Favoriser le menuinniun : la voix des élèves innus sur l’identité et la réussite éducative à l’école québécoise
Au Québec, les jeunes Innus de la Côte-Nord sont scolarisés dans les écoles provinciales. Il est toutefois important de souligner que la moitié d’entre eux nomment l’innu-aimun comme langue maternelle ou seconde. De plus, par rapport aux élèves allochtones, une plus grande proportion est en adaptation scolaire. Entendre la voix de ces jeunes Innus qui sont ou ont été élèves dans les écoles québécoises est l’objectif la recherche de Blanchet-Cohen, Drouin-Gagné et Bellefleur (2022), fruit d’un partenariat entre l’Université Concordia et l’Institut Tshakapesh.
Au total, 18 Innus de 12 à 25 ans ont participé à des groupes de discussion regroupant 2 ou 3 jeunes. Ces échanges ont permis de les écouter parler de leurs parcours scolaires, leurs expériences dans les écoles québécoises, la place de l’identité innue et la reconnaissance de la diversité. Les sujets de la persévérance scolaire, de la réussite en général, de leurs besoins et aspirations en rapport avec leur éducation ont aussi été abordés.
De ces discussions, trois thèmes ont émergé de leur expérience dans les écoles publiques québécoises.
- L’école comme misthtikuhuat: voyager entre deux mondes
- Nitaushieu: pour une réussite éducative holistique
- Menuinniun: favoriser le mieux-être des élèves innus dans les écoles québécoises
Les jeunes Innus se retrouvent « souvent dépaysés, voire déracinés » (Blanchet-Cohen et al., 2022) dans les écoles provinciales. De plus, le français n’étant pas leur première langue, l’adaptation s’avère d’autant plus difficile, et aucune mention ou valorisation de la langue innu-aimun n’est accordée. Pour réussir, les jeunes essaient de se mouler à l’école des Blancs.
La conception de la réussite éducative diffère aussi chez les jeunes Innus. Cette réussite a un ton beaucoup plus holistique, qui touche autant la communauté que le volet personnel. Cette réussite n’est pas restreinte au niveau scolaire, mais à une étendue beaucoup plus large et va jusqu’aux gestes posés au quotidien.
Pour favoriser leur vision de l’éducation, la mise en place d’une sécurisation culturelle serait des plus importantes. Que ce soit sous la forme d’un environnement physique pour se retrouver ou sur le plan relationnel, l’idée est d’avoir la possibilité d’inclure un partage de leur culture ainsi que de leur identité dans le but qu’une meilleure relation s’établisse entre les Innus et les non-Innus.
Cette recherche partenariale entre l’Université Concordia et l’Institut Tshakapesh a été réalisée de 2019 à 2021.
Référence
Blanchet-Cohen, N., Drouin-Gagné, M.-E. et Bellefleur, D. (2022). Favoriser le menuinniun : la voix des élèves innus sur l’identité et la réussite éducative à l’école québécoise. Enfance en difficulté, 9, 33-55.
https://doi.org/10.7202/1091297ar
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