La pertinence de l’apprentissage par la lecture
Soutenu par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, l’apprentissage par la lecture (APL) est présent dans les cours et associé à la réussite scolaire. Des activités de formation sur l’APL ont d’ailleurs été offertes au personnel scolaire de toutes disciplines par l’intermédiaire du Plan d’action pour la lecture à l’école (MELS, 2010). Sylvie C. Cartier, professeure et chercheuse à l’Université de Montréal, et les cochercheurs, Jean Bélanger, Jean-François Boutin et Virginie Martel, ont étudié les pratiques d’APL d’enseignants de français du primaire et du secondaire ainsi que les facteurs contribuant à son implantation dans une approche collaborative de développement professionnel.
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La mise en contexte
L’apprentissage par la lecture consiste en une situation d’apprentissage et un processus par lesquels le lecteur / l’apprenant acquiert des connaissances par la lecture de diverses sources et modalités d’informations. Ceci se réalise en « gérant » cette situation d’apprentissage et son environnement de travail, tout en étant motivé à le faire (adapté de Cartier, 2006, p. 439). Dans le contexte actuel d’apprentissage, l’omniprésence du numérique induit une diversification des médiums de lecture et des supports (textes illustrés, ensembles multimodaux, etc.) qu’il importe de prendre en compte lors d’activités d’APL, bien que cela soit encore peu étudié dans ce contexte (Cartier et coll., 2018). De plus, l’attention portée aux pratiques authentiques d’enseignement de l’APL rend essentielle une meilleure connaissance du contexte d’inclusion scolaire. Cartier et ses collaborateurs pensent que « ce contexte requiert, en effet, de l’enseignant qu’il conçoive et pilote des situations d’enseignement et d’apprentissage qui visent le traitement des contenus à faire apprendre par la lecture de sources d’information, et ce, en fonction des élèves concernés et du développement des compétences visées dans le programme de formation (MELS, 2001) » (2018, p. 7-8).
En ce sens, l’APL s’inscrit dans les programmes scolaires primaires et secondaires. Dans les programmes de français, les attentes sont toutefois implicites à l’égard de l’APL. Par exemple, au primaire, « à la fin du 3e cycle, l’élève lit efficacement des textes courants et littéraires liés aux différentes disciplines » (MELS, 2006a, p. 75). Or, il appert que moins du tiers des élèves de 4e année parviennent à réaliser avec succès ce processus d’apprentissage dans une activité donnée, et ceci peut s’expliquer par le fait que les enseignants de français traitent principalement la lecture dans le cadre d’analyses de textes littéraires (Cartier, Boulanger et Langlais, 2009).
Le projet de recherche
Fruit d’une collaboration scientifique établie avec certains intervenants scolaires depuis plusieurs années (commission scolaire du Val-des-Cerfs) et récemment (commission scolaire des Sommets), cette recherche-action a reposé sur une approche collaborative de développement professionnel (Cartier, 2016) axée sur la résolution de problèmes et adaptée au contexte de l’apprentissage du français.
Les objectifs et moyens déployés
Ce projet de recherche-action poursuivait les trois objectifs suivants (Cartier et coll., 2018, p. 8) :
- Décrire les pratiques d’enseignement que les enseignants ont mis en œuvre pendant le projet, en lien avec la formation reçue, afin de répondre aux besoins identifiés chez leurs élèves au regard de l’APL en contexte de littératie médiatique multimodale (LMM) et d’inclusion scolaire;
- Décrire la relation entre ces pratiques d’APL dans ce contexte et le processus d’APL de tous les élèves et leurs résultats à l’activité de français visée;
- Identifier les conditions et facteurs qui facilitent ou entravent l’appropriation de ces pratiques tout au long du projet.
Pour ce faire, huit études de cas ont été réalisées au sein des deux commissions scolaires (Val-des-Cerfs et des Sommets).
Résultats de recherche et recommandations
Les résultats de ces études démontrent que dans le cas de l’apprentissage du français, les démarches d’APL déployées ont permis le développement d’au moins deux des trois compétences langagières (lire et écrire des textes variés) ainsi que l’acquisition de savoirs essentiels du programme. On peut donc conclure que « l’APL constitue un levier tangible qui permet à l’apprenant de vivre une approche intégrée de la langue » (Cartier et coll., 2018, p. 15).
Conclusion
Ce que la chercheuse Sylvie Cartier et ses collaborateurs ont permis de démontrer est la faisabilité et l’accessibilité de l’APL dans un contexte d’inclusion et d’évolution des médiums de lecture. Ils invitent d’ailleurs les praticiens à valoriser cette situation d’apprentissage et à s’engager dans des pratiques de soutien inclusives en classe de français.
Référence
Cartier, S. C., Bélanger, J., Boutin, J.-F. et Martel, V. (2018). Appropriation de pratiques pédagogiques novatrices en lecture en classe de français au primaire et au secondaire (Rapport de recherche dans le cadre de l’Action concertée « Programme de recherche sur la lecture et l’écriture »). Repéré à http://www.frqsc.gouv.qc.ca/fr/partenariat/nos-resultats-de-recherche/histoire/appropriation-de-pratiques-pedagogiques-novatrices-en-lecture-en-classe-de-francais-au-primaire-et-au-secondaire-yx3u6ikz1537551843330
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