Le récit de fiction pour développer l’empathie
Le présent mémoire, présenté comme exigence partielle de la maîtrise en éducation de l’Université du Québec à Montréal, brosse un portrait de l’utilisation du récit de fiction en classe de français pour susciter le développement de l’empathie chez les adolescents.
Les deux composantes de l’empathie
Vivre harmonieusement en société requiert de nombreuses habiletés. L’une d’elles est l’empathie, cette habileté à percevoir adéquatement les émotions vécues par les autres. Deux composantes y sont associées : l’affectivité, qui permet de ressentir et de partager l’émotion d’autrui, et la cognition, qui permet de comprendre ce que vit l’autre.
L’empathie à l’adolescence
Dès la petite enfance, l’empathie est encouragée, modélisée, enseignée. À l’adolescence, les relations interpersonnelles et sociales prennent une nouvelle importance. Les adolescents, tout comme les adultes qui les entourent, manquent parfois d’outils pour approfondir leur compréhension de ces dynamiques. Le développement de l’empathie est bel et bien appelé à se poursuivre au cours de cette période de vie, mais avec un soutien différent de celui utilisé avec les plus jeunes.
Le développement de l’empathie grâce aux récits de fiction
À l’instar d’autres chercheurs, l’auteure pense que l’empathie peut être soutenue en classe de français grâce à la lecture de récits de fiction. En effet, de tels textes mettent en scène une galerie de personnages dont les émotions, les intentions et les motivations sous-tendent les actions. Ces récits peuvent être abordés comme autant d’occasions de simuler des expériences interpersonnelles et sociales. Ce faisant, ils deviennent un outil accessible et stimulant contribuant à développer, dans une démarche consciente, l’habileté de l’empathie chez les adolescents.
La méthodologie
Pour savoir si les enseignants de français au secondaire ont développé ce genre de stratégie, ils ont été invités à répondre à un questionnaire en ligne. En 2018, une centaine d’enseignants de français langue d’enseignement et de français langue seconde des secteurs public et privé ont répondu à l’appel.
Des résultats en quatre volets
L’analyse présente les résultats en quatre volets : 1) les pratiques habituelles d’enseignement du récit de fiction en classe de français; 2) les croyances quant à l’empathie fictionnelle; 3) les pratiques habituelles quant à la gestion de classe; et 4) les pratiques utilisant le récit de fiction pour soutenir le développement de l’empathie chez les adolescents.
En ce qui concerne l’utilisation du récit de fiction pour soutenir le développement de l’empathie des élèves, une majorité d’enseignants affirme demander aux élèves de s’intéresser aux relations sociales qui lient les personnages, aux valeurs que ces derniers véhiculent, à leurs émotions et à leurs sentiments. Une forte majorité déclare également demander aux élèves de répondre à des questions de compréhension dans un test ou un examen. Toutefois, l’auteure fait remarquer que cette dernière pratique favorise rarement le développement de l’empathie des élèves.
L’interprétation des résultats
Dans l’ensemble, les enseignants déclarent plusieurs pratiques ayant le potentiel de soutenir le développement de l’empathie chez leurs élèves. Les plus nombreuses et les plus fréquentes sont celles qui s’inscrivent dans le volet de la réception des récits. Elles touchent le personnage, ses relations sociales, ses valeurs, ses émotions et ses sentiments. Ils déclarent recourir beaucoup moins souvent aux pratiques entourant l’intégration, la production ou la transposition du récit lu.
Selon l’auteure, la culture de l’évaluation oriente assurément le choix des pratiques d’enseignement et interfère entre l’œuvre et les jeunes lecteurs, nuisant à leur motivation. Ces résultats soulèvent un questionnement sur les intentions des enseignants lorsqu’ils mettent en application les diverses pratiques recensées : dans quelle mesure le développement de l’empathie guide-t-il leurs interventions? À son avis, les croyances déclarées quant à l’empathie fictionnelle ne mènent pas toujours à une actualisation dans les pratiques, tant s’en faut.
Référence
Fréchette, J. (2021). Pratiques d’enseignants de français utilisant le récit de fiction pour développer l’empathie chez les adolescents [Mémoire de maîtrise, Université du Québec à Montréal]. Archipel. https://archipel.uqam.ca/14863/1/M17037.pdf
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