La conscience de soi se construit dans le rapport à l’autre

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Mis à jour le 01 Fév 2022

L’expérience humaine repose sur l’interaction sociale et le support sociétal. C’est d’ailleurs une vérité qui s’est imposée ces derniers mois. Nous avons besoin des interactions avec autrui pour trouver nos équilibres : famille, amis, collègues… On sait que, par exemple, les mesures sanitaires qui ont perturbé les réseaux d’amis ont contribué à vulnérabiliser les jeunes, mais surtout les adolescents, alors que le nombre de jeunes qui se décrivaient en détresse est passé de 30 à 70 % durant la pandémie[1].

Mais, au-delà de la rencontre d’autrui, qu’est-ce que cela change pour un jeune enfant? En fait, l’enfant naît dans un environnement familial qui a ses forces et ses défis. Au début, il est en fusion, surtout avec la maman. Le père et la fratrie vont venir élargir ses ressources relationnelles. Puis, c’est l’expérience en garderie : quitter la famille et s’acclimater à un groupe. Apprendre à trouver sa place parmi d’autres enfants. Et enfin, c’est la maternelle. Une expérience essentielle qui permet aux élèves d’explorer « qui » ils commencent à être, notamment grâce à un « saut quantique » neurologique qui permet la conscience de soi, comme individu sexué dans un monde social.

Conscience de soi

Source de l’image: Shutterstock

Savez-vous que si vous mettez un gorille devant un miroir, il va frapper son reflet tant et aussi longtemps que le miroir résiste aux coups? Si vous placez un chimpanzé dans la même situation, il va se regarder et se reconnaître. Pour les chercheurs, c’est un indice d’une « conscience de soi », c’est-à-dire qu’il sait qu’il existe et qu’il regarde dans le miroir… C’est une des raisons pour lesquelles les miroirs sont des outils importants pour l’expérience de l’enfant en garderie ou en maternelle. Ces expériences vont grandement contribuer au développement du cerveau. Il y a une interdépendance entre la maturation neurale et l’expérience relationnelle.

Toutefois, cela va plus loin pour l’être humain, bien qu’on estime que certains singes vivent des expériences similaires. En effet, l’autre est notre miroir. Pas juste en termes de « conscience de soi », mais de « conscience de soi en relation avec autrui ». L’enfant voit l’impact de ses actes dans la réaction d’autrui et il apprend. Autrui permet de se comprendre et de comprendre les règles du jeu du rapport social. L’enfant apprend « qui il est » dans les interactions avec ces règles. Il les découvre petit à petit. Leur permettre d’ailleurs de faire des jeux de rôle est fascinant, car il s’explore dans ces différentes facettes sociales.

Beaucoup de crises émotives sont mal perçues par l’adulte. Certes, elles peuvent être dérangeantes, voire irritantes, mais elles traduisent surtout l’accumulation d’émotions et d’incompréhension face à l’organisation sociétale à la maison ou à l’école. C’est juste « trop » pour être capable de gérer la charge émotionnelle avec les ressources affectives acquises. Si on est bienveillant avec l’enfant, l’expérience contribuera à la maturation cérébrale et sociale… Si on réagit avec frustrations, on bloque l’apprentissage. Et c’est nous qui en sommes responsables, pas l’enfant.

Pour rappel, l’état de crise émotionnelle, momentané ou prolongé, va bloquer la synaptogenèse (création de nouvelles synapses) et donc les apprentissages scolaires et sociaux, sauf si l’adulte l’enveloppe de bienveillance (compassion, constance, cohérence, intégrité, etc.). L’intervention fait partie des apprentissages, car l’enfant apprend autant le respect d’autrui par le respect qu’on a envers lui. Il sera aussi notre reflet dans beaucoup de situations. Alors, agirons-nous en gorille ou en être humain bienveillant?

[1] Statistiques établies par trois recherches, dont deux « mesures » prises par les équipes psychosociales de centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS).

Cet article a été publié initialement dans la Revue Préscolaire proposée par l’Association d’éducation préscolaire du Québec et s’inscrit dans un partenariat de diffusion interorde avec l’Association d’éducation préscolaire du Québec.

 

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