Réseauter pour réduire les inégalités numériques

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Les inégalités numériques font référence aux inégalités d’occasions qu’ont les élèves de développer leur compétence numérique. Les inégalités numériques sont étroitement liées aux inégalités sociales (Brotcorne, 2019), il est donc important de s’y intéresser pour contribuer à les réduire. Bien que ces inégalités soient un phénomène connu, cet article propose de les aborder sous un angle visant à outiller les acteurs de l’éducation. Il s’inspire de la conférence d’ouverture offerte par Séverine Parent et Michelle Deschênes, professeures à l’UQAR, lors du colloque de l’École en réseau, qui a eu lieu le 27 septembre 2024. 

Trois dimensions d’inégalités numériques en contexte scolaire 

Trois dimensions d’inégalités numériques en contexte scolaire sont documentées par l’OCDE (Lorenceau et al., 2021) : 

• les inégalités d’accès 
• les inégalités d’habiletés 
• les inégalités d’usage 

Les inégalités d’accès sont vécues lorsque la disponibilité des outils diffère selon les personnes ou les groupes de personnes. Bien que l’accès au matériel ait pu être amélioré dans les dernières années, ce ne sont toujours pas tous les élèves qui ont accès, à l’école et à la maison, au matériel numérique adéquat pour leurs apprentissages, à une bande passante suffisante et à des fonctionnalités numériques adaptées. 

Les inégalités se déploient au-delà de l’accès au matériel informatique (Cordier, 2017). Les inégalités d’habiletés concernent la différence d’aptitude et d’aisance chez les personnes qui utilisent des appareils numériques (ordinateur, tablette ou téléphone) ou des outils (logiciel ou application). 

Enfin, les inégalités d’usages réfèrent aux différentes utilisations que font les personnes du numérique : consulter ou créer du contenu numérique, communiquer ou partager du contenu numérique (Heitin, 2016). Des inégalités peuvent ainsi être repérées dans les compétences et les aptitudes requises pour naviguer dans un écosystème d’information fragmenté et complexe (Eshet, 2004). 

* Les personnes participant à la conférence d’ouverture du colloque de l’École en réseau ont pu, de manière anonyme sur un Padlet public, répondre par écrit aux questions soulevées par les conférencières.  

Des ressources pour développer la compétence numérique 

Plusieurs ressources ont été mentionnées, parmi lesquelles : 

• des outils grand public: Canva, Padlet, Minecraft, Seesaw, Genially, Kahoot ; 
• des ressources didactiques ou pédagogiques : Biblius, Netmath, Vikidia, Wikimini, Universalis, Lumio, Plickers, Usito, Book creator, Boukili, les applications d’Alloprof, Scratch et Scratch Junior, code.org, le Knowledge Forum ; 
• des ressources humaines : le comité TIC de l’école et les agents ou leaders pédago-numériques, l’escouade numérique dans l’école ou la collaboration avec des élèves plus expérimentés, CP Récit, les communautés d’ÉER. 

L’accompagnement et le réseautage pour développer une utilisation autonome et confiante du numérique 

Plusieurs personnes ont fait part de pistes d’accompagnement : 

• la modélisation et la pratique accompagnée, que ce soit par la personne enseignante ou une autre personne (professionnelle, collègue ou aide à la classe) ; 
• des ateliers différenciés ; 
• la multiplication des occasions pour les élèves de se pratiquer et de transférer leurs apprentissages dans différentes situations ; 
• la volonté de l’ensemble de l’équipe-école de s’engager dans le développement des compétences numériques (harmonisation des pratiques, continuum).  

Le réseautage pour réduire les inégalités numériques 

Plusieurs personnes ont soulevé l’importance de miser sur la force du réseautage pour contribuer à réduire les inégalités numériques. Bien sûr, le jumelage avec des collègues de l’école peut sembler aisé. Mais que faire quand on n’en a pas ? D’autres ressources existent : l’ÉER et d’autres partenaires du réseau scolaire offrent des initiatives inspirantes pour aider à réduire les inégalités numériques : 

• participer à des communautés de pratique (CoP) offertes virtuellement pour échanger sur l’utilisation du numérique en classe ;  
• recourir au soutien en direct pour le personnel enseignant proposé par l’ÉER ou les services nationaux du RÉCIT ; 
• organiser, avec des collègues, des activités interclasses ; 
• parcourir la programmation des séquences d’apprentissage de l’ÉER dans toutes les disciplines coordonnées par des personnes apportant un soutien proximal. Participer à ces activités en réseau avec les élèves motive, inspire et contribue à réduire les inégalités numériques. 

Références 

Cordier, A. (2017, octobre). Du design de la transparence à l’agir informationnel: Les apports d’une approche sociale de l’information. In Conférence internationale H2PTM Le numérique à l’ère des designs : De l’hypertexte à l’hyper-expérience. https://shs.hal.science/halshs-01599184v1  

Eshet, Y. (2004). Digital literacy: A conceptual framework for survival skills in the digital era. Journal of educational multimedia and hypermedia, 13(1), 93-106. 

Heitin, L. (2016). What is digital literacy? Education Week. https:// www. edweek. org/ teach ing-learning/ what-is-digital-liter acy/2016/ 11 

Lorenceau, A., Marec, C. et Mostafa, T. (2021). OECD Education Working Papers No. 202 : Upgrading the ICT questionnaire items in PISA 202. https://dx.doi.org/10.1787/d0f94dc7-en