Anxiété, perfectionnisme et procrastination au doctorat : comment intervenir

Lecture : 3 min.
Mis à jour le 10 Août 2023

On sait que de 40 à 60 % des candidats et candidates au doctorat ne terminent pas leur programme d’étude et que le degré d’anxiété et de détresse psychologique chez ceux-ci est alarmant. Considérant cet état de fait, la chercheuse principale, les cochercheurs et les collaborateurs de la présente étude se sont posé les questions suivantes.

Source de l’image: Shutterstock

  1. Quels sont les liens entre l’anxiété, le perfectionnisme et la procrastination chez ces personnes?
  2. Quel est le rôle des directeurs et des directrices de thèse dans leur bien-être?
  3. Quels sont les éléments qui favorisent leur productivité ou qui, au contraire, contribuent à leur anxiété?

Méthodologie de l’étude

Les membres de l’équipe de recherche ont procédé à une étude observationnelle longitudinale auprès de plus de 500 personnes inscrites à un programme de troisième cycle dans les universités québécoises. Ils ont mené une étude observationnelle en laboratoire sur les échanges entre les étudiants et étudiantes et leur direction de thèse. Enfin, la démarche incluait également des entrevues semi-dirigées et la passation de questionnaires. Cette approche mixte a permis d’intégrer plusieurs perspectives et d’obtenir ainsi des données riches et complètes.

Un cercle vicieux

Les résultats obtenus permettent de conclure que l’anxiété, le perfectionnisme (la recherche de hauts standards et les préoccupations perfectionnistes) et la procrastination (le fait de remettre une tâche à plus tard) influencent la motivation et la persévérance au doctorat. Or, une trop forte anxiété peut mener à l’adoption de comportements d’évitement, qui peuvent alimenter à leur tour les préoccupations perfectionnistes et maintenir ou exacerber l’anxiété.

Des pistes d’intervention

Pour remédier à cette situation et faire diminuer l’anxiété, le perfectionnisme et la procrastination, la chercheuse et ses collaborateurs proposent aux différents acteurs de la communauté universitaire quelques pistes de solution.

‒ Les étudiants et étudiantes

  • Reconnaître les liens entre, d’une part, l’anxiété, le perfectionnisme et la procrastination et, d’autre part, la motivation, le sentiment d’efficacité personnelle et la persévérance.
  • Adopter des stratégies personnelles pour rompre le cycle, diminuer l’anxiété, les préoccupations perfectionnistes et les comportements de procrastination afin d’augmenter la motivation et le rendement (technique Pomodoro, ateliers, outils et retraites de rédaction, etc.).

‒ Les directions de thèse

  • Reconnaître quels sont les signes d’anxiété, de perfectionnisme et de procrastination chez les candidats et candidates et discuter ouvertement de leur impact.
  • Améliorer la qualité de leur alliance avec les étudiants et étudiantes, leur disponibilité, leur bienveillance et la qualité de l’encadrement offert.
  • Veiller à l’adéquation entre les objectifs fixés et les tâches à réaliser pour les atteindre.
  • Privilégier l’accord avec les étudiants et étudiantes sur les buts, les marques de soutien et la validation à apporter.
  • Éviter les directives nombreuses, contradictoires ou ambiguës, la critique négative ou le blâme, l’absence de réponse et de validation ainsi que le manque d’attention aux questions et aux signes de détresse.

‒ Les acteurs institutionnels

  • Reconnaître les caractéristiques et les défis particuliers qui se posent au troisième cycle d’études.
  • Sensibiliser les différents acteurs de la communauté universitaire aux impacts néfastes de l’anxiété, du perfectionnisme et de la procrastination.
  • Mettre à leur disposition des outils et des services ciblant les thèmes de l’anxiété, du perfectionnisme et de la procrastination : formation spécialisée, plan de collaboration, services de consultation et de médiation, etc.
  • Offrir à la communauté étudiante des soins à paliers visant à réduire ou à mieux gérer l’anxiété pour les cas légers (information, formation, plateforme d’autogestion), les cas modérés (suivi professionnel en psychologie ou autre) et les cas graves (références et partenariats avec le système de santé publique).

L’amélioration de la persévérance au doctorat

En matière de retombées, on constate que les résultats obtenus dans le cadre de cette étude pourraient aider à mieux reconnaître les personnes à risque d’abandonner leur programme d’étude de troisième cycle en portant une attention accrue à leur degré d’anxiété, de perfectionnisme et de procrastination. Les témoignages recueillis et les stratégies d’encadrement et de soutien à la rédaction qui ont été rapportées permettraient en outre de bonifier les outils et les formations offertes aux différents acteurs de la communauté universitaire afin d’améliorer la persévérance au doctorat.

Référence

Belleville, G. Foldes-Busque, G., Guay, F., Jackson, P., Beaulieu, A. et D’almeida, K. (2021). Déterminants des trajectoires d’anxiété, de perfectionnisme et de procrastination menant à l’abandon des études chez les doctorants. Rapport de recherche, Programme Actions concertées du Fonds de recherche du Québec ‒ Société et culture. https://frq.gouv.qc.ca/app/uploads/2021/11/03_rapport-scientifique-integral_2017-po-202653_bellevilleg.pdf

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