Alimentation : les enfants « difficiles » souffrent-ils d’un trouble alimentaire?
Être « difficile » à table cache-t-il des problèmes plus importants chez les enfants? Une psychologue spécialiste des comportements alimentaires explique et nuance les résultats d’une recherche à ce sujet.
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Dans l’émission Les éclaireurs du samedi 5 septembre sur les ondes d’Ici Première, Stéphanie Léonard, psychologue spécialisée dans le traitement des troubles de l’alimentation et des comportements alimentaires, rapporte les résultats d’une étude parue récemment dans le journal Pediatrics.
Cette étude menée auprès d’enfants de 2 à 5 ans porte sur le lien entre les problèmes d’anxiété et les enfants qui sont très sélectifs dans les aliments qu’ils consomment, couramment appelés les enfants difficiles. Selon les résultats de l’étude, ces enfants auraient deux fois plus de risque de développer des problèmes d’anxiété, des problèmes de comportements, de même que des problèmes dépressifs.
Dans sa chronique, Stéphanie Léonard confirme que l’alimentation sélective peut être un problème important chez certains enfants. Toutefois, la psychologue apporte une nuance à l’étude quelque peu alarmiste selon elle, en mentionnant que ce n’est qu’une minorité d’enfants, soit 3% d’entre eux, qui souffrent d’un réel trouble alimentaire.
Elle incite tout de même les parents à être vigilants à l’égard de tels comportements de la part de leur enfant. Selon ses propos, l’anxiété des parents peut même empirer les comportements de l’enfant vis-à-vis la nourriture, car cela risque de créer un climat négatif associé à l’heure du repas.
Que peuvent faire les parents?
Selon la psychologue, il est possible comme parents d’adopter certains comportements afin de faire diminuer l’alimentation sélective chez leurs enfants.
- Créer un climat positif et non anxiogène autour des repas quotidiens.
Il faut essayer d’être détendu, parce qu’être tendu, c’est complètement incompatible avec le fait d’avoir de l’appétit.
- Se donner du temps; si l’enfant n’aime pas un aliment, cela ne veut pas dire qu’il ne l’aimera jamais. Parfois, après plusieurs essais ou plusieurs mois, l’enfant apprivoise ou apprend à aimer un aliment qui lui déplaisait au départ.
On doit se donner du temps. Quand on a un enfant qui est plus difficile, être pressé ne fonctionne pas.
- Ne pas faire de l’alimentation quelque chose de « punitif » (ex. : Tu n’auras pas de dessert si tu ne manges pas tel aliment. ». Y aller avec une approche plus positive, sous l’angle d’un défi et en utilisant le renforcement positif. Par exemple : « C’est bien que tu aies gouté tel aliment, c’était tout un défi! ».
- Être bien informés à propos des notions de base nutritionnelles, pour s’assurer que l’enfant n’ait pas de carence nutritionnelle.
- Faire comprendre à l’enfant pourquoi il est important qu’il se nourrisse bien; donner un sens au fait de se nourrir. Qu’est-ce que cela lui apporte dans son quotidien? Ex. : pour avoir plus d’énergie, pour s’amuser davantage, pour être de meilleure humeur, etc.
À quel moment faut-il s’inquiéter?
Stéphanie Léonard conseille aux parents d’êtres vigilants à l’égard de certains signes pouvant s’apparenter à un réel trouble alimentaire. Selon elle, il importe de consulter un professionnel lorsqu’on remarque un changement dans le fonctionnement psychosocial de l’enfant, par exemple lorsque son niveau d’énergie et son système immunitaire sont anormalement faibles ou lorsque l’enfant ne peut plus exercer les mêmes activités que les autres enfants de son âge. Autrement dit, quand le fonctionnement général de l’enfant semble affecté, vaut mieux consulter.
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