Le fabuleux pouvoir de l’ignorance intentionnelle

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Mis à jour le 22 Mar 2016

Au 19e siècle, l’auteur Dostoïevski a mis son frère au défi en lui demandant ceci : « Ne pense pas à un ours polaire ». Étrangement, l’image de l’ours polaire surgit sans cesse dans notre esprit lorsqu’on tente de l’éviter. Depuis, plusieurs personnes ont essayé de comprendre ce qui se produit dans le cerveau lorsqu’on tente intentionnellement d’ignorer certains stimuli.

Source de l’image : Shutterstock Franck Boston

Cet article est une adaptation libre du texte d’Ana Swanson tiré du Washington Post.

L’ignorance intentionnelle : mythe ou réalité?

Est-il possible d’ignorer certaines informations pour augmenter l’attention portée à une tâche? Ou, à l’inverse, tenter d’ignorer quelque chose fait-il en sorte que notre cerveau soit distrait; attiré par cette même chose, comme l’ours polaire de Dostoïevski? À ce sujet, les chercheurs en psychologie ne s’entendent pas.

Une nouvelle recherche de la Johns Hopkins University pourrait toutefois raviver le débat, en suggérant qu’apprendre à ignorer certains stimuli serait un outil puissant pour améliorer le contrôle de l’attention chez un individu.

Dans la vidéo qui suit, on propose d’effectuer une tâche (identifier la lettre « T » parmi d’autres symboles), puis d’effectuer la même tâche en ayant connaissance d’un élément à ignorer dans la tâche (la couleur rouge).

S’il est évident qu’il est plus facile de trouver un objet lorsqu’on sait à quoi cet objet ressemble, la recherche suggère qu’il est aussi plus facile de trouver l’objet rapidement lorsque nous savons ce dont il n’a pas l’air.

Expérimentations

Dans le cadre de leur recherche, les chercheurs ont réalisé plusieurs expérimentations qui consistaient, entre autres, à faire trouver des lettres de couleurs spécifiques aux individus. Certaines personnes étaient avisées d’une lettre ou d’une couleur à ignorer au moment d’effectuer la tâche, alors que d’autres ne l’étaient pas. Selon les résultats, au départ, les personnes à qui les chercheurs avaient donné une information à ignorer effectuaient moins rapidement la tâche que les autres. Toutefois, lorsque l’information à ignorer demeurait la même durant plusieurs tâches d’affilée, les gens auraient rapidement appris à utiliser l’information, car en peu de temps, ils étaient en mesure d’identifier plus rapidement la lettre ciblée que les autres participants de l’étude.

Selon le chercheur Corbin Cunningham, cette étude a permis de montrer comment le cerveau est capable de supprimer les distractions – ce que les psychologues appellent l’inhibition.

Comprendre les fonctions exécutives

Les résultats suggèrent que l’habileté à porter attention à quelque chose dépend de ce que Cunningham nomme « le côté sombre de l’attention ». En effet, la raison pour laquelle un individu est capable de trouver ou de se concentrer sur un certain objet ne serait pas liée qu’à l’effort attentionnel déployé à l’égard de cet objet, mais davantage à l’habileté du cerveau à « bloquer » les autres stimuli.

Retombées de l’étude

Selon Cunningham, il pourrait être efficace pour un individu de développer des stratégies pour ignorer les stimuli dérangeants en contexte d’étude ou de travail. Au moment d’effectuer une tâche, le chercheur suggère de d’abord s’arrêter et de prendre connaissance des éléments distrayants, pour ensuite fournir un effort conscient pour ignorer ces distractions. Comme le suggère l’étude, cette habileté métacognitive pourrait faire l’objet d’un apprentissage et gagner en efficacité au fil du temps.

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