La pleine conscience pour prévenir l’anxiété à l’école

Lecture : 2 min.
Mis à jour le 10 Août 2023

Dans un article rédigé par Marie-Joëlle Gosselin et Lyse Turgeon de l’Université de Montréal, on explore une approche novatrice pouvant être mise de l’avant pour prévenir et réduire l’anxiété, tant chez les adultes que chez les enfants : les interventions basées sur la pleine conscience.

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Source de l’image : Shutterstock

La pleine conscience (mindfulness)

Si la thérapie cognitivo-comportementale est la première forme d’intervention recommandée pour traiter les problèmes d’anxiété, d’autres approches peuvent être utilisées à titre complémentaire et préventif. C’est le cas des programmes d’intervention ayant recours à la pleine conscience. Plutôt que de vouloir agir sur le comportement de l’individu, avec la pleine conscience, on cherche à influencer le rapport qu’entretient l’individu avec ses émotions, ses pensées et ses processus cognitifs.

La pleine conscience fait référence à l’idée de porter une pleine attention aux expériences et aux évènements du moment présent dans une attitude de non-jugement et d’acceptation.

Selon les propos de l’article, la pleine conscience pourrait être une approche intéressante à considérer à l’intérieur des programmes de prévention de l’anxiété, notamment chez les jeunes.

La pleine conscience chez les enfants et les adolescents

Comme les enfants sont naturellement curieux et attentifs à l’égard des stimuli sensoriels, ils sont particulièrement réceptifs aux interventions utilisant la pleine conscience, qui consistent à se concentrer sur le moment présent par l’entremise des sens. En apprenant à être plus conscients de leurs perceptions, les enfants seraient plus enclins à faire face aux expériences vécues de manière objective.

Ceci leur permet de prendre conscience qu’il n’existe pas seulement une façon de percevoir les stimulations externes et qu’il est important de faire la différence entre les évènements et l’interprétation qu’on en fait.

Les interventions axées sur la pleine conscience peuvent prendre plusieurs formes. Par exemple, il peut s’agir de porter attention à un aliment en le touchant, le sentant et le regardant avant de le goûter, pour ensuite émettre des commentaires relatifs à l’expérience vécue et comparer les perceptions de chacun. Avec ce type d’exercice, on vise le développement du contrôle de l’attention de l’enfant et le ralentissement de l’émergence des pensées anxiogènes.

La pleine conscience en milieu scolaire

De plus en plus d’études montrent des résultats positifs associés à l’intégration des interventions axées sur la pleine conscience aux programmes de prévention de l’anxiété en milieu scolaire. À titre d’exemple, l’évaluation du programme MindfulKids, mis à l’essai auprès de 199 enfants d’une école primaire aux Pays-Bas, montre une corrélation entre la participation fréquente à des exercices de pleine conscience et l’amélioration du bien-être des enfants ainsi qu’une diminution des symptômes de stress chez ces derniers. Un programme similaire (Learning to BREATHE), testé auprès d’adolescents, a lui aussi montré des résultats intéressants quant à la capacité des jeunes à réguler leurs émotions et à gérer leur stress.

Bien que novatrice, l’utilisation de stratégies axées sur la pleine conscience pour réduire l’anxiété chez les jeunes doit encore faire l’objet de recherches longitudinales. Elle comporte aussi plusieurs défis, tels que la formation des acteurs du milieu de l’éducation, les contraintes liées au temps d’enseignement et l’implication parentale à l’égard de cette approche.

Cela dit, les stratégies d’intervention inspirées de la pleine conscience pourraient s’avérer prometteuses dans le milieu scolaire.

Référence

Gosselin, M.-J. & Turgeon, L. (2015). Prévention de l’anxiété en milieu scolaire : les interventions de pleine conscience. Éducation et francophonie, 43(2), 50–65. https://doi.org/10.7202/1034485ar

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  • Bonjour,
    Enseignant dans une école francophone à Ottawa, nous avons cinq classes volontaires pour essayer d’intégrer la pleine conscience dans nos pratiques. Connaissez-vous sur Ottawa des personnes intervenant en milieur scolaire pour nous aider ?
    Merci.

    Nicolas David
  • Bonjour,

    Ne vous inquiétez pas, ce sera ma dernière intervention. Et elle ne nie pas l’utilité reconnue de la TCC comme traitement, loin de là.

    Premièrement, j’ai personnellement suivi une formation de 2 jours à Québec en mai 2015 sur le traitement de l’anxiété chez les jeunes, donnée justement par Mme Lise Turgeon à laquelle réfère votre lien Internet. Je me rappelle très bien avoir discuté avec elle durant la pause exactement de ce sujet: «Est-ce que la TCC est supérieure aux autres approches de traitement pour les jeunes?». Sa réponse: « NON ».

    Par ailleurs, on ne peut s’étonner que L’American Academy of Child and Adolescent Psychiatry recommande la TCC comme premier choix car les psychiatres en Amérique ne reçoivent comme formation d’intervention à l’université que la TCC. Si vous parlez à un psychiatre Français, il va vous orienter vers une psychanalyse car c’est de coutume là-bas.

    En ce qui a trait à la Cohérence Cardiaque dont je parlais dans une intervention précédente, l’Association des pédiatres en France la recommande fortement depuis septembre 2015 pour le traitement de l’anxiété, peu importe l’âge de l’individu. Ce qui ne fait certainement pas de la Cohérence Cardiaque une technique supérieure aux autres.

