Le retrait de classe : qu’en pensent les élèves ?
Considérer l’enfant comme un acteur de son bien-être est un objectif proposé par le Conseil supérieur de l’éducation dans l’un de ses récents avis (2020). En effet, selon le Conseil, plusieurs recherches menées auprès d’élèves québécois ont démontré qu’ils pouvaient contribuer à trouver ce qui influence leur bien-être en plus de proposer des solutions pour améliorer leur parcours scolaire (Conseil supérieur de l’éducation, 2020). En ce sens, ne serait-il pas intéressant de voir ce que les élèves pensent de l’utilisation du retrait de classe à l’école ?
De leur côté, c’est exactement ce qu’ont fait Bernier et ses collègues dans le cadre de leur recherche. En effet, ils ont interrogé des élèves présentant des difficultés comportementales dans le but de comprendre comment ceux-ci perçoivent les différents types de retraits utilisés en classe (Bernier et al., 2021). Le point de vue des élèves est clair : le retrait est souvent surutilisé en classe et peut avoir des conséquences négatives sur leur parcours scolaire.
Les types de retraits mentionnés par les élèves présentant des difficultés comportementales selon leur efficacité perçue
Les types de retraits moins bien perçus (visée punitive)
Les retraits en isolement, automatique et extrême sont trois types de retrait reconnus par les élèves présentant des difficultés comportementales qui engendreraient beaucoup de conséquences néfastes sur leur parcours scolaire et sur leurs notes. Selon les élèves, ces pratiques ne feraient qu’aggraver la situation en plus de contribuer chez eux à l’apparition de sentiments négatifs tels que la colère et l’injustice. Certains ont même rapporté avoir vécu un certain traumatisme à la suite d’un retrait extrême qu’ils ont subi. D’ailleurs, selon les résultats de l’étude, le fait de retirer ou d’isoler trop rapidement un élève pourrait accélérer son sentiment d’exclusion au sein de l’école et l’amener à perdre le goût de celle-ci très tôt dans son cheminement. Ainsi, les élèves présentant des difficultés comportementales considéreraient que ces types de retrait sont davantage des punitions et qu’ils s’avèrent inefficaces pour les aider à améliorer leur comportement.
Les types de retraits mieux perçus (visée éducative)
L’autoretrait, le retrait éducatif et celui fait auprès de la direction sont les trois types de retrait considérés comme les plus efficaces et pertinents à utiliser à l’école par les élèves présentant des difficultés comportementales. Aux yeux des élèves, ces retraits seraient plus une façon de leur venir en aide qu’une punition et ils auraient comme but de les aider à mieux comprendre la cause de leurs comportements. Par exemple, il serait possible de permettre à un élève d’aller faire un tour dans le corridor pour qu’il se calme ou qu’il se change les idées. Ces retraits ont donc une portée beaucoup plus éducative, car leur but est de faire preuve d’ouverture envers l’élève pour l’amener à mieux comprendre les causes de ses comportements. Avec le temps, les résultats montrent que ces types de retraits pourraient aider l’élève à développer des stratégies lui permettant de mieux réguler son comportement.
Les recommandations des auteurs
Grâce au point de vue des élèves présentant des difficultés comportementales, les auteurs de l’étude ont dégagé des recommandations pour rendre l’utilisation du retrait de classe plus efficace (Bernier et al., 2021).
- Ne pas utiliser le retrait trop rapidement, essayer de garder l’élève dans la classe le plus longtemps possible et avoir recours au retrait de façon graduelle et cohérente avec les comportements de l’élève.
- Considérer la façon dont l’élève voit le retrait.
- Retirer l’élève discrètement en lui expliquant les raisons de son retrait pour faire baisser le risque d’argumentation et d’opposition.
- Favoriser les retraits de courte durée (de 10 à 15 minutes), en fonction de la gravité de ses comportements et éviter de sortir l’élève pendant une période complète.
- Faire part du retrait comme étant une façon d’aider l’élève et non comme une manière de le punir.
- Éviter que l’élève accumule du retard durant son retrait en lui demandant de continuer le travail demandé au lieu d’une copie.
Conclusion
Peu importe le milieu, il est fréquent d’échanger avec des amis, des collègues ou des connaissances afin d’obtenir un point de vue extérieur par rapport à une situation vécue. Ce point de vue externe pourrait être utile si une situation similaire se produisait, car il serait susceptible de changer positivement la façon d’y réagir. Dans la même optique, les perceptions des élèves présentant des difficultés comportementales par rapport aux différents types de retrait pourraient contribuer à une utilisation plus éducative et efficace du retrait de classe.
Pour obtenir plus d’informations au sujet des types de retraits mentionnés dans l’article, vous pouvez utiliser le lien suivant : https://cqjdc.org/storage/publications/foucade/Foucade-printemps2021-5mai.pdf.
Références
Bernier, V., Gaudreau, N. et Massé, L. (2021). Autopsie des retraits de classe : le point de vue d’élèves présentant des difficultés comportementales. La foucade, 21(2), 5-8. https://cqjdc.org/storage/publications/foucade/Foucade-printemps2021-5mai.pdf
Conseil supérieur de l’éducation. (2020). Le bien‑être de l’enfant à l’école : faisons nos devoirs. https://www.cse.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/2020/06/50-0524-AV-bien-etre-enfant-4.pdf
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