Comment accueillir les jeunes et les adultes des Premiers Peuples ? Et si on commençait par Kuei !

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Mis à jour le 20 Nov 2024

Bien accueillir un jeune ou un adulte des Premiers Peuples dans le milieu éducatif, c’est commencer par une reconnaissance de sa culture. Une ouverture à celle-ci, une attention particulière comme un simple « kuei» dans sa langue maternelle peut faire toute une différence dans les relations qui vont s’instaurer entre l’étudiant ou étudiante et le personnel éducatif. C’est à partir de l’expérience d’une professeure d’université et d’une enseignante innues que ce texte présente quelques pistes qui s’inscrivent dans un projet d’action concertée en sécurisation culturelle (Couture et al., (2024) réalisée sur la Côte-Nord (2020-2023). 

Cet article est une adaptation du texte ci-dessous avec l’accord des auteures :  

Rock J., Régis Labbé, D. et Couture C. (2024). Comment accueillir les jeunes et les adultes des Premiers Peuples ? Et si on commençait par Kuei1 !. Revue La Foucade. Vol. 24. N°2. P. 14-16. CQJDC  

Source de l’image : Shutterstock

L’éducation : une responsabilité collective 

Pour les Premiers Peuples, la vision de l’éducation repose sur une approche communautaire. Les valeurs sont centrées sur l’entraide, le partage, le respect et l’harmonie. Un grand respect est accordé envers les aînés, car ils sont les porteurs des savoirs culturels et des traditions. Ils occupent une place essentielle dans l’éducation des enfants. La famille et la communauté tout entière participent aussi à celle-ci : c’est une responsabilité collective. 

Choc culturel  

Les cadres de références qui régissent les organisations rappellent l’histoire coloniale (Commission de vérité et réconciliation du Canada, 2015) qui a totalement bouleversé les systèmes d’organisation des Premiers Peuples. Ce cadre ne prend pas en compte les différences entre les systèmes respectifs et ne font qu’accroître les difficultés.  

En effet, nous avons beaucoup de mal à nous reconnaître à l’intérieur du cadre défini par les milieux éducatifs, ce qui nous place en situation de carences, d’incapacités et de défaillances (Guay, 2015), ne faisant qu’accroître les stéréotypes et les préjugés à notre égard.

Comme le soulignent les auteures de l’article : 

Il importe de tenir compte des réalités sociohistoriques et contemporaines (Guay, 2015), de comprendre nos réalités, c’est-à-dire de comprendre la personne comme elle est, de considérer son histoire, son vécu et les enjeux auxquels elle fait face pour l’accompagner de façon sécurisante dans les différentes organisations.(CQJDC_La_foucade_24_2.pdf)

Soutenir la réussite éducative par la sécurisation culturelle 

Cette image de la sécurisation culturelle a été développée dans le cadre d’une Action concertée en sécurisation culturelle (Couture et al., 2024) et réalisée par des artistes innus, Jean St-Onge et sa fille, Shana de Uashat mak Mani-Utenam. 

L’image évoque le sens coconstruit par les personnes participantes et les chercheurs de l’étude. L’accueil E MINU-UTI- NITUNANUT, la bienveillance MINUTEIEUN, le respect ISHPITENITAMUN, la langue et la culture INNU AIMUN MAK INNU AITUN sont au cœur de cette image. Le sens accordé pour chaque élément de l’image est en lien avec notre vision du monde. (CQJDC_La_foucade_24_2.pdf)

La sécurisation culturelle est considérée en tant que processus de transformations individuelles et collectives de pratiques éducatives, intégrant les langues, les cultures, la transmission culturelle, le rapport au territoire, les modèles d’apprentissage et les principes pédagogiques autochtones, les savoirs culturels et les pratiques d’enseignement autochtones, dans un partenariat égalitaire, un respect mutuel entre des personnes de cultures différentes. (Ball, 2019; Blanchet Garneau et al., 2019; Blanchet Garneau et Pépin, 2012; Curtis et al. 2019; Lévesque et Po-lèse, 2015; Koptie, 2009). 

