L’échec productif pour promouvoir la créativité en éducation
La créativité en éducation est un thème qui suscite de plus en plus de réflexions dans le milieu de la recherche, et l’EduSummIT2019 n’y fait pas exception. Le groupe de travail 3 (TWG3) avait pour mandat d’explorer la manière dont la créativité et les technologies peuvent entrer en interaction dans le développement de compétences essentielles au XXIe siècle. Cet article fait état des résultats auxquels sont arrivés les chercheurs et qui peuvent se résumer en quelques mots : l’importance de l’échec productif.
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La créativité est souvent placée au premier plan des compétences essentielles aux élèves du XXIe siècle. Elle est décrite comme étant au centre des environnements d’apprentissage axés sur la technologie. Une tendance émergente dans la littérature scientifique établit d’ailleurs un lien entre la créativité que ces mêmes élèves auront à déployer dans leur milieu de travail et l’innovation productive. Toutefois, il semble que l’échec soit incontournable, voire inhérent à ce processus de création et d’innovation, mais ce serait un échec productif.
Quelle compréhension avoir de l’échec?
Selon les données récentes, l’échec serait essentiel dans les processus créatifs, car il mène à un cycle d’essais-erreurs qui pousse l’apprenant à s’interroger sur les motifs de l’échec et donc à apprendre. Aussi, l’échec peut amener les apprenants à considérer des facteurs multiples, à mobiliser des idées nouvelles et à mieux gérer les incertitudes quant au résultat final attendu. L’échec productif peut donc avoir une valeur, car il permet un apprentissage et une compréhension profonde des phénomènes.
Dans un contexte éducatif, l’échec est rarement compris par les élèves et les enseignants comme un processus en soi. Il est perçu assez négativement, comme un problème à résoudre, ce qui encourage une attitude punitive concernant l’échec. Les chercheurs du groupe de travail suggèrent plutôt que l’échec devrait être appréhendé comme faisant partie intégrante du processus créatif, et qu’il doit être reconnu, permis et géré adéquatement en incitant les élèves à faire le point, à itérer, à s’améliorer et à avancer (Henriksen et al., 2019, p. 3).
« L’affirmation de l’échec comme principe pédagogique est importante non seulement pour encourager la créativité dans l’éducation, mais aussi pour préparer les étudiants au type d’adaptation et de flexibilité dont ils ont besoin dans un environnement de changements technologiques. » (Traduction libre de Smith et Henriksen [2016], cité par Henriksen et al., 2019, p. 3)
Ce n’est qu’en pensant à la manière dont est compris l’échec en milieu de travail que l’on peut comprendre les compétences à développer à travers l’échec productif dans le cadre de pratiques innovantes. Cela suppose aussi une prise de risque inhérente au processus créatif.
Plutôt une prise de risque?
Pour mieux comprendre quel pourrait être le potentiel d’apprentissage du risque créatif, il faudrait voir l’échec comme une prise de risque calculée. Au centre de ce concept, l’adaptabilité semble donc être une compétence clé pour le XXIe siècle, qui se manifeste à travers la créativité notamment.
Les milieux éducatifs auraient ainsi intérêt à favoriser un contexte d’apprentissage basé sur un état d’esprit de développement. Cela aurait pour effet de décourager l’association automatique établie entre succès et performance, qui a pour effet de renforcer la peur de l’échec.
Smith et Henriksen (cité par Henriksen et al., 2019, p. 6) donnent d’ailleurs des exemples de stratégies à privilégier en classe :
- Intégrer des réflexions multimédias comme évaluations formatives;
- Structurer le temps de classe pour permettre aux apprenants de réexaminer, de repenser et de modifier;
- Encadrer les activités avec des critères ambigus qui favorisent l’individualisation.
Conclusion
En somme, les enseignants doivent encourager les élèves à essayer de nouvelles approches et à prendre des risques, afin de favoriser une compréhension de l’échec (l’échec comme outil d’apprentissage). La créativité en tant que compétence est vitale pour la résolution de problèmes complexes et l’innovation. Il ne fait aucun doute que les élèves gagneront à développer cette compétence, en particulier dans le contexte technologique actuel.
Une vidéo résumant les résultats du groupe de travail 3 est aussi disponible ici.
Référence
Henriksen, D., Henderson, M., Cernochova, M., Cline, T., Creely, E., Deepshikha, D., Davis, T., Carvalho, A. A., Lord, L., Mishra, P., Sointu, E., Tienken, C. et Tosato, P. (2019). TWG3 Discussion Paper [document de discussion du groupe de travail thématique n° 3 sur la créativité pour les enseignants dans le cadre de l’EduSummIT 2019]. https://edusummit2019.fse.ulaval.ca/sites/edusummit2019.fse.ulaval.ca//files/TWG3-Working_document.pdf
Pour aller plus loin…
Cet article fait partie d’une série d’articles issus de l’EduSummIT2019 :
-
L’apprentissage connecté, une transformation des interactions
-
Comment définir le curriculum scolaire à l’ère du numérique?
-
L’utilisation du numérique en éducation en 2019 : un état des lieux
Source de l’image : ShutterStock
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