    Ce qui nous amène à conclure que toute approche reconnue par les pairs professionnelles recevra toujours une sanction par une instance quelconque, mais le public doit demeurer libre de ses choix de traitement et ne pas se laisser impressionner par le fait qu’une organisation officielle endosse une approche plus qu’une autre. Cela ne prouve pas une supériorité d’efficacité sur le plan scientifique.

    En fait, il est plus sage de se référer à des méta-analyses effectuées à grande échelle comme a pris le temps de le faire le psychologue québécois Yves Gros-Louis en disant avec justesse que: «Le constat de 60 ans de recherche est clair : il est inutile de chercher à démontrer la supériorité d’une approche par rapport à une autre. L’attention des chercheurs et des psychologues devrait se tourner vers la compréhension des facteurs communs aux approches (Magasine ‘Psychologie Québec’, 2003)» Les références bibliographiques de cet article se retrouvant sur le site Internet suivant:
    http://www.psycho-solutions.qc.ca/06doc_articles_01fc.html

    Dernier point que je ne peux passer sous silence en ce qui a trait à la Pleine Conscience (Mindfullness); que j’utilise d’aillleurs même si je ne lui donne pas ce nom spécifique. Plusieurs psychologues, dont je fais partie, éprouvent un grand malaise à ce que la TCC, 3ème vague, s’attribue depuis quelques années l’origine de cette technique, car elle est utilisée depuis des décennies par les thérapeutes humanistes, sous d’autres noms. Et ce qui m’étonne, c’est que la pratique de la Pleine Conscience me semble aller à l’encontre de certains postulats de la TCC (ex: «les cognitions créent les émotions»). C’est vraiment dommage cette appropriation inexacte que les thérapeutes en TCC véhiculent. J’imagine qu’une recherche démontrant l’efficacité de la Pleine Conscience viendra nous faire croire, encore une fois, que la TCC est «supérieure» aux autres thérapies…

    Je termine en vous remerciant pour votre excellent travail Mme Barriault, et je salue votre article comme très intéressant et instructif pour le grand public.

    Denis Doucet, psychologue
    Membre O.P.Q.
    Certification professionnelle en Cohérence Cardiaque
    Membre associé IACN (International Association of Clinical Neuropsychotherapy)

    Denis Doucet
    • Merci M. Doucet pour ce commentaire fort intéressant.
      Au plaisir de vous lire à nouveau!

      Lucie Barriault, rédactrice pour le RIRE

      Lucie Barriault
  • « Si la thérapie cognitivo-comportementale est la première forme d’intervention recommandée pour traiter les problèmes d’anxiété (…)»

    Cet énoncé est gratuit car les méta-analyses mesurant l’efficacité des thérapies, qui elles sont neutres sans partie pris, ne relèvent jamais qu’une approche est supérieure à une autre, peu importe la problématique.

    Seules les recherches qui ont pour postulat le vocabulaire Cognitivo-comportemental comme critère de comparaison laissent croire à la supériorité de l’approche cognitivo-comportementale. C’est comme si j’utilisais le vocabulaire psychanalytique pour comparer les approches, c’est bien certain que je vais arriver à la conclusion que la psychanalyse est supérieure aux autres. Les dés sont pipés d’avance.

    Denis Doucet, psychologue
    • Bonjour M. Doucet,

      Merci pour votre commentaire.

      L’énoncé auquel vous faites référence s’appuie sur les propos suivants de Turgeon et Gosselin :

      « Plusieurs études ont montré l’efficacité de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) chez les enfants et les adolescents présentant des troubles anxieux (pour des recensions, voir Reynolds, Wilson, Austin et Hooper, 2012; Silverman, Pina et Viswesvaran, 2008). L’American Academy of Child and Adolescent Psychiatry (2007) recommande la TCC comme traitement de première ligne dans les cas d’anxiété légers à modérés. »

      Pour consulter l’article : http://www.acelf.ca/c/revue/pdf/EF-43-2-030_TURGEON.pdf

      Lucie Barriault
  • La Cohérence Cardiaque (respiration dirigée sur cycles de 10 sec.) a été expérimentée en Hollande dans des écoles, ne prend que quelques minutes en groupe sous forme ludique, et donne de bons résultats.

    Denis Doucet, psycholgue

    Denis Doucet, psychologue
  • Je cherche des ressources en français pour le milieu scolaire. Des idées?

    Heroux, Maryse
  • Bonjour,
    Je fais pratiquer un atelier « pause zen » chaque semaine au collège pour plus de sérénité.

    Carole
  • Bonjour
    Je suis éducatrice spécialisée , j’aimerais tellement amener ce concept ds les écoles.

    Malheureusement l atelier est loin de chez moi.
    Je demeure à saint hyacinthe.

    Je médite moi même et très préoccupé par l’anxiété que vive les enfants.

    jocelyne Martin
  • Nous offrons des ateliers pour groupe parent-enfant et groupe scolaire.

    Visitez notre site web opur en connaître un peu plus.

    N’hésitez pas à communiquer avec nous pour de plus amples informations.

    Groupe parent-enfants Ateliers de pleine conscience pour réduire le stress Début: 20 mars 2016 http://www.ici-et-maintenant.org/

    à LAVAL, tout près du pont Pie-IX

    Dany Samuel