Et si on commençait par Kuei, ce serait déjà un pas pour apprendre à naviguer ensemble afin d’accompagner chaque enfant, chaque élève et chaque adulte des Premiers Peuples vers sa réussite. (CQJDC_La_foucade_24_2.pdf)

Pistes d’action 

Les auteures présentent dans leur texte plusieurs pistes d’actions concrètes comme par exemple le lien avec les parents et les aînés ou l’intégration d’exemples, d’illustrations, d’exercices, etc. issus des cultures autochtones. 

Nous vous référons également à deux ressources qui vous permettront d’approfondir les réflexions et d’adopter des pratiques plus inclusives :  

Action concertée : pratiques de sécurisation culturelle 

Voix du territoire 

Références 

Ball, J. (2019). Cultural safety in practice with children, families, and communities. Early childhood development intercultural parternship. https://ecdip.org/wp-content/uploads/2022/01/ Cultural-Safety-Poster.pdf 

Blanchet Garneau, A., Browne, A. J. et Varcoe, C. (2019). Understanding competing discourses as a basis for promoting equity in primary health care. BMC Health Services Research, 19(1), 764. https://doi.org/10.1186/s12913-019-4602-3 

Blanchet Garneau, A. et Pépin, J. (2012). La sécurité culturelle : une analyse du concept. Recherches en soins infirmiers, 4(111), 22-35. https://doi.org/10.3917/rsi.111.0022 

Curtis, E., Jones R., Tipene-Leach, D., Walker, C., Loring, B., Paine, S. J. et Reid, P. (2019). Why cultural safety rather than cultural competency is required to achieve health equity : A literature review and recommended definition. International Journal for Equity in Health, 18(1), 174. https://doi.org/ 10.1186/s12939-019-1082-3 

Commission de vérité et réconciliation du Canada (2015). Honorer la vérité, réconcilier pour l’avenir : sommaire du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. 

https://publications.gc.ca/collections/collection_2016/trc/IR4-7-2015-fra.pdf 

Couture, C., Kaine, E., Rock, J., Pinette, S., Aurousseau, E., Blanchet-Garneau, A., Baron, M.-P., Cook, M., Dion, J., Duquette, C., Jacob, E., Marchand, A., Pulido, L., Tremblay, M-L., Vachon, J-F. (Sous presse). Étude de pratiques de sécurisation culturelle développées sur la Côte-Nord pour soutenir la persévérance scolaire et la réussite éducative d’apprenant.e.s innu.e.s. Rapport de recherche : action concertée en sécurisation culturelle. FRQSC. Chaire UNESCO en transmission culturelle, UQAC. 

Guay, C. 2015. Les familles autochtones : des réalités sociohistoriques et contemporaines aux pratiques éducatives singulières. Intervention, (141), 17-27. https://revueintervention.org/wp- content/uploads/2020/05/intervention_141_2._familles_autochtones_des_realites_sociohistoriques_c_guay.pdf 

Koptie, S. (2009). Irihapeti Ramsden : The public narrative on cultural safety. First Peoples Child & Family Review, 4(2), 30-43. https://fpcfr.com/index.php/FPCFR/article/view/136 

Lévesque, C. et Polèse, G. (2015). Synthèse des connaissances sur la réussite et la persévérance scolaires des élèves autochtones au Québec et dans les autres provinces canadiennes. 

Réseau de recherche et de connaissances relatives aux peuples autochtones (DIALOG) et Institut national de la recherche scientifique (INRS) éd., Vol. 2015-01. https://espace.inrs.ca/id/ eprint/2810/1/CahierDIALOG2015-01-R%C3%A9ussitepers%C3%A9v%C3%A9rancescolaires-Levesque%202015.pdf 

Pinette, S. et Guillemette, C. (2016). La reconnaissance culturelle innue au sein d’une école primaire. Revue de la persévérance et de la réussite scolaires chez les Premiers Peuples, 2, 18-21.           https://www.cerp.gouv.qc.ca/fileadmin/Fichiers_clients/Documents_deposes_a_la_Commission/P-185.pdf 

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