Au-delà du savoir-faire, il faut savoir être pour bien gérer une classe

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Le savoir-être, pourquoi s’y intéresser ?

Le développement socioémotionnel des personnes enseignantes est essentiel pour une gestion de classe efficace, car la connaissance de soi et la compréhension de l’impact de ses émotions sur les autres sont cruciales pour des interventions de qualité (Pelletier et Goyette, 2023). Le savoir-être se manifeste par des attitudes telles que l’écoute et l’accompagnement des enfants et de leur famille, tout en respectant ses propres valeurs (Gohier, 2006). Bien qu’il n’y ait pas de consensus précis sur le concept de savoir-être, il repose entre autres sur la conscience de soi et le respect de l’autre (Gohier, 2006). Au-delà du savoir-faire, il importe ainsi que les personnes enseignantes puissent avant tout savoir être, surtout lorsqu’elles interviennent avec les tout-petits.

L’éducation préscolaire : grande oubliée des formations ?

On déplore que peu de formations à l’enseignement soient spécifiquement liées aux réalités vécues à l’éducation préscolaire (Dumais et Soucy, 2020). Pourtant, les personnes enseignantes à l’éducation préscolaire doivent promouvoir le développement global des enfants en agissant sur les aspects langagier, socioaffectif, physique et moteur et cognitif (MEQ, 2021), tout en encourageant le développement de compétences socioémotionnelles pour faciliter l’adaptation sociale et scolaire des jeunes enfants (Denham et Brown, 2010). De plus, elles doivent être en quelque sorte un modèle pour eux en gérant leur propre réponse émotionnelle, en trouvant des stratégies efficaces pour aider les enfants à réguler leurs propres émotions, mais aussi en maintenant un climat de classe propice aux apprentissages de chaque enfant. Considérant que les personnes enseignantes à l’éducation préscolaire ont besoin de soutien et que les formations doivent aller en ce sens, il importe de voir quels sont réellement leurs besoins.

Les contenus à intégrer aux formations à l’enseignement

Selon les participantes de l’étude, certains contenus doivent être intégrés aux formations à l’enseignement, ce qui favorisera, selon elles, le développement de leurs compétences socioémotionnelles.

D’abord, en mettant l’accent sur la connaissance de soi, on leur permet de comprendre et de s’autoréguler, ce qui est crucial pour intervenir adéquatement en classe. En effet, en comprenant mieux leurs propres émotions et ses éléments déclencheurs, elles sont mieux équipées pour gérer les défis et les tensions qui peuvent survenir dans leur travail quotidien. Par exemple, une personne enseignante qui sait qu’un enfant impoli pourrait l’amener à se fâcher pourrait anticiper cette situation et les réactions émotionnelles qui pourraient en découler, et ce, pour mieux aborder cette situation si elle se produisait.

Ensuite, en intégrant des contenus liés à la gestion du stress, il est possible d’aborder des techniques de relaxation, de méditation et des stratégies pour s’autoréguler tout en étant un modèle pour le jeune enfant. Cela permet aux personnes enseignantes de maintenir leur calme et leur concentration, même dans des situations stressantes. Par exemple, une personne enseignante à l’éducation préscolaire pourrait elle-même modeler ses comportements en disant qu’elle ressent de la colère présentement, mais qu’elle va se retirer quelques instants pour respirer.

Finalement, en abordant la sécurité émotionnelle et physique des enfants ainsi que celle des personnes enseignantes, ces dernières apprennent à reconnaitre les besoins émotionnels des enfants et à y répondre, en créant un environnement où chacun se sent en sécurité et soutenu. En d’autres mots, il est nécessaire d’aborder les droits et responsabilités légales en matière d’interventions avec les jeunes enfants, ainsi que la nécessité pour les personnes enseignantes de définir clairement les limites professionnelles. Par exemple, il importe de savoir jusqu’où une personne enseignante pourrait aller dans un contexte où un enfant de quatre ans qui est en crise la mordrait. Puis-je maitriser ou non l’enfant physiquement ?

En conclusion

En conclusion, le développement des compétences socioémotionnelles chez les personnes enseignantes est essentiel pour améliorer la gestion de classe ainsi que leur bienêtre et celui des enfants. D’ailleurs, dans le cadre de ses fonctions, le fait de cacher ses émotions et ses ressentis au travail est complètement inauthentique et peu même mener à l’abandon de la profession enseignante (Grossenbacher et Riva, 2018). Des formations adaptées à ces besoins peuvent ainsi contribuer de manière significative à la création d’un environnement d’apprentissage plus positif et efficace.

Pour cela, il faut d’abord savoir être pour savoir faire !

Références

Collaborative for Academic, Social, and Emotional Learning. (2013). CASEL guide to effective social and emotional learning programs – Preschool and elementary school edition. (https://casel.org/preschool-and-elementary-edition-casel-guide/)

Denham, S. A. et Brown, C. A. (2010). “Plays nice with others”: Social-emotional learning and academic success. Early Education and Development, 21(5), 652‑680. https://doi.org/10.1080/10409289.2010.497450

Dumais, C. avec la coll. de Soucy, E. (2019). Projet pilote dans quatre classes de maternelle 4 ans à temps plein en milieu défavorisé, majoritairement composées d’enfants issus de l’immigration, dans une perspective d’intégration linguistique, sociale et scolaire. Rapport de recherche. Trois-Rivières : Université du Québec à Trois-Rivières, 228 p.

Gohier, C. (2006). Les sources du savoir-être comme finalité éducative : former à être, une injonction paradoxale ? Nouvelles pratiques sociales, 18(2), 172–185. https://doi.org/10.7202/013294ar

Grossenbacher, A.-L. et Riva, N. (2018). Comment les émotions sont-elles prises en compte en milieu scolaire : de la théorie des émotions à leur application sur le terrain : étude comparative de trois enseignants expérimentés et trois enseignants débutants (Mémoire de maitrise). Université de Lausanne.

Ministère de l’Éducation. (2021). Programme de formation de l’école québécoise. Programme-cycle de l’éducation préscolaire. Gouvernement du Québec.

Pelletier, M.-A. et Goyette, N. (2023). Les habiletés relationnelles chez les enseignantes à la maternelle au Québec: un domaine de compétences socioémotionnelles à développer pour favoriser leur bienêtre. Phronesis, 12(2-3), 257-270. https://doi.org/10.7202/1097148ar