Relation élève-enseignant et comportements extériorisés : une approche vygotskienne

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Mis à jour le 08 Sep 2022

La qualité de la relation élève-enseignant au préscolaire est déterminante pour la réussite affective et cognitive des élèves, surtout pour ceux qui présentent des problèmes de comportement extériorisés (PCE). Christiane Fryer et Michèle Venet de l’Université de Sherbrooke s’appuient sur le concept de zone proximale de développement (ZPD) de Vygotsky pour démontrer l’importance de la prise en compte du développement cognitif et affectif des élèves dans la création d’un lien élève-enseignant positif.

Les chercheurs soulignent que le succès des apprentissages de l’élève dépend de la qualité de la relation élève-enseignant, plus particulièrement chez les enfants ayant des PCE.

Source de l’image: Shutterstock

Les élèves PCE

Les élèves qui éprouvent des problèmes de comportement extériorisés (PCE) au préscolaire peuvent présenter les caractéristiques suivantes :

  • ils bousculent et/ou poussent leurs pairs;
  • ils frappent leurs pairs et des objets;
  • ils mordent autrui;
  • ils manifestent généralement des comportements agressifs envers leurs pairs.

Les interventions dans la zone proximale de développement (ZPD)

Selon les chercheurs, la prise en compte de la ZPD de ses élèves dans son enseignement favorise une relation élève-enseignant positive. En effet, le fait d’œuvrer dans la ZDP de l’élève permet la création de lien affectif positif puisque celui-ci se sent soutenu, ses besoins sont écoutés et les défis présentés sont surmontables. En d’autres mots, « en intervenant sur le plan cognitif, [l’enseignant] intervient aussi sur le plan affectif [1]» (Goldstein, 1999).

Vygotsky définit la ZPD comme suit :

« […] il faut définir au moins un double niveau de développement de l’enfant : premièrement, le niveau du développement actuel, c’est-à-dire, ce qui est déjà arrivé à maturité, et deuxièmement, la zone du développement le plus proche, c’est-à-dire le développement ultérieur des fonctions qui ne sont pas encore parvenues à maturité, mais qui sont quand même en train de mûrir; elles donneront des fruits et passeront au niveau du développement actuel demain » (Vygotsky, 2012, p. 147).

À travers l’observation de la relation entre une enseignante et un élève PCE, ces chercheurs soulignent les façons dont elle œuvre dans la ZDP de ses élèves et, ainsi, favorise une relation positive qui réduit les comportements difficiles de son élève PCE (Fryer et Venet, 2021).

Sur le plan cognitif  

  • L’enseignante propose des activités qui constituent un défi réaliste pour les élèves, ce qui limite les frustrations.
  • L’enseignante met l’accent sur la démarche et non sur la réponse finale.
  • L’enseignante fait des liens avec leurs expériences personnelles et implique les élèves tout au long des explications.
  • L’enseignante évalue les connaissances antérieures de ses élèves et s’appuie sur celles-ci pour centrer ses explications.

Sur le plan affectif 

  • L’enseignante est présente physiquement avec les élèves (elle est assise proche d’eux, à leur niveau).
  • Elle écoute les élèves, leur demande leur avis et les implique dans la leçon.
  • Elle respecte les points de vue de ses élèves et se montre à l’écoute de leurs besoins.

Conclusion

Œuvrer dans la ZPD des élèves, sur le plan cognitif et affectif, favorise des relations élève-enseignant positives, particulièrement chez les élèves PCE. Cette relation positive permet la réduction de comportements extériorisés et engendre un climat de classe positif et favorable à l’apprentissage. Donc, les enseignants ont intérêt à reconnaître l’indissociabilité entre les relations affectives et le développement cognitif des élèves afin de répondre aux besoins des élèves PCE qui sont généralement plus vulnérables sur le plan affectif. 

Références

Fryer, C. et Venet, M. (2021). Les pratiques d’une enseignante au préscolaire intervenant dans la ZPD d’un élève qui présente des comportements extériorisés : genèse d’une relation enseignante-élève positive. Nouveaux cahiers de la recherche en éducation, 23(2), 100-126. https://doi.org/10.7202/1085365ar

Goldstein, L. S. (1999). The relational zone: The role of caring relationships in the co-construction of mind. American Educational Research Journal, 36(3), 647-673. https://doi.org/10.2307/1163553

Vygotsky, L. S. (2012). Analyse pédologique du processus pédagogique. Dans F. Yvon et Y. Zinchenko (dir.), Vygotsky, une théorie du développement et de l’éducation (p.141-171). Moscou : Faculté de psychologie de l’Université d’État

[1] Traduction libre

 

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