Motivation et TDAH : le système de récompense du cerveau serait en cause
Texte traduit et adapté de Brain Reward System Tied to ADHD, publié sur le site de PsychCentral le 4 février 2010.
Depuis longtemps, on pense que le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) est le résultat de variations cérébrales qui affectent l’attention et les processus cognitifs. Récemment, des chercheurs de l’Université Autonome de Barcelone et de l’Hôpital universitaire de Vall d’Hebron ont découvert chez des jeunes atteints de TDAH des anomalies dans le système de récompense du cerveau qui sont liées aux circuits neuronaux de la motivation et de la satisfaction.
Chez les personnes atteintes du TDAH, le degré de motivation relatif à l’activité qu’elles exécutent est lié à la rapidité avec laquelle elles atteignent leurs objectifs. Cette relation motivation-objectif explique pourquoi les niveaux d’attention et d’hyperactivité de ces personnes diffèrent en fonction des tâches qu’elles effectuent.
Cette recherche a porté spécifiquement sur les circuits neuronaux de la satisfaction et du plaisir qui se trouvent dans ce qui est appelé le système de récompense du cerveau. Cette région a pour élément central le noyau accumbens (Wikipédia). Cette structure est chargée de maintenir le niveau de motivation dès le commencement d’une tâche jusqu’à l’atteinte du « renforcement », c’est-à-dire de l’objectif.
En général, cette motivation peut être maintenue dans le temps, même lorsque la satisfaction n’est pas immédiate. Toutefois, chez les enfants atteints du TDAH, les niveaux de motivation semblent diminuer rapidement et pour persister dans leurs efforts, un renforcement immédiat (l’atteinte d’un objectif) est nécessaire.
Pour cette étude, les chercheurs ont sélectionné un échantillon de 84 jeunes âgés de 6 à 18 ans. Ils les ont répartis en deux groupes : un groupe expérimental formé de 42 jeunes atteints du TDAH et un groupe témoin formé aussi de 42 enfants n’ayant pas d’anomalies mentales ou comportementales. Les chercheurs ont scruté le cerveau des participants grâce à l’imagerie par résonance magnétique. Ils ont pu observer le striatum ventral, qui comprend le noyau accumbens, une structure du cerveau dont le volume diffère chez les personnes ayant un TDAH de celles qui n’ont pas le trouble.
En comparant les imageries des participants du groupe expérimental et du groupe témoin, les chercheurs ont associé les différences cérébrales à des symptômes d’hyperactivité et d’impulsivité. Par conséquent, les auteurs de l’étude croient que le TDAH n’est pas seulement causé par des altérations du cerveau qui perturbent les processus cognitifs, mais aussi par des anomalies qui provoquent des carences de motivation. Cette découverte permet de mieux comprendre pourquoi la motivation dans la tâche à accomplir et l’immédiateté de la récompense (la satisfaction ou le plaisir) influencent les niveaux d’attention et d’hyperactivité.
Carmona S.et al (2009). Ventro-Striatal reductions underpin symptoms of Hyperactivity and impulsivity in Attention-Deficit/Hyperactivity disorder. Biol. Psychiatry, 66: 972-977.
À lire sur le même sujet
ADHD Tied to Reward and Motivation Center in Brain (PsychCentral, 2009)
« People with attention deficit disorder (ADHD) often have concerns regarding inattention and reduced motivation, and a new research study suggests why. People with ADHD have lower-than-normal levels of certain proteins in the brain essential for experiencing motivation and reward. »
Synergy between behavioral and pharmacologic interventions for ADHD (EurekAlert!, 2010)
« We found that brain electrical activity in children with ADHD when attending to the task and restraining impulsive responses differed from a comparison group of children without ADHD, but became more similar when they took stimulant medication. Intriguingly, rewards and penalties given to improve task performance also changed brain activity, and did so in both children with ADHD and in the control group, although these motivational effects were much smaller than those associated with medication. »
Trouble du déficit de l’attention : causes, symptômes et traitements (Douglas – Institut universitaire en santé mentale, 2010)
Une fiche récapitulative sur le TDAH avec, en marge, les programmes de l’institut pour le traiter.
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Bonjour Madame Hamiaux,
Nous vous suggérons de commencer vos recherches avec notre dossier thématique sur le sujet : https://rire.ctreq.qc.ca/2015/11/accompagner-jeune-tdah-dt/
En espérant que ce soit utile!
Cordialement,
Bruno Hubert, chargé de la veille et du RIRE
Le RIRE remercie une lectrice qui suggère cette autre étude sur le TDAH, Le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité : données récentes des neurosciences et de l’expérience nord-américaine, dont nous reproduisons ici le résumé :
« En Amérique du Nord, le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) représente le trouble psychique le plus fréquent chez l’enfant avec une prévalence de 7 à 9 %. La prescription de psychostimulants y touche des populations importantes depuis trois décennies. Cet article fait le point sur les hypothèses neurobiologiques concernant l’étiologie du TDAH et sur l’expérience américaine en matière de psychostimulants. La littérature récente montre que les hypothèses classiques d’un déficit de dopamine ou de noradrénaline ne sont pas solidement établies. En l’absence de théorie neurobiologique solide, l’origine biologique du TDAH est souvent justifiée par sa forte héritabilité. Nous rappelons ici qu’« héritable » ne veut pas dire « génétique » et que de nombreux facteurs environnementaux prédisposent au TDAH. Les études récentes confirment que les psychostimulants sont relativement bien tolérés et soulagent rapidement les symptômes cardinaux du TDAH chez la plupart des enfants. Cependant, les enfants souffrant du TDAH présentent à long terme un risque accru de toxicomanie, délinquance et échec scolaire. Les études nord-américaines récentes montrent que le traitement par les psychostimulants n’a aucun effet, en positif comme en négatif, vis-à-vis de ces risques. En revanche, les interventions psychosociales en direction des enfants et de leurs parents diminuent efficacement ces risques ainsi que les troubles souvent associés au TDAH (anxiété, dépression, troubles externalisés). Ces interventions sont maintenant recommandées comme le traitement de première intention du TDAH. Cette remise en question des dogmes en matière de TDAH devrait inciter à valoriser l’expérience française en matière de pédopsychiatrie clinique et de psychopathologie. »
Bonjour,
Merci de partager ce résultat de recherche avec nous. Cela nous permet encore de mieux saisir et établir une meilleure relation avec des personnes de notre entourage vivant avec le TDAH.