain, une grande latitude a été offerte aux enseignantes participantes quant au contenu et aux modalités des séquences.  

Ces outils pédagogiques (guide, fiches, cahier de l’élève…) sont disponibles pour une libre utilisation ici.  

Quelles sont les retombées du projet de recherche pour les élèves et pour le personnel enseignant ? 

Par des questionnaires remis aux élèves avant et après la séquence d’apprentissage, il a été possible de constater que la prise en compte des différentes habiletés liées à la cyberintimidation permettait de mieux les outiller. Il a toutefois été surprenant de remarquer que l’intention de dénoncer les situations problématiques avait diminué après avoir vécu les activités. Si ce résultat peut s’expliquer par une confiance accrue de régler ces situations de façon autonome, il renforce la nécessité d’instaurer un climat de confiance envers les adultes dans les écoles. L’analyse des données montre aussi une diminution des cas de cyberintimidation après la réalisation des séquences d’apprentissage, ce qui, sans pouvoir être attribué directement au projet de recherche, a été constaté par une équipe d’enseignantes. 

Au-delà de l’impact des séquences sur les élèves, le projet de recherche aura profité aux personnes enseignantes en leur donnant du temps et des ressources qui se font rares. De plus, l’implication de conseillères et de conseillers pédagogiques aura été particulièrement bénéfique pour la réalisation du projet, agissant comme intermédiaires entre personnes chercheuses et personnel enseignant, entre théorie et pratique. Le désir d’être davantage accompagnées a toutefois été souligné par certaines enseignantes, mettant en exergue le difficile équilibre entre liberté et contraintes dans le contexte d’un projet de recherche qui se veut collaboratif.

 

Références bibliographiques 

Institut de la statistique du Québec. (2024). L’intimidation et la cyberintimidation au Québec. Portrait à partir de l’Étude québécoise sur les rapports sociaux dans un contexte scolaire, de travail et dans la communauté 2022. Gouvernement du Québec. https://statistique.quebec.ca/fr/fichier/intimidation-quebec-eqrs-2022.pdf 

Yang, B., Wang, B., Sun, N., Xu, F., Wang, L., Chen, J., Yu, S., Zhang, Y., Zhu, Y., Dai, T., Zhang, Q. et Sun, C. (2021). The consequences of cyberbullying and traditional bullying victimization among adolescents: Gender differences in psychological symptoms, self-harm and suicidality. Psychiatry research, 306. https://doi.org/10.1016/j.psychres.2021.114219