Cibler les apprentissages essentiels au temps de la COVID-19
Temps approximatif de lecture : 3 à 4 minutes
Lyne Gravel, accompagnatrice « projet CAR »
Chargée de cours, Université de Sherbrooke
En cette fin d’année scolaire 2019-2020 quelque peu déstabilisante pour la communauté éducative, une réflexion s’impose concernant la poursuite des apprentissages des élèves. En effet, il s’avère primordial de clarifier ce qui est attendu de l’équipe-école et des élèves. L’idée de mettre en ligne des activités pédagogiques pendant la période estivale ou de couvrir superficiellement l’ensemble du Programme de formation de l’école québécoise (PFÉQ) à un rythme effréné au début de la prochaine année scolaire ne ferait qu’aliéner plusieurs élèves et familles, ainsi que le personnel enseignant.
Dans le contexte actuel, une question mérite réflexion. Quels apprentissages les élèves ont-ils réalisés depuis la fermeture des écoles causée par la pandémie? En s’inspirant de l’article de Heidi Hayes Jacob et d’Allison Zmuda (2020) et en l’adaptant au contexte québécois, quelques facteurs déterminants à considérer ressortent et permettent de répondre en partie à cette question. Les paragraphes suivants présentent ces facteurs, ainsi qu’il propose quelques pistes de solutions en vue de la prochaine année scolaire.
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Facteurs déterminants
Parmi les facteurs essentiels à prendre en compte dans le contexte de formation de l’école québécoise en cette période de pandémie, en voici trois qui semblent particulièrement essentiels.
- Le développement de la littératie peut être compromis, surtout chez les plus jeunes apprenants, en raison d’un manque de situations d’apprentissage formelles. Avant de poursuivre de nouveaux apprentissages, il s’avère donc important de déterminer où se situent les élèves, notamment en lecture, en écriture, et même en numératie, sans quoi les écarts d’apprentissage pourraient s’accentuer, particulièrement chez les élèves plus vulnérables.
- Dans certains milieux, il peut y avoir un nombre important d’apprenants fragilisés par le passage de l’école en présentiel vers un apprentissage à distance. À la maison, certains élèves n’ont pas accès au matériel technologique (ex. : ordinateur, tablette électronique) nécessaire pour les soutenir dans leurs apprentissages à distance. De plus, sachant que la plupart des élèves seront possiblement promus au niveau supérieur (en considérant les résultats qu’ils ont obtenus durant les deux premiers tiers de l’année scolaire), on peut supposer que les enseignants auront plus de difficulté à bien situer le niveau de développement des compétences de ces élèves. Pour cette raison, se questionner sur les apprentissages essentiels à privilégier, en vue de se préparer aussi bien que possible à la prochaine année scolaire, s’avérerait donc non seulement possible, mais également judicieux.
- Les routines pédagogiques formelles se sont arrêtées, mais les apprentissages informels se sont poursuivis. Les apprentissages informels réalisés par les élèves selon leurs champs d’intérêt et par curiosité ne sont pas à négliger. De quelles façons les enseignants peuvent-ils considérer ces apprentissages et les réinvestir? Reconnaître les apprentissages réalisés hors du contexte de la classe pourrait sans doute contribuer au sentiment de compétence et à la motivation de certains élèves.
Pistes de solution
En considérant les trois facteurs précédents, voici trois pistes de solution pour bien se préparer en vue de la prochaine année scolaire.
- Déterminer les apprentissages essentiels à privilégier dans chaque matière, avec l’idée que ceux-ci « correspondent à ce que tous les élèves doivent savoir, être capables de faire ou comprendre pour réussir dans un domaine en particulier » (Projet CAR, CTREQ, 2018). Idéalement, tout apprentissage essentiel (préalable, transférable, durable) est déterminé par les membres de l’équipe collaborative (équipe niveau ou cycle au primaire et équipe matière au secondaire) : « Les membres de l’équipe collaborative précisent le résultat d’apprentissage désiré ou l’objectif à atteindre par les élèves à la fin de l’année scolaire dans le domaine en question. » (Projet CAR, CTREQ, 2018).
- Élaborer des activités interdisciplinaires pour réfléchir sur l’expérience vécue pendant la pandémie de COVID-19. Par exemple, en univers social, les élèves pourraient réfléchir sur l’impact social et économique de la pandémie sous trois angles : personnel, local et mondial.
- Reconnaître la responsabilité et l’autonomie dont les élèves ont dû faire preuve pendant la pandémie. Afin de poursuivre le développement de la responsabilisation et de l’autonomie chez les élèves, l’auto-évaluation et la rétroaction positive seraient deux pratiques pertinentes à développer.
Et dans votre milieu, qu’allez-vous privilégier pour la prochaine rentrée scolaire en ce qui concerne l’apprentissage des élèves en contexte de pandémie? Voilà une réflexion constructive à faire en équipe collaborative!
Références
Centre de transfert pour la réussite éducative du Québec (CTREQ). (2018). Apprentissages essentiels. Que voulons-nous que nos élèves apprennent? http://projetcar.ctreq.qc.ca/apprentissages-essentiels/
Hayes, H. et Zmuda, A. (2020). How Will We Return to School? Curriculum Choices in the Face of COVID19. https://www.learningpersonalized.com/how-will-we-return- to-school-curriculum-choices-in-the-face-of-what-we-dont-know/
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