Les enfants défavorisés sont plus susceptibles de connaitre des retards dans le développement des habiletés motrices fondamentales

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Mis à jour le 29 Avr 2010

Source de l’image : Shutterstock Monkey Business Images

Texte traduit et adapté de 86 percent of disadvantaged preschoolers lack basic motor skills, publié sur le site de l’Université d’État de l’Ohio le 26 avril 2010.

Les enfants issus de milieux défavorisés d’âge préscolaire ne sont pas seulement plus à risque d’avoir des difficultés dans les matières de base, mais aussi sur un terrain de jeux et en classe d’éducation physique, selon une récente étude de l’Université d’État de l’Ohio. Cette étude, publiée dans la revue Research Quarterly for Exercise and Sport, révèle que 86% des enfants défavorisés montrent des retards importants dans le développement des habiletés motrices fondamentales comme courir, sauter, lancer et attraper.
« Ces résultats signifient que ces enfants risquent de renoncer à faire de l’activité physique et, par conséquent, de devenir des adolescents et des adultes obèses, soutient Jackie Goodway, auteure principale de l’étude et professeure à l’École de l’activité physique et des services éducationnels de l’Université d’État de l’Ohio. Ces habiletés motrices fondamentales (courir, attraper, lancer et donner un coup de pied) sont l’ABC du mouvement. Si les enfants n’apprennent pas l’alphabet, ils ne sauront pas lire. Et s’ils n’apprennent pas les habiletés motrices de base, ils ne feront pas de sport ni d’exercice. C’est un problème auquel les enfants dans cette étude pourraient être confrontés ».

Goodway et ses collègues ont observé 469 élèves d’âge préscolaire inscrits dans des programmes subventionnés en milieu défavorisé, la plupart d’entre eux appartenant à des minorités ethniques. Les enfants ont été évalués à l’aide d’un test de motricité standardisé. Goodway et son équipe ont évalué les enfants à des épreuves d’habiletés locomotrices (courir, sauter, sautiller, sauter, glisser et galoper) et de manipulation d’objets (attraper, frapper, donner un coup de pied, dribbler et faire rouler un ballon). Les résultats ont montré que 86 % des enfants ont obtenu un score qui se situe au 30e rang centile des résultats nationaux. Les chercheurs associent ce score à un retard de développement des enfants de leur échantillon.

Les filles plus à risque d’avoir des retards dans le développement moteur que les garçons

Alors que les filles et les garçons ont obtenu des scores similaires pour ce qui est des habiletés locomotrices, les filles ont beaucoup moins bien réussi à l’épreuve de manipulation d’objets comme la balle et le bâton. Le score moyen des garçons se situe au 22e rang centile et celui des filles au 11e rang.

Selon la chercheuse, les filles de tous les milieux socioéconomiques ont obtenu de moins bons résultats que les garçons à l’épreuve de la manipulation d’objets. Toutefois, les filles provenant de milieux défavorisés ont des scores inférieurs à la moyenne nationale des filles à cette épreuve.

L’éducation peut faire la différence

Pour Goodway, ces résultats peuvent surprendre les personnes qui pensent que les enfants n’ont pas besoin qu’on leur enseigne les habiletés motrices. « La plupart des gens, même de nombreux éducateurs, croient que les habiletés motrices se développent naturellement chez les enfants, mais notre étude montre que cela n’est manifestement pas vrai. Comme toute compétence, elle doit être enseignée, pratiquée et évaluée. C’est ainsi que les enfants apprennent à maitriser ces habiletés motrices. »

Le problème réside principalement dans le fait que les enfants issus de milieux défavorisés n’ont pas les mêmes opportunités que les autres enfants pour apprendre à courir et à sauter, à attraper des ballons de football et à dribbler au basketball. « Leurs parcs peuvent être un lieu de rencontre pour les gangs de rues, ils n’ont pas accès à des cours et à des terrains sûrs, ils sont souvent élevés par des mères monoparentales qui ont plusieurs emplois et qui n’ont pas le temps de les surveiller quand ils jouent dehors, explique Goodway. Ces enfants passent le plus clair de leur temps assis à l’école, puis à la maison, devant la télé. »

Plus d’éducation physique

Même si la plupart des enfants de cette étude appartiennent à des minorités ethniques, la chercheuse pense que les résultats de son étude pourraient s’appliquer à tous les enfants issus de milieux défavorisés. « L’origine ethnique n’a pas d’importance. Il s’agit de la pauvreté», plaide Goodway.

La chercheuse est en train de mettre au point un programme d’intervention pour venir en aide aux enfants d’âge préscolaire et étudie présentement son efficacité. Les résultats préliminaires montrent que les enfants défavorisés à qui on a enseigné des habiletés motrices peuvent faire des « gains énormes. »

La chercheuse pense que les programmes préscolaires devraient offrir plus d’éducation physique. Elle juge aussi que les enseignants à cet ordre d’enseignement auraient aussi besoin d’en apprendre davantage sur l’enseignement des habiletés motrices.

« C’est pendant la période de la petite enfance qu’il faut enseigner les habiletés motrices aux enfants défavorisés, soutient la chercheuse. Quand ils ont un retard à l’école primaire, il est très difficile de changer leurs attitudes et leurs comportements. »
Jacqueline D. Goodway, Leah E. Robinson, and Heather Crowe (2010). Gender Differences in Fundamental Motor Skill Development in Disadvantaged Preschoolers From Two Geographical Regions. Research Quarterly for Exercise and Sport, vol. 81, no 1, p. 17–24 (résumé en ligne).

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